Bien préparer la transmission de son entreprise
Que l’on souhaite céder son entreprise à un tiers ou la transmettre à ses enfants, il est crucial de bien anticiper une telle opération. Pierre Le Pahun, Senior Estate Planner et expert en Gouvernance, et Alessandro Palagiano, Senior Private Banker chez Degroof Petercam Luxembourg, reviennent sur les questionnements que peuvent susciter des projets de cession et de transmission intrafamiliale.
La cession de son entreprise est toujours un moment clé de la vie d’un entrepreneur.
Attendue ou redoutée selon les personnes, l’opération n’a toutefois rien d’anodin. En effet, cette dernière est souvent l’aboutissement de plusieurs années d’engagement dédié à la construction, au développement et à la prospérité d’un projet, et vient récompenser des efforts intenses. L’opération en elle-même implique cependant de prendre en considération de nombreux éléments pour bien valoriser l’entreprise, trouver un acquéreur potentiel, mener la négociation et assurer une transmission sans accrocs.
Pour toutes ces raisons, il est recommandé d’être bien accompagné. En témoignent nos experts qui ont accompagné plusieurs familles d’entrepreneurs dans ces démarches au sein de Degroof Petercam à Luxembourg dont certaines transmissions notables accompagnées ces dernières années.
« On distingue deux grands cas de figure lorsque l’on évoque les enjeux de transmission d’entreprise, commente Pierre Le Pahun. Le premier est celui de l’entrepreneur qui, à un moment de sa vie, va vouloir valoriser son entreprise auprès d’un tiers dans une logique de vente pure et simple, en un bloc ou progressive, ou de faire entrer des actionnaires investisseurs tiers. Le second concerne le dirigeant qui souhaite transmettre l’activité à un ou à plusieurs de ses enfants ou son cercle familial élargi plus généralement. Dans les deux cas de figure, le processus est relativement similaire et exige une bonne anticipation. »
Une opération qui se prépare sur plusieurs années
L’anticipation est sans aucun doute le maître mot de tout projet de cession ou de transmission.
« Une telle opération exige de s’y préparer, et ce bien avant d’afficher son intention de vendre ou de transmettre. Dans le cadre d’une cession, il y aura une volonté d’optimiser la valeur de l’entreprise. Pour cela, il faudra pouvoir présenter une activité à la santé financière solide, faire valoir une dynamique de développement, partager des bilans et informations légales et réglementaires qui ne laissent pas de place au doute, explique Alessandro Palagiano. Si l’entreprise est détenue par plusieurs personnes, il faut aussi penser à la mise en œuvre de règles de gouvernance, et ce le plus tôt possible. Les statuts complétés par un pacte d’actionnaires, par exemple, fixeront le cadre applicable à cette cession et permettront d’éviter les conflits. »
Être accompagné tout au long du processus
Une fois la cession décidée, le dirigeant pourra définir une stratégie de vente avec l’aide d’un banquier d’affaires, son conseiller. En fonction des attentes, des opérations de structuration devront être envisagées, le cas échéant préalablement. Prenons l’exemple de la cession d’un fonds de commerce distinctement de l’immobilier, conservé.
La stratégie consistera à s’appuyer sur une valorisation de l’entreprise au moment de la vente, ce qui permettra de définir la marge de négociation. « Encore une fois, cela se prépare. Le conseiller se positionne aux côtés de l’entrepreneur pour bien baliser le terrain, de l’initiation du processus de vente jusqu’à sa finalisation. Notre rôle est de faciliter le processus » explique Alessandro Palagiano.
Faciliter la transaction
La banque d’affaires, s’appuyant sur son réseau, va aider le cédant à entrer en relation avec de potentiels acquéreurs pour entamer une négociation.
Une fois la négociation engagée, l’un des enjeux est de s’assurer que le processus prenne le moins de temps possible. « La cession d’une entreprise revêt un caractère confidentiel, important pour l’ensemble des parties prenantes. Plus la négociation dure, plus le risque qu’une fuite mette à mal la transaction est grand, précise le banquier privé. Du côté du cédant, il est notamment important de bien préparer tous les documents et de rassembler toutes les informations qui seront utiles à la due diligence menée par le candidat acquéreur. Cela permet également de démontrer une volonté de transparence du cédant, indispensable à la confiance entre les parties pour finaliser la transaction. »
En outre, pouvoir répondre efficacement à chaque question posée permet de lever les doutes dans le chef de l’acquéreur. « De cette manière, on écarte successivement les différents points sur lesquels il peut négocier », précise Alessandro Palagiano.
La transmission intrafamiliale : une opération tout aussi complexe
Dans le cas d’une transmission au sein d’une même famille, le processus est relativement similaire et devrait d’expérience s’approcher des exigences présentes en cas d’opération avec un tiers. « Dans ce cas de figure, l’opération peut inclure des enjeux patrimoniaux, avec des considérations juridiques et fiscales dont il faut tenir compte, commente Pierre Le Pahun. Une telle opération, si elle est moins soumise aux contraintes de négociation dans un délai court, est au moins aussi complexe qu’une cession envers un tiers. La transmission juridique des titres n’est ici qu’un des aspects, le volet gouvernance d’entreprise est tout aussi complexe. »
Comme pour une transaction avec un tiers, la transmission intrafamiliale exige d’établir une valeur de l’entreprise faisant consensus. Pouvoir faire toute la transparence sur la santé financière de l’entreprise est aussi nécessaire. « Si l’entrepreneur a plusieurs enfants, la transmission peut impliquer des enjeux de gouvernance familiale ou nécessiter d’envisager des opérations de structuration auxquelles il faut penser le plus tôt possible », ajoute Pierre Le Pahun.
Gouvernance familiale et planification patrimoniale
Quand envisager la donation ? Quelle valorisation retenir ? Quelles règles régissent les prises de décisions des actionnaires ? La direction est-elle transparente et permet-elle un équilibre sain des pouvoirs et contre-pouvoirs ? Les NextGens sont-ils sensibilisés aux enjeux et valeurs de l’entreprise ? Plus généralement, comment assurer la pérennité de l’entreprise et la paix des familles sur le long terme ?
« Ces nombreuses considérations relèvent de la gouvernance et de la planification patrimoniale et doivent être anticipées bien avant la transmission proprement dite, assure Pierre Le Pahun, fort de son expérience dans l’accompagnement de familles vis-à-vis de ces enjeux. Or, souvent, les dirigeants ont tendance à attendre voire repousser cette échéance, considérant que le temps n’est pas encore venu. L’histoire permet au contraire d’affirmer qu’il n’est jamais trop tôt pour penser à ces enjeux, d’autant plus que malheureusement parfois des imprévus peuvent venir bouleverser l’agenda envisagé. »
Par ailleurs, après avoir accompagné l’entrepreneur lors de sa cession, au sens large, le département banque privée sera par la suite en mesure de le conseiller à propos des différentes opportunités afin de préserver et de gérer les fruits de la vente à travers une gamme de services en gestion de patrimoine.
Vous envisagez de transmettre votre entreprise au sein de votre famille et/ou à un tiers ? Un membre de votre famille souhaite céder ses parts de l’entreprise familiale ? Vous avez simplement besoin de conseils et d’être accompagné(e) dans votre projet de transmission ?
Contactez nos experts Pierre Le Pahun, p.lepahun@degroofpetercam.lu, et Alessandro Palagiano, a.palagiano@degroofpetercam.lu.