Après «Capitani», Claude Waringo continue son cinéma
Que les amateurs de polars soufflent : le plus charismatique des enquêteurs luxembourgeois repart en mission pour une saison 2. Et Netflix a déjà mis la main sur les épisodes à venir. De quoi faire le bonheur de son producteur qui reste cependant placide face au succès.
Rare sur les plateaux de tournage, Claude Waringo préfère son rôle de producteur discret mais efficace depuis 35 ans maintenant. © PHOTO: DR
Qu'a fait Claude Waringo quand il a appris que Netflix achetait à nouveau les droits de Capitani? «Je suis allé savourer une pizza avec ma femme, pourquoi?» A la tête de la société de production Samsa Film, avec Jani Thiltges et Bernard Michaux, le Luxembourgeois n'entend pas se laisser bousculer par les scores d'audience désormais calculés à l'échelle de 192 pays.
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C'est vous qui étiez allé frapper à la porte de Netflix pour leur proposer la série. Est-ce que cela s'est passé de la même façon pour la saison 2?
Claude Waringo : »Disons que cela a été plus simple. Depuis le premier contrat de diffusion, nous sommes restés en contact. Je leur ai confirmé un jour que le tournage des épisodes suivants était financé et même achevé. Ils ont juste voulu en savoir un peu plus sur la suite de l'histoire, et nous avons signé le contrat il y a peu de temps. On ne va pas dire que c'était un achat à l'aveugle (puisqu'ils n'ont pas pu visionner la saison2, nous allons seulement entamer le montage son) mais un achat de confiance plutôt.
Le succès à l'international de Capitani a-t-il conduit à adopter quelques comportements différents dans l'approche de la série?
«Déjà, il n'y a eu aucune demande de Netflix en ce sens. Il faut s'imaginer que les premiers travaux d'écriture de la nouvelle saison ont débuté juste après que les premiers chiffres d'audience de RTL Télé Lëtzebuerg sont tombés (à l'hiver 2019 donc). Les deux coscénaristes, Thierry Faber et Eric Lahmène, ont juste dû imaginer l'intrigue et écrire plus rapidement. Pour Capitani, il y avait eu deux ans de travaux préliminaires avant d'aboutir au lancement de cette première série 100% en luxembourgeois. Tout était parti d'un concours et tenait sur cinq pages.
«Déjà, il n'y a eu aucune demande de Netflix en ce sens. Il faut s'imaginer que les premiers travaux d'écriture de la nouvelle saison ont débuté juste après que les premiers chiffres d'audience de RTL Télé Lëtzebuerg sont tombés (à l'hiver 2019 donc). Les deux coscénaristes, Thierry Faber et Eric Lahmène, ont juste dû imaginer l'intrigue et écrire plus rapidement. Pour Capitani, il y avait eu deux ans de travaux préliminaires avant d'aboutir au lancement de cette première série 100% en luxembourgeois. Tout était parti d'un concours et tenait sur cinq pages.
Si Capitani quitte le Nord du pays pour se retrouver dans la capitale, c'est parce qu'il va y vivre de nouvelles aventures. Plus dans un univers nocturne. Mais les deux têtes d'affiche (Luc Schiltz et Sophie Mousel) restent et d'autres comédiens reviennent aussi. Ceux que vous ne reverrez plus c'est qu'ils sont en prison ou morts. En tout cas leur personnage!
Le casting intègre par contre d'autres acteurs (belges, allemands, autrichiens), mais là encore, ce n'est pas le succès à l'étranger qui a imposé ce choix. Juste la qualité d'interprète des uns et des autres.
Le tournage des 12 premiers épisodes s'était concentré sur 12 semaines, pour un budget de l'ordre de 3,5 millions d'euros. La production a pu s'accorder plus de largesse cette fois...
«Oh, non. Certes, il y a eu des changements. Je dirai que le premier tournage avait ressemblé à un joyeux camp scout, avec l'équipe se retrouvant chaque soir dans des petits hôtels pas chers. Là, en tournant en plein cœur de Luxembourg-ville, cela a imposé des frais supplémentaires : plus de régie, plus de stationnement, plus de frais de déplacements et d'hébergements pour les comédiens venus de l'étranger. Donc, désolé pour lui, mais le réalisateur n'a pas eu de moyens supplémentaires à disposition.
Comme la première fois, il a fallu faire vite mais cette fois avec les règles covid qui s'imposaient sur le plateau. Mais le pari a été tenu : 12 épisodes de 27 minutes dans la boite, filmés entre mars et juin. Maintenant, la postproduction est achevée et le montage images terminé.
Quels bénéfices ont rejailli sur Samsa, votre maison de production, après l'accord avec Netflix et l'aura mondiale donnée à la série?
«Un soulagement financier, on ne va pas le nier. Je sais que je vais pouvoir rembourser l'avance du fonds de soutien - le Film Fund - sans avoir à me soucier de la trésorerie (éclats de rire). Mais il y a aussi un peu de prestige qui rejaillit de ce type de relation avec une plateforme de cette dimension. Imaginez : mettre sur son CV d'entreprise que vous avez Netflix comme partenaire, cela ouvre quelques portes.
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Tous les producteurs se battent pour savoir ce que ces nouveaux players (comme Netflix, Apple Tv, HBO et autres Disney) recherchent pour alimenter le streaming. Au départ, cela semblait être la chasse gardée des méga-productions US, et puis de gros partenaires européens, comme la Gaumont, ont réussi à se glisser dans le catalogue. Maintenant, nous, depuis le petit Luxembourg! Samsa fait maintenant partie d'un cercle qui n'est pas aussi grand que l'on croit.
Succès, dites-vous?
Netflix ne communique pas sur le nombre de vues. «Mais c'est beaucoup», s'amuse Claude Waringo qui avait déjà été épaté par les quelque 150.000 spectateurs qui avaient régulièrement apprécié Capitani dès son lancement ou en replay à la télé luxembourgeoise. Mais sa maison de production a d'autres jolis scores parmi sa filmographie. Comme les 62.000 spectateurs comptabilisés, en salle ou les plateformes (comme sooner.lu) , pour Superjhemp Retörns. «Pour un film 100% en luxembourgeois, et avec 350.000 luxembourgophones, cela relève du miracle!»Et une des dernières sorties, Les Intranquilles, pourrait aussi connaître un joli parcours. «En première semaine de sortie, à Paris, nous étions dans le Top 5 du Box-Office.» Et cela face à des poids lourds du style James Bond ou Dune...
La série est-elle le seul avenir de la création audiovisuelle désormais?
«Certainement pas. Mais exclure ce format de ses catalogues de production n'est plus envisageable. Samsa fête ses 35 ans cette année, et c'est vraiment que nous n'avons pas encore beaucoup d'expérience dans le domaine mais nous allons continuer. Avec cette saison de Capitani, mais aussi un autre projet. Je ne peux pas vous en dire plus que les auteurs sont québécois et le tournage se fera en français.
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Mais ce n'est pas pour autant que nous allons tourner le dos au cinéma. Je crois qu'il faut juste calibrer la création à sa juste taille en fonction du public ciblé, de la diffusion désirée. A ce moment-là, il y a une place pour l'animation, le long-métrage, le documentaire autant que pour les séries. Tout n'est pas fait pour plaire au plus grand nombre ou être vu par un maximum de (télé)spectateurs. Je prends un doc' comme Collective, sur la corruption du système de santé en Roumanie, ce n'est pas fait pour être un blockbuster. N'empêche, l'enquête est nominée deux fois aux Oscars et sort en salle dans plein de pays. Cela fait aussi le bonheur d'une maison de production comme la nôtre.
Et à la fin de la saison 2 de Capitani, il se passe quoi?
«Ne comptez pas sur moi pour spoiler avant le lancement sur RTL télé en février 2022! Par contre, je peux vous dire qu'au début du premier épisode, notre héros sort de cellule. Oui, Prison Break avait déjà été tourné, alors on a trouvé une autre intrigue.»