Décès de l'académicien Félicien Marceau à l'âge de 98 ans
L'écrivain français d'origine belge, naturalisé Français en 1959, Félicien Marceau est mort mercredi à l'âge de 98 ans. Entré à l'Académie française en 1976, il laisse derrière lui une immense œuvre littéraire, riche de plus de quarante romans, essais et pièces de théâtres.
Félicien Marceau était entré à l'Académie française en 1976 © PHOTO: AFP
Né le 16 septembre 1913 à Cortenberg (Belgique), Félicien Marceau, de son vrai nom Louis Carette, était aussi dramaturge, notamment au théâtre de l'Atelier avec des pièces comme «L'Oeuf» (1956) ou «la Bonne soupe» (1958).
Il était obsédée par la recherche de la liberté et d'une vérité intime. Prix Goncourt en 1969, l'académicien a évoqué dans son œuvre la permanente recherche de liberté, dans ce qu'elle apporte d'échecs cuisants et de succès triomphants.
Marceau détestait l'absurde et l'arbitraire, et rejetait l'oppression de l'individu par la masse. Issu de la bourgeoisie francophile et catholique belge, Marceau écrit «Les Cafres», son premier roman, à l'âge de huit ans, sur un cahier de comptes volé à sa mère.
Il entre en 1936 à la radiodiffusion belge, pour laquelle il continue de travailler pendant les premiers mois de l'occupation allemande. Cette «collaboration», en fait cinq émissions sur plus de trois cents qui auraient «servi les desseins de l'ennemi», lui vaut d'être condamné par défaut à quinze ans de prison en 1946.
Marceau ne purgera pas sa peine. Il est depuis 1944 en «exil dans (son) pays véritable», la France, qui lui donnera la nationalité en 1959.
Jusqu'à la fin de sa vie, il sera poursuivi par ce que son maître Balzac aurait appelé une «ténébreuse affaire», et que lui qualifiait simplement de «connerie».
A partir de 1948, il publie «Chasseneuil», puis «Chair et cuir» et «Capri, petite île», qui lui apportent le succès. En 1953, «Bergère légère», dans lequel il dépeint une petite fille en quête de sa place dans le Bruxelles des années 30, lui vaut la célébrité.
«La gaité profonde des pessimistes»
Il obtient ses plus grands succès au théâtre, avec notamment «L'Oeuf», «la Bonne soupe», «Un jour, j'ai rencontré la vérité». Mais refusant de choisir, il passe des planches au roman avec aisance.
Il trouve son compte dans chaque exercice: «Le roman, c'est une longue patience, c'est un tricot. Une pièce, au contraire, c'est une partie de baccarat. Il faut l'écrire vite, après y avoir pensé encore beaucoup plus longtemps», dit-il. Il ajoute: «Pour moi, "littérature" devrait s'écrire "lit et ratures"».
En 1969, il obtient le Goncourt pour «Creezy», l'histoire d'un député qui tombe amoureux d'un mannequin, mais refuse de quitter sa femme pour elle, pour conserver sa respectabilité.
Félicien Marceau était entré en 1976 à l'Académie française, au fauteuil de Marcel Achard, provoquant un scandale en Belgique, où l'on n'oubliait pas sa condamnation, et la démission de l'Académicien Pierre Emmanuel.
Stéphane Hoffman, auteur d'une biographie de l'écrivain parue en 1994, le décrivait ainsi: «Félicien Marceau est un rebelle. Blouson noir plus qu'habit vert. Il y a dans l'œuvre de l'aimable académicien plus de subversions que dans toute la geste révolutionnaire».