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Cinéma

Le Luxembourg rentre bredouille de Cannes

Le jury de la 74e édition a récompensé samedi soir Julia Ducournau pour «Titane». La coproduction luxembourgeoise «Les Intranquilles» et l'actrice Vicky Krieps n'ont reçu aucun prix.

Recevant la palme d'or, Julia Ducournau a remercié le jury d'avoir «reconnu le besoin avide et viscéral que nous avons d'un monde plus fluide et plus inclusif».

Recevant la palme d'or, Julia Ducournau a remercié le jury d'avoir «reconnu le besoin avide et viscéral que nous avons d'un monde plus fluide et plus inclusif». © PHOTO: AFP

(AFP) - Le Festival de Cannes a frappé un grand coup en couronnant Julia Ducournau pour une œuvre furieusement contemporaine, «Titane». La Française devenant la deuxième réalisatrice de l'histoire du festival à recevoir la palme d'or.

Le jury, présidé par Spike Lee, dont la nomination était elle-même historique, a récompensé samedi la benjamine de la compétition, 37 ans. Elle reçoit sa palme d'or 28 ans après Jane Campion et «La leçon de piano».

Julia Ducournau a remercié le jury d'avoir «reconnu le besoin avide et viscéral que nous avons d'un monde plus fluide et plus inclusif», et «d'appeler à plus de diversité dans nos expériences au cinéma et dans nos vies». «Merci aussi au jury de laisser rentrer les monstres».

Le film mêle hybridation femme/machine, amour pour les voitures et quête de paternité. C'était le plus violent et trash de la compétition, loin de faire l'unanimité parmi les critiques. Il met en scène une nouvelle venue bluffante, Agathe Rousselle, et l'acteur français Vincent Lindon, en pompier sous stéroïdes.

Ce prix envoie un signal majeur pour une industrie qui s'interroge plus que jamais depuis quatre ans sur la place des femmes, et l'égalité entre les genres, dans le sillage de l'affaire Weinstein puis du mouvement #MeToo. Seules quatre réalisatrices étaient en compétition cette année, pour 24 films au total.

Autre signe en direction de la jeunesse, les prix d'interprétation vont également à deux trentenaires. Côté féminin, c'est la Norvégienne Renate Reinsve, 33 ans, qui l'emporte pour sa performance dans «Julie (en 12 chapitres)» de Joachim Trier, dans lequel elle incarne une jeune femme en quête d'elle-même.

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Ce palmarès donne un coup de vieux aux autres prétendants à la palme d'or, pour certains derrière la caméra depuis les années 1970 comme Paul Verhoeven, dont le film «Benedetta», annoncé comme une œuvre choc sur une nonne lesbienne au Moyen Âge, a finalement déçu, ou Nanni Moretti, en quête d'une deuxième palme d'or avec «Tre Pianni», mais reparti bredouille.

La coproduction luxembourgeoise «Les Intranquilles» de Joachim Lafosse est elle aussi repartie sans récompense, tout comme l'actrice Vicky Krieps. En compétition avec le film «Bergman Island» de Mia Hansen-Løve, elle avait pourtant été ovationnée par le public suite à la projection du film.

Le palmarès complet

Palme d'or: «Titane» de la réalisatrice Julie Ducournau (France). Grand prix: «Un héros» du réalisateur Asghar Farhadi (Iran) et «Hytti NRO 6» (Compartiment NO.6) du réalisateur Juho Kuosmanen (Finlande). Prix du jury: «Le genou d'Ahed» du réalisateur Nadav Lapid (Israël) et «Memoria» du réalisateur Apichatpong Weerasethakul (Thaïlande). Prix de la mise en scène: le réalisateur Leos Carax pour «Annette» (France). Prix d'interprétation masculine: l'acteur américain Caleb Landry Jones dans «Nitram». Prix d'interprétation féminine: l'actrice norvégienne Renate Reinsve dans «Julie (en 12 chapitres)». Prix du scénario: le réalisateur Ryusuke Hamaguchi pour «Drive my car» (Japon). Caméra d'or: «Murina» de la réalisatrice Antoneta Alamat Kusijanovic (Croatie). Palme d'or du court-métrage: «Tous les corbeaux du monde» de la réalisatrice Tang Yi (Hong Kong). Mention spéciale du court-métrage: «Le ciel du mois d'août» de la réalisatrice Jasmin Tenucci (Brésil).

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