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Guy Daleiden, directeur du Film Fund

«Le monde entier veut venir travailler avec nous»

Riche en récompenses pour le cinéma luxembourgeois, 2022 a aussi apporté son lot de défis au secteur audiovisuel. Guy Daleiden, directeur du Film Fund, revient sur cette année bien remplie.

Pour Guy Daleiden, le secteur audiovisuel luxembourgeois doit notamment s'assurer de former suffisamment de nouveaux jeunes talents.

Pour Guy Daleiden, le secteur audiovisuel luxembourgeois doit notamment s'assurer de former suffisamment de nouveaux jeunes talents. © PHOTO: Gilles Kayser

Journaliste

«Corsage» à Cannes, Londres et Sarajevo, «Le Petit Nicolas» à Annecy, mais aussi «Les Rois du monde» à Saint-Sébastien, et Zurich. Avec 21 prix et récompenses obtenues en 2022, c'est presque un euphémisme de dire que le cinéma luxembourgeois a brillé sur la scène internationale cette année. L'occasion de revenir sur ces douze mois avec Guy Daleiden, directeur du Fonds national de soutien à la production audiovisuelle, loin de la polémique qui a récemment secoué le Film Fund.

Quel regard portez-vous sur cette année 2022?

«Je crois que j'aimerais combiner cette année avec l'année 2021, les années post-covid. En 2020, le secteur était complètement à l'arrêt avec la pandémie, tandis qu'en 2021, certains événements comme le festival de Cannes ont rouvert leurs portes, sans que certains invités internationaux, comme ceux de l'Asie ou de l'Amérique, ne puissent s'y rendre. Par contre, les Luxembourgeois y étaient omniprésents avec plusieurs films en sélection. D'un côté, on était extrêmement heureux d'avoir été sélectionnés et d'avoir remporté des prix, de l'autre, il n'y avait pas de public.

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On se demandait aussi si le Luxembourg allait continuer d'être présent après cette année de calme, et on s'est rendu compte qu'en 2022 ce succès s'est poursuivi. Cette année encore des œuvres étaient à l'affiche et ont remporté des prix. Il y a eu une belle évolution, des beaux succès aux festivals, mais également au niveau de la distribution et des ventes, avec, par exemple, la vente de Capitani à Netflix. De quoi donner une belle visibilité au secteur, mais également démontrer que le secteur est créatif, que la loi de 2014 qui a institutionnalisé le Fonds et le secteur, a permis de travailler différemment, et de devenir plus présent au niveau de la production internationale.

On constate une augmentation des coûts de production allant de 20 à 30%, ce qui est énorme.

On récolte actuellement les fruits de notre travail post-2014. Les projets qui sont choisis, qui sont soutenus, qui sont élus par le comité de sélection sont d'une meilleure qualité artistique et créative. La sélectivité de notre régime d'aide est resté le même, malgré le nombre de demandes qui s'est accru. Au début on sélectionnait autour de 50/55% des œuvres candidates avec nos moyens, aujourd'hui on tourne autour des 30/35% des œuvres qui demandent une aide.»

Vous avez mentionné la pandémie, mais il y a désormais la guerre en Ukraine et toutes ses conséquences qui pèsent sur notre quotidien. Quels sont les impacts du contexte actuel sur le secteur?

«Il ne faut pas oublier que suite au covid, à la guerre, à l'inflation, le secteur a beaucoup souffert, et est en train de souffrir. La crise de l'énergie engendre évidemment une hausse des frais de transports, d'hôtellerie, de restauration. Tout est en train d'augmenter, y compris les salaires. On constate une augmentation des coûts de production allant de 20 à 30%, ce qui est énorme.

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D'un autre côté, la visibilité des œuvres reste limitée. Premièrement, pendant la période 2020-début 2021 où les cinémas étaient fermés, il n'y avait personne qui allait dans les salles. Par conséquent, on a vu que même avec la réouverture des cinémas, ils ne sont pas aussi remplis qu'avant.

On a par ailleurs eu un problème au niveau de l'accès aux salles. Puisque les films étaient sortis, ou prêts à sortir, mais les cinémas étaient fermés, certains films n'ont pas pu sortir sur écran. Il y avait donc une grande file d'attente, d'abord au niveau de la distribution, mais par la suite au niveau de la production. On avait autorisé une multitude de films qui n'ont pas pu être faits, ou ont dû attendre leur tour pour être tournés parce que l'on avait accumulé un retard de deux ans.

Et ce qu'on est en train de remarquer, dernièrement, c'est des difficultés de recrutement. Pendant le covid, il y a des gens qui ont tout simplement décidé de changer de voie, de faire un autre métier. Là, on est confrontés à un manque d'intérêt pour évoluer, travailler dans le secteur. On va organiser, le 19 décembre, une réunion de discussion avec toutes les associations portant notamment sur cet élément-là. Pendant cette matinée, nous allons tenter de voir ce qu'on peut faire pour garder les travailleurs de l'audiovisuel dans le secteur et pour en attirer davantage de nouveaux parce qu'il faut assurer la relève.»

«Corsage», «Les Rois du monde» ou encore «Le Petit Nicolas», beaucoup d'œuvres ont remporté des prix cette année. Vous attendiez-vous à un tel succès?

«Franchement, non. Comme je fais partie du comité de sélection du Fonds, j'ai vu tous les dossiers, et donc je sais à quoi l'on peut s'attendre. Mais même avec un très bon scénario, avec un très bon dossier, vous n'arrivez pas toujours à faire un très grand film. Mais quand on voit le résultat du »Petit Nicolas« ou de »Corsage", je crois que c'est clair que ces films-là vont avoir une renommée internationale. Donc ça dépend à quel moment de l'évolution du dossier vous me posez la question.

Je pense que les chiffres parlent d'eux-mêmes.

Au début, on n'aurait pas soutenu les œuvres si l'on ne pensait pas qu'elles pourraient devenir quelque chose d'important. Quand on a vu la réalisation par la suite on s'est dit que oui, ces films devraient remporter des prix. Là, on est quand même étonné. Quand je vois que l'on produit en Europe autour de 2.000 longs-métrages par an. Quand il s'ajoute le même nombre en Asie ou en Amérique, dans le monde, on tourne autour de 7.000 à 8.000 longs-métrages par an. À Cannes, une soixantaine de ces films est projetée chaque année, et quand on voit qu'ils choisissent cette année six films coproduits par le Luxembourg, je pense que les chiffres parlent d'eux-mêmes.

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Ça ne veut, par contre, pas dire que, même si l'on a des succès, il faut s'attendre à ce que chaque année il y ait six films à Cannes, à Berlin ou ailleurs, et que l'on va toujours gagner des prix. Il faut savoir que la concurrence est très élevée. On ne peut jamais s'attendre à ce que l'on ait le même niveau de succès, c'est pour ça que l'on est très contents et très fiers des succès actuels.»

Vingt-et-un prix et récompenses en une année, est-ce un record pour le cinéma luxembourgeois?

«Oui, c'est un record! On a eu une reconnaissance énorme en 2022, on espère avoir une présence similaire au niveau international dans les années à venir mais ce n'est pas un secteur qui est prévisible. Ma mère disait toujours ''chacun a le droit d'avoir son propre mauvais goût'', et c'est un peu la situation dans laquelle on vit.

On reste quand même dans un domaine qui est apprécié par des personnes et les goûts et les couleurs varient. On ne peut pas dire au public ce qu'il a à aimer. On ne sait jamais comment l'œuvre que l'on produit sera appréciée. Même si on croit avoir réalisé quelque chose de fabuleux, on ne peut pas s'attendre à ce que ce soit apprécié par le public. C'est pour cela d'ailleurs que le secteur européen a besoin d'aides comme celles du Fonds.»

Guy Daleiden est à la tête du Film Fund depuis 30 ans.

Guy Daleiden est à la tête du Film Fund depuis 30 ans. © PHOTO: Gilles Kayser

On reste quand même dans un domaine qui est apprécié par des personnes et les goûts et les couleurs varient. On ne peut pas dire au public ce qu'il a à aimer. On ne sait jamais comment l'œuvre que l'on produit sera appréciée. Même si on croit avoir réalisé quelque chose de fabuleux, on ne peut pas s'attendre à ce que ce soit apprécié par le public. C'est pour cela d'ailleurs que le secteur européen a besoin d'aides comme celles du Fonds.»

Quand on regarde le cru 2022, on se dit finalement qu'il sera peut-être un peu difficile de faire mieux...

«Je constate une véritable qualité de travail, le monde entier veut venir travailler avec nous sur la base de nos bons résultats. Je vous donne un simple exemple puisque je l'ai en tête: il y a deux semaines, Terence Davies est venu au Luxembourg défendre son prochain projet, qu'on a d'ailleurs soutenu à hauteur d'1,5 million d'euros. Pourquoi venir au Luxembourg? Il ne vient pas seulement à cause de l'argent, ce serait trop facile. Ces temps sont révolus. Les gens veulent venir travailler avec nous grâce à la qualité de nos producteurs, la qualité de nos techniciens, celle des réalisateurs et des comédiens.

Les Luxembourgeois sont fiers de leur secteur audiovisuel, que je considère personnellement comme un petit bijou. J'ai vu son évolution depuis 30 ans. Et quand je regarde le niveau auquel nos professionnels évoluent, l'appréciation internationale qu'ils ont, je suis bluffé que l'on ait réussi à créé cela endéans les 30 dernières années.»

On peut donc vraiment dire que le Luxembourg s'est fait une place sur la scène internationale. Va-t-il falloir batailler pour la conserver?

«Se reposer sur ses lauriers ne sert pas à grand-chose. Le succès de 2021 et 2022 ne laisse pas présager un succès dans les années à venir. On avait un retard énorme au niveau de la production par rapport à la majorité des pays européens parce que les structures professionnelles n'existaient pas. Maintenant, on est arrivés au niveau international et on est respectés, mais il faut continuer à travailler, continuer à évoluer au même niveau.

Je crois que c'est la mission du Fonds d'être à l'écoute de la réalité du secteur, de ne pas se concentrer uniquement sur ce qui se fait au Luxembourg, mais d'être omniprésent à l'étranger.

Il faut aussi garantir que le secteur reçoive régulièrement du sang neuf parmi les travailleurs de l'audiovisuel. On ne peut pas se dire que les professionnels actuels sont suffisants, car il y en a qui, régulièrement, arrêtent. Il faut que le secteur continue à se renouveler. C'est ce point qui me fait un peu peur. On fait en sorte d'être présents sur les foires de l'étudiant, on soutient la création des BTS en animation, en production. Les formations existent, mais il faut continuer à développer et à promouvoir le secteur.»

Ce point s'annonce donc comme un challenge pour le milieu. Existe-t-il d'autres défis qui vont s'imposer à l'industrie cinématographique luxembourgeoise selon vous?

«Un autre défi pour moi se situe au niveau de l'évolution technologique. L'intérêt de faire du cinéma classique est naturellement là - et je ne vais jamais dire qu'il faut arrêter de le faire - mais j'aimerais rendre attentif au fait qu'il y a des évolutions technologiques qui vont nous mener vers autre chose, sans qu'on ne puisse prédire ce que cela va être. Si l'on rate le train vers le développement digital, on va perdre beaucoup.

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Il y a cinq ans, lors de l'émergence de la réalité virtuelle et augmentée, nous nous sommes rendus à Montréal, à l'occasion de trois jours de visites de studios. En rentrant, on s'est dit qu'il fallait faire quelque chose, c'est comme cela que nous avons développé le pavillon de la réalité virtuelle, en partenariat avec nos amis québécois. On a aussi saisi l'occasion de soutenir des œuvres en réalité virtuelle, et maintenant on est parmi les pays qui investissent le plus dans les nouvelles écritures.

Si le film "Corsage" avec Vicky Krieps était sorti sur plateformes, il n'aurait pas eu la même visibilité.

Je crois que c'est la mission du Fonds d'être à l'écoute de la réalité du secteur, de ne pas se concentrer uniquement sur ce qui se fait au Luxembourg, mais d'être omniprésent à l'étranger. Ceci, pas seulement pour promouvoir, mais aussi pour comprendre et revenir au pays avec de nouvelles idées, pour continuer à développer le secteur.»

Vous évoquiez les difficultés des cinémas à remplir leurs salles après deux années marquées par la pandémie. Ces nombreuses récompenses pourraient-elles contribuer, selon vous, à réconcilier le public avec le cinéma?

«Je crois qu'il est beaucoup plus difficile d'attirer les gens au cinéma actuellement. À cause du covid, ils ont été habitués à regarder les films à la maison, car ils y étaient forcés. Ils ont alors découvert que, naturellement, les plateformes de streaming proposent des œuvres de qualité, avec des acteurs connus. Il y a une certaine attirance, et c'est facile. On peut regarder les films chez soi sans devoir se changer. On peut même prendre un verre de vin, manger en même temps, on peut faire chez soi ce qu'on ne peut pas faire au cinéma.»

Il y a aussi la question du prix...

«La question du prix s'ajoute également, car aller au cinéma ce n'est pas seulement le prix du ticket d'entrée, c'est tout ce qu'il y a autour. Il y a les gens qui ont des enfants et qui ont besoin d'un baby-sitter, ceux qui sortent boire un verre par la suite, ceux qui se déplacent en taxi. Une sortie au cinéma coûte donc plus cher. Comme la qualité sur les plateformes est là, les gens se posent la question : ’'Pourquoi aller au cinéma?''.

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Pour moi, si le film "Corsage" avec Vicky Krieps était sorti sur plateformes, il n'aurait pas eu la même visibilité. Le fait que le film soit projeté à Cannes, que Vicky Krieps l'accompagne, a permis à tout le monde d'en entendre parler. Ce film a réussi à travers une présence dans un festival, dans une salle de cinéma, à avoir une présence internationale. Cela a aussi donné une belle visibilité à l'actrice, en influençant positivement sa renommée et sa visibilité et sur les propositions qu'on a pu lui faire pour d'autres films.»

Vous avez évoqué les coproductions luxembourgeoises. Est-ce que l'avenir, c'est aussi faire des productions uniquement luxembourgeoises et être reconnu pour ces œuvres ou, justement, ce n'est pas réellement un objectif?

«Tous les films luxembourgeois sont des coproductions internationales, à l'exception du prochain film d'Andy Bausch, qui va sortir dans quelques mois, et dont le budget était moins élevé. On fait une distinction entre les coproductions minoritaires à réalisateur non luxembourgeois et les coproductions majoritaires à réalisateur luxembourgeois. L'idée était naturellement de faire un maximum de films majoritaires au Luxembourg. Au début, ce n'était pas possible. Aujourd'hui, c'est ce qu'on a réussi à faire, pas encore majoritairement, mais on a soutenu énormément de réalisateurs luxembourgeois.

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Par contre, on a également besoin de faire des films minoritaires. Premièrement, cela s'explique par le volume de travail, on a besoin que le secteur tourne. Deuxièmement, pour le transfert de savoir et d'expertise entre les professionnels du secteur. Troisièmement, si nous ne sommes plus partenaires avec nos voisins, pourquoi devraient-ils être réciproquement partenaires avec nous? L'un ne fonctionne pas sans l'autre.

L'avantage d'une coproduction majoritaire est également la possibilité de sortir le film du réalisateur luxembourgeois dans le territoire qui a participé à la production. Le but est de faire sortir les films luxembourgeois à l'étranger, ce qui n'aurait pas forcément lieu dans le cas d'une production uniquement luxembourgeoise. On incite même les réalisateurs du Grand-Duché à ne pas être uniquement dépendant de notre financement, qui, de plus, est limité.»

Les 21 prix et récompenses obtenus en 2022
  • César du meilleur film d'animation pour «Le Sommet des dieux» de Patrick Imbert, coproduction de Mélusine Productions

  • Prix Best Production Design à l'Austrian Filmprize pour «Hinterland» de Stefan Ruzowitsky, coproduction Amour Fou Luxembourg

  • Prix Best Editing au Romy Film Awards Vienna pour «Hinterland» de Stefan Ruzowitsky, coproduction Amour Fou Luxembourg

  • Meilleure expérience XR internationale aux Prix Numix 2022 pour «WILD CITIES_» de Laura Cortes, coproduction a_Bahn

  • Prix de la meilleure création sonore et prix de la meilleure performance (Vicky Krieps) au Festival de Cannes pour «Corsage» de Marie Kreutzer, coproduction Samsa Film

  • Prix de la meilleure performance (Adam Bessa) au Festival de Cannes pour «Harka» de Lotfy Nathan, coproduction Tarantula Luxembourg

  • Cristal du long-métrage (Grand-Prix) au Festival du film d'animation d'Annecy pour «Le Petit Nicolas - Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux?» d'Amandine Fredon et Benjamin Massoubre, coproduction Bidibul Productions

  • Mention du Jury au Festival du film d'animation d'Annecy pour «Saules aveugles, femme endormie» de Piere Földes, coproduction Doghouse Films

  • Mention du Jury au Festival du film d'animation d'Annecy pour «My love affair with marriage» de Signe Bauman, coproduction Antevita Films

  • Best Screenplay à la Mostra de Venise pour «Blanquita» de Fernando Guzzoni, coproduction Tarantula Luxembourg

  • Golden Shell for Best Film et Critic's Prize awarded by the Spanish Film Press Association au San Sebastian International Film Festival pour «Les Rois du monde» de Laura Mora, coproduction Iris Productions

  • Heart of Sarajevo for Best Actress (Vicky Krieps) au Sarajevo Film Festival pour «Corsage» de Marie Kreutzer, coproduction Samsa Film

  • Best Short Film et Best European Short Film au Tirana International Film Festival pour «La Valise rouge» de Cyrus Neshvad, coproduction Cynefilms

  • Golden Eye for Best Fiction Film au Zurich Film Festival pour «Les Rois du monde» de Laura Mora, coproduction Iris Productions

  • Best Film au BFI London Film Festival pour «Corsage» de Marie Kreutzer, coproduction Samsa Film

  • Best Children's Film - Audience Award au Cinekid Festival pour «Totem» de Sandra Burger, coproduction Tarantula Luxembourg

  • Prix du Meilleur Film TV5 Québec-Canada au Cinemania pour «Plus que jamais» de Emily Atef, coproduction Samsa Film

  • Best Honorable Mention from Jury Rigo Mora in Feature Films au Guadalajara International Film Festival pour «My love affaire with marriage» de Signe Baumane, coproduction Antevita Films

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