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Guy Daleiden (à gauche) et Yann Tonnar sont en charge de l'organisation.
MultimédiaCe vendredi

Le retour du «Lëtzebuerger Filmpräis»

Guy Daleiden (à gauche) et Yann Tonnar sont en charge de l'organisation. © PHOTO: Thierry Hick

Après une année d'absence, la grande famille du cinéma luxembourgeois se retrouvera au Grand Théâtre pour célébrer les meilleures productions. Il s'agira d'un flash-back sur les trois dernières années.

Thierry Hick

Les dés sont jetés

Les lauréats du Lëtzebuerger Filmpräis sont déterminés. Les quelque 400 membres de la Filmakademie ont fait leur choix, puisque leurs votes se sont clôturés le 19 novembre. Mais pas question de lever le voile jusqu'à ce vendredi soir. En attendant, après une année de pause forcée, la grande famille du septième art se retrouvera avec joie.

«Le Lëtzebuerger Filmpräis a pour but de récompenser les meilleures contributions au cinéma et à l’audiovisuel luxembourgeois, afin de mettre en valeur les œuvres de qualité, d’encourager la création cinématographique et audiovisuelle, de favoriser le développement de l’industrie du film au Luxembourg et d’attirer l’attention du public sur les productions luxembourgeoises»: c’est en ces termes que les deux organisateurs définissent la raison d’être et le rôle du concours.

La dernière traditionnelle photo de famille du cinéma luxembourgeois remonte à septembre 2018.

La dernière traditionnelle photo de famille du cinéma luxembourgeois remonte à septembre 2018. © PHOTO: Anouk Antony

Plusieurs nouveaux prix

Pour cette neuvième édition, le nombre des catégories a été revu à la hausse. Pas moins de 13 statuettes – toujours réalisées par l’artiste plasticienne Patricia Lippert – seront distribuées. Avec cette année de nouveaux prix à la clé: celui de la meilleure musique et celui de la meilleure interprétation, qui, scindé en deux catégories, récompensera, le meilleur acteur et la meilleure actrice.

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Le directeur du Film Fund, Guy Daleiden, explique ce changement: «Le secteur du cinéma au Luxembourg ne cesse de se développer, de s’agrandir. Le Filmpräis suit en toute logique cette évolution. Il est donc normal que le nombre de catégories évolue aussi. A nos débuts, nous avions six prix, aujourd'hui nous en sommes à treize».

A cette liste déjà longue de prix, viendront se greffer deux distinctions supplémentaires: le prix de la meilleure œuvre de réalité virtuelle et un prix décerné par l’Association luxembourgeoise de la presse cinématographique – les lauréats de ces deux catégories ne seront pas déterminés par la Filmakademie, mais par des jurys indépendants.

L'arrivée de la VR

L’arrivée de la réalité virtuelle est justifiée pour Guy Daleiden: «Nous soutenons ce secteur depuis de nombreuses années. La réalité virtuelle fait depuis quelques années déjà partie intégrante du LuxFilmFest, qui au Centre Neumünster présente les meilleures réalisations du genre».

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Le Film Fund a à sa charge la cérémonie du Lëtzebuerger Filmpräis demain soir au Grand Théâtre. Le déroulement de la soirée – le nom de celui ou celle qui va mener les débats reste un mystère bien entretenu – mais aussi l’accueil des quelque 800 invités, sans oublier l’incontournable buffet dînatoire doivent être réglés comme du papier à musique.

Le secteur de l’audiovisuel ne cesse de se développer. Le Filmpräis se doit de suivre cette évolution.
Guy Daleiden, directeur du Film Fund Luxembourg

Une nouvelle procédure de vote

Pour le contenu de la soirée, le choix des lauréats, c’est la Filmakademie qui est sollicitée. Cette académie représente au travers de ses 400 membres tous les domaines du secteur de l’audiovisuel au Luxembourg. C’est cette même Filmakademie qui a décidé d’un changement notoire au vu de la procédure du vote. Jusque-là une commission décidait des projets à nominer dans un premier temps, avant que les membres de la Filmakademie ne choisissent les gagnants. Désormais, ce sont ces mêmes membres qui choisissent aussi parmi les films éligibles, qui sera nominable pour le deuxième tour de vote. Ce principe a le mérite, selon Yann Tonnar, le président de la Filmakademie d’ouvrir davantage la compétition.

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Avec ce choix, le Luxembourg, qui s’aligne sur les pratiques du genre d’autres pays européens, entend aussi limiter le nombre de candidats par catégorie. Quitte à laisser sur le bord de la route des films, certes éligibles, mais absents de la phase finale. Un choix dû au nombre accru de prétendants au titre suprême suite au report l’année passée de la compétition biannuelle.

Fort de son succès international, «Capitani» caracole en tête des nominations et ne devrait pas sortir les mains vides.

Fort de son succès international, «Capitani» caracole en tête des nominations et ne devrait pas sortir les mains vides. © PHOTO: Samsa

Le Filmpräis (qui avec le Theaterpräis, le Danzpräis, et en quelque sorte les Luxemburg Music Awards a trouvé des émules) entend mettre sous les feux de la rampe un secteur culturel en constante effervescence. Et profiter de l’occasion pour une grande fête de famille, qui pourra être partagée une fois n'est pas coutume par le grand public.

Alors que le rendez-vous du vendredi 26 novembre au soir se fera «sur invitation», les cinéphiles intéressés pourront suivre la cérémonie, en direct, sur www.filmprais.lu.

Trois questions à Yann Tonnar

Le cinéaste Yann Tonnar a été élu à la présidence de la Filmakademie en mai 2019. Il succédait ainsi au producteur Claude Waringo, qui dirigeait l’académie depuis sa création en 2012.

Yann Tonnar est depuis 2019 président de la Filmakademie

Yann Tonnar est depuis 2019 président de la Filmakademie © PHOTO: archives LW

La remise du Filmpräis permet de dresser un bilan. Quel regard portez-vous sur ces dernières années?

Yann Tonnar : «Ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler mes favoris avant l’heure. Je prends un exemple: dans la catégorie du meilleur long-métrage luxembourgeois, on avait sept candidats éligibles, c’est du jamais-vu jusqu’ici. Dans les autres catégories, la situation est identique. De plus, nos films sont récompensés à la Berlinale, sont nominés aux Oscars, aux Golden Globes....Je constate que la qualité ne fait que de s’améliorer à chaque édition. Dire cela, faire ce constat, relève certes du cliché, mais correspond tout à fait à la réalité.

Pour quelles raisons, la Filmakademie a-t-elle opté pour un deuxième tour de vote afin de déterminer les gagnants?

«Nous suivons le fonctionnement d’autres académies à l’étranger. Ce deuxième vote donne plus de pouvoir aux membres de la Filmakademie, qui regroupe des représentants de tous les secteurs de la production audiovisuelle. Auparavant, le choix des nominés (le premier vote donc) était opéré par une commission, souvent trop impliquée. Ce deuxième vote, qui limite le nombre de nominés, confère plus de légitimité et d’excellence.

Le secteur ne cesse de se développer et de gagner en notoriété ici, mais aussi à l’étranger. Comment expliquez-vous cette évolution récente?

«C’est vrai, le secteur va bien. Et c’est aussi parce qu’il est bien soutenu, des gros efforts ont été faits. Dans le domaine de l’écriture de scénarios aussi. Mais, le nombre d’acteurs disponibles restant limité, tous les rôles ne sont pas jouables. C’est normal au vu de la taille du pays. On approche du point critique. Mais, la situation s’améliore. Le succès à l’étranger, que vous évoquez, a aussi une autre explication: le Film Fund, avant de soutenir un projet cinématographique, est désormais bien plus exigeant que par le passé, où tout était plus facilement accepté.

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Aujourd'hui le nombre de propositions a fortement augmenté, la qualité des soumissions retenues augmente aussi. Et cela se traduit par une plus forte présence à l’international. Nos coproductions ont fait un sacré bond ces deux dernières années et sont désormais bien représentées dans les festivals étrangers. Nous avons acquis une bonne expérience des compétitions internationales. La prochaine étape sera de placer encore davantage sur l’échiquier international les films luxembourgeois, de faire progresser la notoriété de nos réalisateurs et acteurs...»

Les nominés

Les quelque 400 membres de la Filmakademie distingueront dans 13 catégories les meilleurs productions de cinéma des trois dernières années. Deux autres prix seront de plus distribués.

La statuette créée par  Patricia Lippert sera une fois encore l’objet de toutes les convoitises.

La statuette créée par Patricia Lippert sera une fois encore l’objet de toutes les convoitises. © PHOTO: Filmakademie

Prix du meilleur long-métrage luxembourgeois de fiction ou d’animation

  • Escapada, de Sarah Hirtt,

  • Hytte, de Jean-Louis Schuller,

  • Peitruss, de Max Jacoby,

  • Sawah, d’Adolf El Assal,

  • Superjhemp retörns, de Félix Koch

Prix du meilleur film long-métrage de fiction ou documentaire en coproduction

  • Bad Luck Banging or Loony Porn, de Radu Jude,

  • Collective, d’Alexander Nanau,

  • Deux, de Filippo Meneghetti,

  • Jumbo, de Zoé Wittock,

  • Tel Aviv on Fire, de Sameh Zoabi

Prix du meilleur film long-métrage d’animation en coproduction

  • Les Hirondelles de Kaboul, de Eléa Gobbé-Mévellec, Zabou Breitman,

  • Pachamama, de Juan Antin,

  • Wolfwalkers, de Tomm Moore, Ross Stewart

Prix du meilleur court-métrage de fiction ou documentaire

  • Daca ne desteptam (If We Smarten Up), de Larisa Faber,

  • Lupus, de Laurent Prim,

  • Portraitiste, de Cyrus Neshvad,

  • Touch Me (Was bleibt), d'Eileen Byrne,

  • Vis-à-Vis, d'Émile V. Schlesser

Prix du meilleur film court-métrage animation

  • «Abigail», de Nicolas Debray,

  • «Mania», d’Ugur Darya Eroglu,

  • «Seed of Hope», de Claude Kongs

Prix du meilleur long-métrage documentaire

  • An Zero – Comment le Luxembourg a disparu, de Myriam T., Julien Becker,

  • California Dreaming, de Fabrizio Maltese,

  • Histoire(s) de Femme(s), d’Anne Schroeder,

  • River Tales, de Julie Schroell,

  • The living witnesses, de Karolina Markiewicz, Pascal Piron,

  • Zero Impunity, de Stéphane Hueber-Blies, Nicolas Blies, Denis Lambert

Prix de la meilleure production TV et nouveaux médias de fiction ou documentaire

  • Bad Banks – Saison 2, de Christian Zübert,

  • Capitani, de Christophe Wagner,

  • Ex Aequo! (collectif de réalisateurs),

  • routwäissgro – Saison 3 (collectif de réalisateurs),

  • What We Talk About When We Talk About Sex, de Catherine Dauphin

Prix de la meilleure production TV et nouveaux médias d'animation

  • Barababor, de Laurent Witz,

  • Fox & Hare, de Mascha Halberstad, Tom van Gestel,

  • Nächst Statioun, de Sarah Sutter, Frédéric Wedeux

Prix de la meilleure interprétation féminine

  • Fabienne Hollwege (An Zero),

  • Larisa Faber (Angelo»)

  • Désirée Nosbusch (Bad Banks 2)

  • Sophie Mousel (Capitani),

  • Magaly Teixeira (Coyotes)

Prix de la meilleure interprétation masculine

  • Luc Schiltz (Capitani),

  • Jules Werner (Capitani),

  • Jérôme Varanfrain (Deux),

  • Nilton Martins (Sawah),

  • André Jung (Superjhemp retörns)

Prix de la meilleure contribution créative dans un long-métrage de fiction ou documentaire

  • Thierry Faber, Eric Lamhène Christophe Wagner (scénario Capitani),

  • Jean-Louis Schuller (image Hytte),

  • Nikos Welter (image Sawah),

  • Adolf El Assal, Sirva Magory (scénario Sawah),

  • Amadine Klee (image Skin Walker)

Prix de la meilleure contribution créative dans un film long-métrage d’animation

  • Stéphane Lecoq (décor Oops! Finny wou bass de?),

  • Julien Silvestre Da Conceiao (composition Oops! Finny wou bass de?),

  • Michel Pisson (décor Pachamama),

  • Nicolas Debry, Gilles Rudziak et leur équipe (animation, Wolfwalkers),

  • Pascal Gérard et son équipe (décor, Wolfwalkers)

Prix de la meilleure musique

  • Kyan Bayani (Bad Banks 2),

  • Emre Sevindik (California Dreaming),

  • Ivan Boumans (Hytte),

  • Eric Bintz (Sawah),

  • André Dziezuk (Tel Aviv on Fire)

Autres prix

Deux prix supplémentaires viendront compléter le palmarès et seront remis par deux jurys indépendants: le Prix de la meilleure œuvre XR ainsi que le Prix de la Critique luxembourgeoise (ALPC, Association luxembourgeoise de la presse cinématographique).

  • www.filmprais.lu

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