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"Mon Luxembourg"

Stéphane Bern sur les pas de son enfance

Ce vendredi, nous avons rencontré Stéphane Bern qui présentait son nouveau livre, Mon Luxembourg, une promenade sur les traces de son enfance. Au fil des 160 pages richement illustrées, on découvre le Grand-Duché tel que le plus luxembourgeois des Français le perçoit: un portrait "un brin fantasmé" reconnaît-il volontiers, truffé de tendres souvenirs personnels.

Stéphane était à Luxembourg ce vendredi pour présenter son nouveau livre

Stéphane était à Luxembourg ce vendredi pour présenter son nouveau livre © PHOTO: Pierre Matgé

Christelle Brucker

Par Christelle Brucker

Ce vendredi, Stéphane Bern avait donné rendez-vous à une poignée de journalistes à l'hôtel Le Place d'Armes en plein coeur de Luxembourg pour présenter son nouveau livre, Mon Luxembourg, une promenade sur les traces de son enfance. Au fil des 160 pages richement illustrées par le photographe Guillaume de Laubier, on découvre le Grand-Duché tel que le plus luxembourgeois des Français le perçoit: un portrait "un brin fantasmé" reconnaît-il volontiers.

Le texte, truffé de tendres souvenirs personnels de l'auteur aux côtés de ses grands-parents maternels "si aimants", raconte l'histoire du Luxembourg a travers les dates et les lieux les plus emblématiques du pays. "Ce livre, c'est une dette d'amour envers mon pays", lance-t-il d'emblée. "A un certain âge, (il a fêté ses 53 ans lundi dernier, ndlr) on a envie de se pencher sur ses racines. Je n'aurais jamais été ce que je suis sans le Luxembourg. Ce livre, j'y ai passé mon été, et ce fut comme une parenthèse enchantée."

Des grands-parents "si aimants"

Stéphane Bern ne le cache pas: le Luxembourg incarne pour lui "le bonheur d'un chaleureux foyer" et "un refuge protecteur", face à l'éducation "douloureuse" et très stricte imposée par ses parents en France. Ces moments passés avec ses grands-parents luxembourgeois dans la maison familiale du quartier de Belair à Luxembourg ont adouci son enfance.

Avec sa grand-mère, c'est l'heure du thé, toujours en chapeau et en gants, toujours chez Namur, situé Grand-Rue à l'époque, qui l'a marqué. Elle lui faisait aussi apprendre par cœur le nom des cantons et il goûtait avec délice quelques tranches épaisses de cramique, celui du pâtissier Scheer, que sa grand-mère allait chercher pour le petit déjeuner du dimanche. Car comme tous les souvenirs d'enfance, ceux de Stéphane Bern font la part belle aux spécialités culinaires: "Il y avait aussi le Kachkéis, que ma grand-mère achetait dans une fromagerie rue Philippe II, on le dégustait sur une tranche de bon pain beurré épicé de moutarde luxembourgeoise. Maintenant, il y a une boutique de fringues à cette place..."

Stéphane Bern passait tous ses Noël au Luxembourg. "On allait faire de la luge au parc municipal", raconte-t-il. Partir en vacances au Luxembourg? Une bien drôle d'idée pour ses camarades de collège à Paris qui pensaient au célèbre jardin... Aujourd'hui, les gens connaissent le pays mais son image est déformée: "Quand on me demande où je vais passer mon week-end et que je réponds au Luxembourg avec des étincelles dans les yeux, on me prend pour un fou furieux."

Dis papa, pourquoi on n'a pas de Grand-Duc?

Avec son livre, Stéphane Bern, qui parle déjà largement du Luxembourg dans ses différentes émissions à la télévision et à la radio en France, espère amener les gens à venir visiter le pays. "Je fais du nation branding", annonce-t-il en riant. "Ce pays a tellement compté dans ma vie. Mon goût pour les têtes couronnées vient d'ici. J'avais 10 ans quand j'ai demandé à mon père pourquoi on n'avait pas de Grand-Duc en France. Il m'a expliqué que nous, on avait un président: j'étais dégoûté!"

"Ce livre, c'est une dette d'amour"

"Ce livre, c'est une dette d'amour" © PHOTO: Pierre Matgé

C'est avec son grand-père qu'il parle Histoire pendant des heures, parfois à la terrasse du Café de Paris, place d'Armes. C'est lui qui, trop heureux d'avoir un petit-fils qui se passionne pour les récits historiques, lui fait cadeau d'un exemplaire du Manuel d'histoire nationale de Arthur Herchen, lui procurant ses "premiers frissons patriotiques". Lui encore qui lui envoie régulièrement des cartes postales, celles qu'on trouve en quantité dans les kiosques pour touristes, et qui sont illustrées avec des membres de la famille grand-ducale qui prennent la pose.

A l'époque, ce dont rêve le jeune garçon, ce sont les deux volumes de l'ouvrage intitulé Eis Dynastie: "Ces livres coûtaient 15.000 LUF (soit environ 370 euros, ndlr)! Je me souviens avoir économisé franc après franc pour enfin pouvoir me les offrir." Sa passion dévorante pour la famille grand-ducale finit même par inquiéter sa mère, qui se demande "s'il n'a pas un problème?" Il faut dire que le petit Stéphane va jusqu'à écrire au grand-duc Jean chaque année, le 5 janvier, pour son anniversaire. "En retour, je recevais des photos, que j'accrochais au-dessus de mon lit."

Et c'est dans un étonnant concours de circonstances que cet amour pour les souverains du Luxembourg va lancer sa carrière de journaliste à Paris.

Juillet 1985. Le jeune diplômé sort à peine de son école de commerce quand il se retrouve dans le bureau de la directrice de Madame Figaro. Au Luxembourg, c'est l'émoi: la grande-duchesse Charlotte vient de mourir et la rédaction aimerait faire un papier. Problème: difficile de trouver des photos. Le jeune homme saute sur l'occasion: "J'ai toutes les photos que vous voulez et je peux écrire un portrait." Ce sera son tout premier article. "Il n'y a pas de hasard!" s'amuse-t-il aujourd'hui.

"Ici, on connaît tout le monde depuis toujours!"

Les Luxembourgeois ont-ils changé? D'après Stéphane Bern, pas vraiment. "Ils sont toujours ouverts sur le monde. Ma mère parlait 7 langues parfaitement. Cette richesse est incroyable! Quand je me promenais dans la Grand-Rue, tout le monde se parlait et se connaissait. D'ailleurs, si je venais à l'improviste, il ne fallait pas une heure avant que des gens appellent ma grand-mère au téléphone: on a vu Stéphane en ville! Ma mère était à l'école avec Colette Flesch, ma tante avec Lydie Polfer, moi-même je suis ami avec Xavier Bettel depuis mon plus jeune âge. Ici, on connaît tout le monde depuis toujours! Je n'ai pas d'armure quand je suis au Luxembourg, je peux être moi-même."

Pour l'instant, Stéphane Bern ne peut pas prétendre à la nationalité luxembourgeoise. Il lui faut attendre un changement dans la loi. Mais il souhaite la demander dès qu'il le pourra, "par piété filiale, pas pour les impôts", ironise-t-il. "Je ne parle pas le luxembourgeois mais je le comprends, alors attention aux apartés!"

Une poignée de journalistes ont été conviés à la présentation du livre dans l'un des salons de réception de l'hôtel Le Place d'Armes

Une poignée de journalistes ont été conviés à la présentation du livre dans l'un des salons de réception de l'hôtel Le Place d'Armes © PHOTO: Pierre Matgé

Stéphane Bern est né le 14 novembre 1963 à Lyon. Français d'origine luxembourgeoise, il est journaliste, rédacteur en chef adjoint aux trois magazines du Figaro et écrivain. Il s'est fait connaître en tant que spécialiste des têtes couronnées par de nombreux ouvrages de référence dont un album dédié au grand-duc Jean. Devenu en quelque sorte le "Monsieur Histoire" de France 2, il présente l'émission "Secrets d'Histoire" et "Visites privées" depuis la rentrée. Il anime chaque jour l'émission radiophonique "A la bonne heure" sur RTL. Son ouvrage Mon Luxembourg est disponible aux éditions Flammarion au prix de 35 euros.

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