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11,5 milliards d'euros pour les frontaliers en 2018

Le Statec a dévoilé, ce vendredi, le montant des cotisations sociales déboursées par le Luxembourg pour les 192.000 frontaliers travaillant au Grand-Duché.

En 2018, le Luxembourg a déboursé 11,5 milliards d'euros pour les travailleurs entrants et a reçu quelque 1,6 milliard des frontaliers sortants.

En 2018, le Luxembourg a déboursé 11,5 milliards d'euros pour les travailleurs entrants et a reçu quelque 1,6 milliard des frontaliers sortants. © PHOTO: Shutterstock

Sophie Wiessler

Avec un nombre de frontaliers toujours croissant depuis dix ans, le Luxembourg figure dans le top trois des pays possédant le plus d'emploi transfrontalier, juste derrière l'Allemagne et la Suisse. Ces deux dernières années, la part de frontaliers entrants s'est même accélérée: +3,9% en 2017 et +4,5% en 2018, selon les derniers chiffres communiqués ce vendredi par le Statec.

En tout, ce sont pas moins de 192.070 frontaliers qui ont traversé la frontière luxembourgeoise chaque jour en 2018. Ils viennent majoritairement de France. La part de frontaliers allemands ayant pour sa part, augmenté de 2% en 13 ans et celle des belges baissé de 3%.

Cette dépendance de l'économie luxembourgeoise à la main-d'œuvre étrangère frontalière n'est certes pas nouvelle, mais elle impacte aussi la balance des rémunérations transfrontalières du pays. Ainsi, selon les chiffres du Statec, en 2018, le Luxembourg a déboursé 11,5 milliards d'euros pour les travailleurs entrants et a reçu quelque 1,6 milliard des frontaliers sortants - autrement dit les Luxembourgeois travaillant dans un pays voisin.

Les cotisations sociales reçues dépassent donc les prestations sociales payées aux non-résidents de 211 millions d'euros.

De gros écarts de salaires entre frontaliers

De l'étude du Statec, il ressort que le salaire annuel moyen - hors cotisations sociales à la charge des employeurs - des frontaliers entrants varie selon leur pays d'origine. Ainsi, en 2018, les frontaliers français touchaient environ 10.500 euros de moins par année que leurs collègues belges et presque 8.300 euros de moins que leurs collègues allemands.

Lire aussi :Les frontaliers français les moins bien payés

En clair, un frontalier allemand va toucher annuellement 57.205 euros, un belge 59.476 et un français 48.845 euros. Une évolution du salaire plus ou moins stable pour les trois pays depuis l'année 2013.

Cet écart reflète, selon le Statec, une certaine «spécialisation des frontaliers dans des secteurs» ; ainsi, les frontaliers français sont surreprésentés dans des activités moins bien rémunérées, comme «le secteur de l'Horesca ou le commerce», et sont également plus jeunes.

A noter également, que les frontaliers se trouvent majoritaires non seulement dans le commerce, mais aussi dans des activités financières ou la construction, des branches qui ont notamment souffert des conséquences de la crise économique.

Lire aussi :«Le frontalier-type n'est pas celui qu'on croit»

À titre d’exemple, le nombre de salariés du secteur financier a reculé entre 2008 et 2010, en lien direct avec les conséquences de la crise des subprimes. Depuis, la tendance s’est inversée, mais à un rythme inférieur à celui enregistré au cours de la décennie précédente.

Les institutions européennes plébiscitées

Mais si la Place retrouve sa grandeur, l'analyse des pays de provenance des frontaliers présente une «particularité statistique» mise en avant par le Statec ce vendredi: les institutions internationales sont considérées comme territoires extraterritoriaux.

En clair, elles ne font pas partie du pays d'accueil, ni du point de vue juridique, ni selon la «méthodologie de la balance des payements», explique le Statec.

Les employés de ces institutions sont donc considérés comme des frontaliers. Les deux principaux pays touchés par ce phénomène sont le Luxembourg et la Belgique ; le Grand-Duché touche 1,4 milliard d'euros des institutions européennes, pour des résidents du pays, à titre de rémunération.

Uniquement 1.501 Luxembourgeois frontaliers

Cette particularité des organisations internationales vient donc quelque peu fausser les statistiques sur les frontaliers sortants du Luxembourg. Si officiellement, 12.783 résidents luxembourgeois travaillent à l'étranger, dans la réalité, ce n'est pas tout à fait le cas.

Seuls 1.501 résidents traversent ainsi quotidiennement la frontière pour aller travailler en France, Belgique ou Allemagne. A contrario, 11.282 personnes, travaillant auprès des institutions européennes ou internationales vivent en réalité au Luxembourg et ne sont donc pas considérées dans la balance des paiements du pays.

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