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Une avocate luxembourgeoise condamnée

24 mois de prison pour tentative d'escroquerie

La Cour d'appel a condamné ce mardi l'avocate Farida Chorfi à 24 mois d'emprisonnement, dont 15 avec sursis, pour avoir tenté d'escroquer Amicie de Spoelberch, une héritière (aujourd'hui, défunte) de l'un des principaux actionnaires de l'empire brassicole AB Inbev.

Le délibéré a été rendu par la juge Prussen ce mardi après-midi à la Cour supérieure de justice.

Le délibéré a été rendu par la juge Prussen ce mardi après-midi à la Cour supérieure de justice. © PHOTO: Shutterstock

Pierre Sorlut

Par Pierre Sorlut

La Cour d'appel a condamné ce mardi l'avocate Farida Chorfi à 24 mois d'emprisonnement, dont 15 avec sursis, pour avoir tenté d'escroquer Amicie de Spoelberch, une héritière (aujourd'hui, défunte) de l'un des principaux actionnaires de l'empire brassicole AB Inbev (baptisé Interbrew à l'époque des faits).

Dans un détachement caractéristique d'une magistrature qui expédie les affaires, la juge Prussen a réduit la peine prononcée le 4 novembre 2014 en première instance. Farida Chorfi, 54 ans, avait été condamnée à 30 mois d'emprisonnement, dont la moitié avec sursis.

915.000 actions sorties du coffre de la banque

Selon l'enquête menée par le ministère public, Farida Chorfi, alors conseil juridique de la famille et avocate au barreau luxembourgeois, s'était en décembre 2004 saisie de 915.000 actions de la société Ambev (la branche américaine de l'empire brassicole) déposées dans un coffre de la banque Natexis au Kirchberg ouvert au nom d'une société offshore rassemblant une partie des intérêts des Spoelberch.

L'avocate, devenue gérante de la fortune familiale suite au décès le 19 octobre 2004, du mari de la vicomtesse Luka Bailo, a restitué une centaine de milliers d'actions aux héritiers directs, les deux fils adoptifs de la défunte milliardaire Alexis et Patrice Bailo de Spoelberch. Le ministère public n'a cependant pas pu apporter la preuve du vol pour les 815.000 titres évaporés.

La justice face Swissleaks et Panama Papers

L'affaire Swissleaks basée sur la liste de l'ancien informaticien Hervé Falciani de la banque HSBC en Suisse révèlera en février 2015 l'existence d'un compte enregistré au nom de Fara Chorfi dans la filiale genevoise de l'établissement financier. «Selon les informations publiées, le compte avoisinerait les 40 millions de dollars», lit-on dans la constitution de la partie civile rédigée par l'avocat Fabio Trevisan. Rencontré en juin à son bureau à Howald, le représentant indirect des intérêts des fils Bailo de Spoelberch affirme que le montant correspondrait à la valeur des titres manquants. Ils ont été liquidés, mais les investigations de l'avocat suisse des frères Bailo, Dominique Lecocq, se heurtent au secret bancaire.

Faute de preuve du vol, la justice luxembourgeoise condamne Mme Chorfi pour avoir réalisé, en février 2015, un faux visant à s'assurer la propriété des 915.000 actions incriminées. Le 20 septembre 2005, l'avocate avait tenté de faire signer devant le notaire Jean-Joseph Wagner un testament manuscrit dicté de toutes pièces à Amicie de Spoelberch. Il visait à faire de l'avocate le «légataire universel de la succession à venir» en faisant croire à la vicomtesse «qu'une telle disposition permettrait la mise en place post-mortem d'une fondation à son nom». Le notaire s'était aperçu de la supercherie et avait sensibilisé la milliardaire. La vicomtesse avait plus tard porté plainte. Suite à sa mort en décembre 2008, ses héritiers ont poursuivi l'action en justice dans le but de récupérer les 128 millions d'euros que représenteraient aujourd'hui les 815.000 titres Ambev disparus dans la nature.

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