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A reprise des chantiers, protection renforcée

Si, dès le 20 avril, le secteur de la construction redémarre au Luxembourg, le ministre du Travail a redit combien il comptait sur les chefs d'entreprise et les salariés pour que la sécurité sanitaire soit privilégiée.

Les contrôles se multiplieront dans les jours à venir sur les chantiers de construction.

Les contrôles se multiplieront dans les jours à venir sur les chantiers de construction. © PHOTO: Photo Archives : Getty Images

Patrick Jacquemot

Certes, sur les chantiers publics comme privés, il faut désormais rattraper les cinq semaines d'arrêt liées à l'épidémie de covid-19. Et le contre-la-montre reprend ce 20 avril. Mais attention, prévient Dan Kersch (LSAP), «le monde du travail n'est plus le même qu'avant». Entendez, ouvriers comme patrons, que désormais des règles d'hygiène et de sécurité plus strictes encore doivent s'appliquer.

De la fermeté, le ministre du Travail n'en avait pas que dans le ton de sa voix, ce vendredi. Il en aura aussi dans la veille scrupuleuse à ce que le premier redémarrage de l'activité économique se déroule de la meilleure façon que ce soit. Aussi prévient-il : «Police, Douanes, Inspection du travail (ITM) et fonctionnaires de la Santé auront différentes compétences pour contrôler». Voilà chacun prévenu, l'Etat luxembourgeois entend mettre en place une reprise de «façon responsable».

Alors oui, les administrations iront vérifier si les règles de distanciation sont bien appliquées; si des protections sont effectivement à disposition des ouvriers; si les postes ont bien été aménagés pour éviter tout risque de contamination; si le nettoyage des locaux comme des surfaces de travail est une réalité; si les équipements de protection sont bien stockés, nettoyés (si besoin) ou détruits. «Ce ne sont pas là que des recommandations, a bien insisté le ministre socialiste. Ces mesures constituent le nouveau socle d'un règlement de crise» complétant les textes existants.

Le code du travail restant dans la base, Dan Kersch n'a d'ailleurs pas manqué de s'appuyer dessus pour rappeler à chacun ses responsabilités. Un petit rappel, par exemple, de l'article 312.1 pour que les employeurs n'oublient pas qu'ils ont l'«obligation de garantir la santé et la sécurité à tout moment et de manière absolue» de leur personnel. Une lecture de l'article 313 pour que les salariés gardent à l'esprit qu'ils doivent veiller sur eux-mêmes et leurs collègues s'il y a danger.

Et à ce propos...
  • Les camionnettes? : le secteur de la construction utilise beaucoup ce moyen de transport pour ses employés, mais comment l'employer au vu des règles de distanciation. «Un accord est en cours de signature pour limiter strictement le nombre de personnels à bord», a assuré Dan Kersch. Et le ministre du Travail de préciser: «L'Etat est prêt à aider les entreprises en mettant à disposition certains de ses véhicules non utilisés actuellement».

  • Au bureau? Même si l'étau du confinement se desserre, «la priorité reste au télétravail pour les employés administratifs». Si quelqu'un est contraint de venir au bureau, ses conditions de travail doivent faire en sorte qu'il travaille avec la bonne distanciation de deux mètres de ses autres collègues.

  • Le congé collectif? Pas de doute l'arrêt généralisé cet été des chantiers est sur la sellette. Les cinq semaines de pause que vient de vivre le milieu de la construction aurait du mal à replonger dans une nouvelle pause d'ici un trimestre. Aussi, Dan Kersch ne cache pas que des discussions sont en cours sur le sujet entre partenaires. «S'il y a une volonté d'entraide, on y arrivera», lâche le ministre. Mais arriver à quoi au fait?

A celles et ceux qui vont remettre le bleu de travail, lundi, le ministre du Travail a également voulu rappeler une option offerte par le droit. Article 312-4 du code du travail: chaque salarié a la possibilité de refuser un travail s'il estime qu'une mise en danger est avérée. Si la situation devait se traduire par un licenciement de la personne, la mesure serait considérée comme abusive. Un rappel à avoir à l'esprit sans doute, et qui fait écho à un propos récent du Premier ministre Xavier Bettel (DP): «L'économie ne primera pas sur la santé»...

Mais le ministre du Travail se veut confiant. Déjà parce que l'ensemble des conditions de reprise n'ont pas été posées d'autorité par le gouvernement mais acceptées par l'ensemble des partenaires sociaux, syndicats comme patronats et chambre consulaire. Au passage, le ministre du Travail a salué l'initiative prise par la Chambre des métiers de distribuer 600.000 masques aux artisans (et à leurs employés) qui s'apprêtent à reprendre le chemin des chantiers.

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