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Automotive Campus: le projet piétine

Transformation du nom, changement de plan de l'entreprise Goodyear: l'élaboration du projet Luxembourg Automotive Campus, annoncée en 2016, prend du retard. Les entreprises du secteur ne se bousculent pas au portillon.

Sur le site du campus, seule la construction du bâtiment de l'entreprise IEE avance à grands pas.

Sur le site du campus, seule la construction du bâtiment de l'entreprise IEE avance à grands pas. © PHOTO: SERGE DALEIDEN

Lorsque la création d'un campus automobile a été annoncée en mars 2016, le projet a été accueilli avec enthousiasme par tous les acteurs du secteur. Le campus devait accueillir 1.600 personnes dans un premier temps, puis jusqu'à 4.000 employés sur le territoire de la commune de Bissen, près du lieu-dit Roost, et héberger les activités de recherche et d'innovation de plusieurs entreprises relevant du secteur automobile. Les sociétés devaient bénéficier d'infrastructures communes, comme des laboratoires et structures de recherche, des salles de conférence, des espaces de restauration et des aires d'exposition.

Surtout, l'arrivée de deux grandes entreprises – IIE et Goodyear – devaient jouer un rôle de moteur pour entraîner dans leur sillage d'autres entreprises du secteur automobile. Le campus devrait ouvrir officiellement en ce milieu d'année 2018.

Depuis, le projet avance à très petits pas et a été rebaptisé «Innovation Campus» pour abandonner sa restriction au seul monde de l'automobile.

Par ailleurs, le futur bâtiment du fabricant de pneus Goodyear est loin d'être terminé. L'entreprise vient de surcroît de changer ses plans quant à sa future présence sur le site. L'idée de départ était de déplacer l'ensemble du Goodyear Innovation Center Luxembourg (GICL) avec son équipe forte de 1.000 employés de Colmar-Berg vers ce nouveau site. Mais la direction de l'entreprise en a décidé autrement.

Comme le confirme le porte-parole de la firme au Luxembourg Jean-Paul Bruck, un seul «module» sera mis en place sur le campus dans un premier temps, afin d'accueillir environ 150 employés. «Ces équipes seront occupées dans des domaines innovateurs tels que l'électromobilité, les pneus intelligents ou encore la conduite autonome». L'entreprise ne donne pas d'indication sur les autres «modules» qui seront déplacés dans le futur.

Cette modification de plan a aussi retardé le début des travaux de construction, de sorte que l'achèvement du premier bâtiment n'est pas prévu avant 2020. Le ministre de l'Economie – dans une réponse à une question parlementaire – croit savoir quant à lui que «le bâtiment de Goodyear d'une superficie de 2.000 m2 sera achevé fin 2020». Etienne Schneider rappelle aussi qu'après avoir effectué la cessation de ses activités sur le site de son ancienne tréfilerie à Bissen, Goodyear a cédé ces parcelles d'une superficie d'environ 16 hectares à l'Etat en 2016 «suivant les conditions de marché».

Quant à IEE – entreprise spécialisée dans les systèmes de sécurité automobile, et en particulier dans le développement de systèmes de capteurs intelligents – elle installera ses 400 employés au printemps 2019 dans un bâtiment administratif et un hall de prototypage et d'essais. Fin janvier 2018, l'entreprise avait célébré la fin de l'achèvement de gros oeuvre de son futur centre de recherche.

«Des contacts sont en cours»

En ce qui concerne les travaux d'infrastructures, de canalisation et des différents réseaux (eau, électricité, gaz, chauffage urbain) sur le site, ceux-ci se trouvent selon le ministère de l'Economie «à un stade avancé de réalisation.» «Sauf imprévus, ces travaux devraient être achevés au plus tard fin décembre 2018», indique Etienne Schneider.

Une question s'impose alors d'emblée: les entreprises et le gouvernement soutiennent-ils toujours l'idée d'un campus automobile? «Nous allons nous installer sur le site, avance Jean-Paul Bruck, mais notre présence va s'échelonner dans le temps.»

Un porte-parole du ministère de l'Economie explique de son côté que le gouvernement est «depuis longtemps en contact avec de potentiels fournisseurs» en vue d'une installation sur le site. «Mais pour l'instant, il n'y a pas de nouveau contrat signé». On comprend que les entreprises ne se bousculent pas au portillon, surtout pas les poids lourds...

Le ministère de l'Economie cherche aussi à impliquer davantage le monde académique et affirme avoir des échanges avec l'Université du Luxembourg ainsi qu'avec d'autres institutions à l'étranger.

Enfin, selon le ministère, de nouveaux projets «sont venus s'ajouter en cours de route». «La construction d'un parking et d'un incubateur répondant à 100 % aux principes de l'économie circulaire sont prévus très prochainement». L'appel d'offres public pour ces deux réalisations est prévu pour le mois de septembre.

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