Crise de la dette: réunion au sommet à Luxembourg
Les Européens s'apprêtaient dimanche à donner une bouffée d'oxygène à la Grèce menacée de faillite, en débloquant des prêts lui permettant de passer l'été, avant un plan d'aide à plus long terme dont ils espèrent que la promesse suffira à rassurer les marchés.
Les deux Jean-Claude, Trichet (BCE) et Juncker © PHOTO: AP
Les Européens s'apprêtaient dimanche à donner une bouffée d'oxygène à la Grèce menacée de faillite, en débloquant des prêts lui permettant de passer l'été, avant un plan d'aide à plus long terme dont ils espèrent que la promesse suffira à rassurer les marchés.
La Commission européenne l'a assuré: les ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe), réunis dimanche à partir de 19 heures à Luxembourg et de nouveau lundi matin, vont entériner le versement début juillet de 8,7 milliards d'euros à Athènes.
C'est leur part d'une des tranches des 110 milliards d'euros de prêts sur trois ans promis l'an dernier au pays en crise, lors d'un premier plan de sauvetage avec le Fonds monétaire international.
Ce dernier a également ouvert la porte au versement de sa part, 3,3 milliards, conditionnant toutefois son soutien «à l'adoption des réformes de politique économique».
Le Parlement grec doit voter dans les prochains jours une série de très impopulaires mesures d'austérité et des privatisations.
Le Premier ministre Georges Papandréou, confronté à une fronde dans son parti, a dû remanier son gouvernement. Il a réclamé dimanche un «accord national» des partis politiques face à la crise et un vote de confiance des députés à un «moment crucial» pour le pays, à l'ouverture d'un débat sur le sujet au Parlement.
Une question sensible
Le versement des 12 milliards d'euros de prêts est le plus urgent pour permettre à la Grèce, toujours asphyxiée par sa dette, de respirer jusqu'à septembre.
Mais les Européens doivent toujours boucler un nouveau plan de sauvetage, avec «au moins un accord de principe» dimanche ou lundi, selon une source diplomatique.
Une solution était espérée initialement avant fin juin, mais des divergences sur ses modalités l'ont reportée au moins jusqu'à mi-juillet.
Les besoins sont chiffrés à une centaine de milliards d'euros jusque fin 2014, à répartir entre des nouveaux prêts, des privatisations et une participation des banques et autres détenteurs privés de dette grecque.
La question de la participation du privé, exigée par l'Allemagne et d'autres pays comme les Pays-Bas, l'Autriche ou la Slovaquie, est très sensible car il faut éviter à tout prix que le marché l'assimile à un défaut de paiement, qui créerait la panique dans toute la zone euro.
La chancelière allemande Angela Merkel a accepté 'idée que la participation des banques et fonds d'investissement soit seulement «volontaire» mais a répété samedi qu'elle devrait être «substantielle».
La mise en garde de Jean-Claude Juncker
Pour la Grèce, on s'oriente vers un «roll-over», voyant les créanciers renouveler leurs prêts arrivés à échéance.
Mais les modalités exactes restent à fixer, avec notamment des tractations en coulisses avec les agences de notation pour voir quelle solution elles jugent acceptable, selon une source diplomatique.
Les Européens savent qu'ils risquent gros. «La faillite (de la Grèce) peut contaminer le Portugal et l'Irlande, et en raison de leur endettement élevé la Belgique et l'Italie, même avant l'Espagne», a prévenu le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker.
Plus largement, la crise de la dette menace le projet européen tout entier, selon une étude publiée cette semaine par un think-tank réputé à Bruxelles, le European Policy Center. «L'inimaginable est devenu imaginable, la sortie d'un pays de la zone euro, la fin de l'euro et même une désintégration de l'UE ne sont plus tabous», écrit le think-tank.