Et si c'était le moment d'entreprendre...
A la House of entrepreneurship, Tom Baumert sait combien une sortie de crise peut représenter un moment favorable pour lancer un business. Reste à bien définir son projet et ne surtout pas s'improviser chef d'entreprise.
Pour Tom Baumert, le principal reste que l'entrepreneuriat fasse de plus en plus partie des choix de carrière au Luxembourg. Crise ou non. © PHOTO: Gerry Huberty
«Je crois que l'entrepreneuriat, c'est l'espoir!» Tom Baumert martèle la formule d'autant plus volontiers que certains ne voient plus que de sombres perspectives pour l'activité nationale et l'économie mondiale. Mais le directeur Entrepreneurship de la Chambre de commerce reste formel : «Chaque crise apporte son lot d'opportunités en termes de création d'entreprises. Et celle du covid-19 n'échappe pas à la règle». L'instant peut même s'avérer d'autant plus propice que le contexte rend timide la concurrence. «Donc avec un bon projet, le produit ou service adapté et le courage de se lancer, on peut trouver un environnement favorable à l'entrepreneuriat».
Et, à dire vrai, à la House of entrepreneurship (HOE ces derniers mois, on n'a pas reçu que des appels ou des demandes concernant les mesures d'aides apportées aux sociétés déjà installées (12.500 appels tout de même pour la hotline depuis mars). «J'ai été surpris de voir combien l'intérêt pour créer sa propre structure avait été relancé», note le directeur. «Certes, le pays reste encore loin de l'esprit d'initiative des pays d'Europe du nord ou des Etats-Unis. Mais les chiffres témoignent tout de même d'un succès grandissant pour l'entrepreneuriat. Cela devient un choix de carrière bien plus tentant qu'il y a une dizaine d'années.»
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En connaisseur des difficultés, Tom Baumert ne manque jamais de calmer les ardeurs les plus vives. «Le Luxembourg s'appuie sur un entrepreneuriat d'opportunité largement majoritaire (81% de la création d'entreprise), c'est une voie bien plus assurée que l'entrepreneuriat par nécessité. Celui qui est choisi quand toutes les autres portes de l'emploi se sont fermées généralement.»
Si les aides économiques les plus visibles du gouvernement ont porté sur l'aide aux entreprises existantes et touchées par la crise covid (à commencer par l'attribution du chômage partiel ou des fonds pour les petites structures), il reste toujours des enveloppes et des initiatives pour soutenir les créateurs d'entreprise. «On a vu par exemple combien, avec le confinement, la digitalisation avait pris d'importance. Que ce soit pour l'organisation du travail, l'e-commerce ou le marketing via les réseaux sociaux, il est certain qu'il y a des choses à faire dans ce domaine», indique Tom Baumert.
Evidemment, le but de la House of entrepreneurship n'est évidemment pas de convaincre tout le monde de créer sa société dans n'importe quel secteur. «Dans l'immédiat, par exemple, ce serait dur dans la restauration ou l'événementiel de tenter quelque chose, reconnait-il. Mais je crois que ceux qui se lancent actuellement ont bénéficié de plus de temps de réflexion pour mûrir leur projet.» Un effet positif du lockdown en quelque sorte.
Rester positif même quand la situation est difficile, voilà une clé de la réussite
Ainsi, les dossiers qui arrivent à la HOE sont-ils plus matures. «C'est un bon point. Mais le taux de survie d'une société reste certes lié au contexte économique mais aussi à l'expérience et à la technicité de celui ou celle qui la porte. Notre travail ici est de montrer que l'entrepreneuriat est une possibilité envisageable. Seulement, il faut structurer et challenger son idée avant de se lancer».
De l'intérêt alors de se tourner vers la House of entrepreneurship. Celle-ci possède dans sa trousse tous les outils pour aider et soutenir non seulement les futurs entrepreneurs dans leur création mais aussi accompagner les entreprises dans leur développement. «Par exemple, depuis la mi-mars via notre service financement, nous avons validé 405 demandes de cautionnement (pour un montant de 15,7 millions d'euros). Somme qui vient en complément d'autres aides étatiques.»
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Depuis le 20 avril, le programme #ReAct s'ajoute aux soutiens disponibles. Déjà une centaine d'entrepreneurs ont bénéficié de ces ateliers (menés en vidéoconférence) où consultants, juristes, project managers et autres interviennent pour conforter ou réorienter les ambitions des participants mais aussi offrir une plateforme d'échanges où les entrepreneurs de demain peuvent se parler, s'épauler, voir qu'ils ne sont pas isolés.
Début juillet, le Premier ministre Xavier Bettel a annoncé la mise en place d'autres actions de soutien à la création d'entreprise. Signe que le mouvement s'enclenche et doit se poursuivre aux yeux du chef du gouvernement. Et Tom Baumert de conclure, plein d'optimisme : «Rester positif même quand la situation est difficile, voilà une clé de la réussite».
Reprendre plutôt que créer
«Bon nombre de chefs d'entreprise ont un sentiment de revanche actuellement.» De ces nombreux contacts, Tom Baumert a tiré cette analyse : «Pour des patrons qui ont créé et porté leur entreprise, il n'est pas question de rester sur cet échec lié au covid. Alors, en ce moment, certains patrons font le dos rond mais voudront vite prouver que leur société a bien sa place dans l'écosystème luxembourgeois», note le directeur d'Entrepreneurship. Mais selon lui, certaines entreprises devraient trouver une opportunité en réfléchissant à une possible transmission. De l'intérêt, qui sait, de se projeter comme repreneur plutôt que créateur. «Le repreneuriat donne une certaine sécurité avec la reprise des commandes d'une société disposant déjà d'un produit, une connaissance du marché et d'un outil de production existant». Un bon milieu entre l'immobilisme et le saut dans le vide d'un business naissant.