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L'artisanat n'est toujours pas sorti d'affaire

Le secteur a tangué mais n'a pas sombré dans la tempête covid. Il n'empêche que pour assurer la viabilité de nombre d'entreprises, la Chambre des métiers demande au gouvernement de ne pas couper brutalement ses aides.

La crise a ralenti de moitié la création d'emploi dans l'artisanat. Un secteur qui, en 2020, représentait 8.031 entreprises, 99.579 emplois et 1.813 apprentis.

La crise a ralenti de moitié la création d'emploi dans l'artisanat. Un secteur qui, en 2020, représentait 8.031 entreprises, 99.579 emplois et 1.813 apprentis. © PHOTO: Illustration : Shutterstock

Patrick Jacquemot

Comment voir le verre : à moitié plein ou à moitié vide? Car, à l'entame de cette deuxième année marquée par l'impact de la crise covid, la situation de l'artisanat apparaît bien contrastée. Certes, le secteur compte plus d'entreprises aujourd'hui (8.031) que début 2020, mais il a dû considérablement réduire la voilure en termes de création d'emplois (53% de moins qu'en 2019). Plus dur à supporter encore : 80% des sociétés artisanales ont perdu entre 14 et 35% de leur chiffre d'affaires d'une année sur l'autre.

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Ces chiffres, le président de la Chambre des métiers n'a pas manqué de les détailler, lundi, au cours d'une rencontre avec le ministre des Classes moyennes. Un Lex Delles (DP) qui n'a pu que souscrire aux inquiétudes du secteur qui, pour 89% des sociétés, n'a réussi à s'en sortir qu'en ayant recours aux aides étatiques, «une bouffée d'oxygène».

Grâce à tout le panel d'aides d'ailleurs : du chômage partiel aux indemnités pour indépendants, de la garantie des prêts par l'Etat aux avances remboursables. Sans oublier ce dernier volet (qui a tant fait débat) de la couverture des coûts non couverts.

Aucun doute à avoir donc: ces ''parachutes'' ont clairement permis d'éviter des crashes. Et aujourd'hui, 51% des sondés affirment que leur entreprise «est toujours en bonne santé». Mais ce sont surtout les 49% restants sur lesquels il convient de toujours bien veiller, a alerté Tom Wirion. Le directeur de la Chambre des métiers rappelant que l'affaiblissement du carnet de commandes, les problèmes de liquidités, la pénurie de main-d'oeuvre dans certaines spécialités ou la hausse des coûts pénalisant désormais le secteur de la construction ou de la mécanique constituaient une réalité préoccupante en ce premier semestre 2021.

Et si Lex Delles ou son ministre de tutelle Franz Fayot (LSAP) manquaient d'idées pour «l'après-crise», Tom Wirion s'est chargé d'avancer les propositions des artisans. A commencer par un «phasing out» en douceur des mesures d'aide publique.

Car couper trop brutalement le robinet des soutiens pourrait s'avérer préjudiciable à l'heure actuelle, estime la Chambre des métiers. Tout comme le gouvernement est interpellé à se préoccuper des «effets secondaires de la pandémie» comme la hausse des prix des matériaux et des difficultés d'approvisionnement. Deux problèmes venus s'ajouter et qui commencent à freiner plusieurs pans de l'activité luxembourgeoise.

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La Chambre souhaite aussi voir «accentuer le soutien à l'esprit entrepreneurial». Notamment via la «suppression des inégalités entre le statut de l'indépendant et celui de salarié», sujet qui avait opposé patronat et ministre du Travail l'an passé déjà. Il est aussi question de relancer la simplification administrative ou de mettre en place «un Pacte Climat PME», cela afin d'aider les petites et moyennes entreprises artisanales à participer à la transition énergétique et au développement durable de leur activité.

Chacun à sa façon

Il n'y a pas que des couvreurs dans la (longue) liste des artisans luxembourgeois. Et, de fait, les conséquences de la crise sur les différentes professions ont pu être diversement ressenties. Certaines activités ont ainsi été mises à l'arrêt obligatoire à deux reprises, lors des lockdowns de mars puis de décembre. Le télétravail a fait baisser la part de clientèle de certains professionnels, notamment en raison de l'absence des frontaliers qui n'ont plus consommé au Grand-Duché. Que dire de l'événementiel, privé de toute activité depuis un an maintenant. Les espaces commerciaux ont aussi vu passer moins de clients, par le seul fait notamment des restrictions du type 1 client/10 m2.

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