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L'index ne devrait pas tomber avant 2022

Bonne nouvelle pour les consommateurs : pour les mois à venir, le Statec ne prévoit pas d'inflation conséquente. De quoi repousser la prochaine hausse systématique des salaires. Par contre, le Luxembourg doit s'attendre cette année à un déficit public comme jamais connu ces 25 dernières années.

L'emploi pourrait tout de même progresser de 0,8% en 2020. C'est une des rares perspectives optimistes avancées par le directeur du Statec.

L'emploi pourrait tout de même progresser de 0,8% en 2020. C'est une des rares perspectives optimistes avancées par le directeur du Statec. © PHOTO: Guy Jallay

Patrick Jacquemot

Rien de bien réjouissant dans la note de conjoncture présentée, jeudi, par le Statec. Tout juste, doit-on se contenter d'un effet désinflationniste annoncé par les experts de l'économie luxembourgeoise. Ainsi, la crise ne serait pas accompagnée dans les mois à venir par une flambée des prix dans le panier de la ménagère. A peine 0,6% d'augmentation de l'inflation attendue désormais. De quoi ne pas trop peser sur des porte-monnaie qui n'ont guère pu prendre de poids ces trois derniers mois.

La gratuité des transports publics, la chute vertigineuse des tarifs pétroliers mais aussi un probable affaiblissement de la demande maintiendront ainsi les étiquettes à leur niveau actuel, selon le Statec et son directeur Serge Allegrezza. Une "bonne nouvelle" qui, de fait, repoussera le déclenchement du prochain index à bien plus tard que prévu. Il est désormais question de 2022... Pour le reste, dans l'analyse proposée en ce troisième mois de crise, le seul autre point (un peu) réconfortant est dans le constat que les parachutes sociaux déployés par le gouvernement devraient permettre d'éviter bien des crashes parmi les salariés.

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Ainsi, alors que le bond du chômage en mars et avril pouvait faire craindre le pire pour la suite de l'année, les analystes du Statec estiment que la situation devrait se stabiliser sur les prochains mois. Les mesures de chômage partiel (pour lesquelles le gouvernement a déjà dépensé 795 millions d'euros) ou le congé pour raisons familiales (280 M€ de budget prévu sur quatre mois) ont limité les effets du ralentissement de l'activité depuis mars. Dans la même veine, les mesures de maintien dans l'emploi prises pour demain pourraient limiter le nombre de nouveaux inscrits à l'Adem.

En décembre néanmoins, le Statec envisage un taux de chômage de l'ordre de 6,7% de la population active (il est actuellement de 6,9%), cela malgré un volume d'emploi intérieur en progression de 0,8% par rapport à l'an dernier.

L'intervention de l'Etat dans le paiement des indemnités de chômage partiel entraînera également une baisse du coût salarial pour les employeurs du pays. De l'ordre de -5%, avancent Ferdy Adam et Bastien Larue, prévisionnistes au Statec. Et même -8% si l'on ne s'en tient qu'au secteur privé. Reste tout de même que l'activité du pays, «relativement soutenue» début 2020, devrait déchanter. Les experts envisageant d'ores et déjà un repli de 6% pour le produit intérieur brut national. Mais un rebond de 7% pour 2021, noteront les optimistes.

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A Pierre Gramegna maintenant la mission la plus délicate. Le ministre des Finances doit en effet totalement revoir sa feuille de route pour les six mois à venir. Car, confirme le Statec, les finances publiques sortiront de l'épisode covid à bout de souffle. «Considérablement dégradées» même. Les divers plans de stabilisation ou de relance devraient coûter de l'ordre d'1,5 milliard d'euros, facture inattendue. Entre dépenses sociales et coûts médicaux liés à la prise en charge de l'épidémie (réorganisation des hôpitaux, dépistage, matériels de protections pour les soignants et la population), la note fera progresser de 12% les dépenses publiques.

L'emprunt de 2,5 milliards, signé en avril, n'y changera rien: 2020 devrait s'achever avec un trou dans les caisses de l'ordre de 3,5 milliards d'euros pour ces 12 mois. Un déficit, certes pas si catastrophique au regard des 20 milliards de budget, mais dont les experts rappellent qu'il serait «inédit» sur le dernier quart de siècle. Et l'on regrettera alors les 448 millions d'euros d'excédent dégagés par l'administration centrale en 2019. Autres temps, autres mœurs.

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