Virgule

L'Opep devrait reconduire ses quotas

L'Opep, qui se réunit mercredi à Vienne sur fond d'enlisement de la crise libyenne, devrait laisser inchangés ses quotas de production, en dépit de l'envolée des prix du brut et d'une pression accrue des pays consommateurs, estiment les analystes.

L'Opep, qui se réunit mercredi à Vienne sur fond d'enlisement de la crise libyenne, devrait laisser inchangés ses quotas de production, en dépit de l'envolée des prix du brut et d'une pression accrue des pays consommateurs, estiment les analystes.

Les ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) «devraient maintenir le statu quo, étant donné les signes de plus en plus nombreux d'un ralentissement de la demande pétrolière mondiale», a indiqué Julian Jessop, expert du cabinet britannique Capital Economics.

Une série d'indicateurs décevants aux Etats-Unis, notamment sur l'emploi, l'immobilier ou la confiance des consommateurs, a confirmé ces derniers jours le manque de vigueur de la reprise économique chez le premier consommateur mondial de brut. Cependant, les cours du baril restent à des niveaux élevés, oscillant autour de 115 dollars à Londres, et les tensions sur l'offre mondiale restent vives, exacerbées par l'absence de la production libyenne.

Ce qui a poussé l'Agence internationale de l'Energie (AIE) à sonner l'alarme, pointant mi-mai «un besoin clair et urgent pour davantage d'offre». «Les pays producteurs doivent compenser le manque du brut libyen mais aussi répondre à une hausse saisonnière de la demande de la part des raffineurs, qui sortent de leur période de maintenance et se préparent pour la consommation estivale», a confirmé Harry Tchilinguirian, analyste chez BNP Paribas.

«Il peut y avoir des discussions sur l'éventuel relèvement de la production» du cartel, mais les tensions politiques «rendront extrêmement difficile toute décision de remaniement des quotas», a-t-il estimé, notant que la manière dont la Libye, membre de l'Opep, sera représentée à la réunion demeure une inconnue.

Calmer le jeu avant tout

Cacique du régime du colonel Kadhafi et habitué des réunions de l'Opep, le ministre libyen du Pétrole Choukri Ghanem a déclaré le 1er juin depuis Rome avoir «quitté son pays» pour rejoindre la rébellion. «Les ministres (réunis à Vienne) ne vont pas se risquer à réattribuer les quotas de production dévolus à la Libye aux autres membres. Cela ranimerait les rivalités au sein du cartel, ce serait ouvrir la boîte de Pandore!», explique Manouchechr Takin, expert du cabinet d'études spécialisées CGES.

Les quotas de production de l'Opep, qui regroupe 12 pays et pompe près de 40% du pétrole mondial, sont fixés à 24,84 millions de barils par jour (mbj) depuis le 1er janvier 2009, et pourraient donc être reconduits mercredi pour la huitième fois. A défaut d'un changement de la politique officielle du cartel, «certains pays devraient être tentés de relever leur production à titre individuel afin de profiter du niveau actuel des prix, quitte à ce que le respect des quotas s'érode encore davantage», a cependant souligné M. Jessop.

«On voit difficilement l'Opep bouleverser un environnement (de prix) qui lui est actuellement très favorable», a renchéri Carsten Fritsch, de Commerzbank. Depuis la dernière réunion de l'Opep en novembre 2010 en Equateur, les cours du pétrole se sont envolés, atteignant 127 dollars fin avril à Londres - leur plus haut niveau depuis l'été 2008, sur fond de troubles dans le monde arabe.

Ils ont connu une violente correction de 15 dollars en mai, avant de se stabiliser. «Plus que les quotas, qui sont un chiffre arbitraire et peu respecté, le marché s'attache à surveiller la production réelle du cartel», insiste Harry Tchilinguirian. «Après l'arrêt des exportations libyennes en février, l'Opep a fait bien peu de choses au bout du compte, et le pays qui dispose de la plus grande capacité excédentaire de production, l'Arabie saoudite, a gardé sa production quasiment inchangée», observe-t-il.

Sur le même sujet