La BCE ralentit sur les hausses de taux mais reste ferme contre l'inflation
La BCE a ralenti jeudi le rythme de ses hausses de taux mais maintiendra une politique monétaire restrictive aussi longtemps que nécessaire pour combattre une inflation toujours «trop élevée».
«Nous avons couvert beaucoup de terrain au cours des neuf derniers mois et nous continuons. C'est un voyage. Nous ne sommes pas encore arrivés» © PHOTO: AFP
Les principaux taux directeurs ont été relevés de 0,25 point de pourcentage, la septième hausse depuis juillet 2022 et le début de la campagne de resserrement monétaire sans précédent en zone euro.
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S'il s'agit du geste le plus modéré de la Banque centrale européenne depuis qu'elle a commencé son tour de vis, il ne faut pas en déduire que les gardiens de l'euro baissent la garde, a prévenu Christine Lagarde, la présidente de l'institution.
«Nous ne faisons pas de pause» dans la lutte contre l'inflation, a-t-elle assuré en conférence de presse. «Nous avons couvert beaucoup de terrain au cours des neuf derniers mois et nous continuons. C'est un voyage. Nous ne sommes pas encore arrivés», a ajouté la Française, assurant que la BCE «a encore du chemin à faire».
Comme en mars, l'institution n'a pas donné d'indication claire sur la suite du «voyage» et de possibles hausses de taux supplémentaires qui dépendront des données économiques.
Effet progressif
L'inflation en avril a navigué en zone euro encore bien au-dessus de l'objectif de 2%, regagnant 0,1 point de pourcentage, à 7,0%, après des mois de ralentissement, ont relevé les gardiens de l'euro.
Un ralentissement significatif n'est pas attendu à court terme, d'autant que «les pressions salariales se sont encore renforcées, les salariés récupérant une partie du pouvoir d'achat qu'ils ont perdu en raison de l'inflation élevée», a noté Mme Lagarde.
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Signal plus positif: en excluant les prix d'énergie, de l'alimentation, du tabac et de l'alcool, l'inflation «sous-jacente» a reculé pour la première fois en un an, à 5,6% contre 5,7% en mars, selon Eurostat.
En renchérissant le crédit, la BCE veut freiner la demande de prêts immobiliers, à la consommation ou pour les investissements des entreprises et ainsi faire ralentir la hausse des prix. Les taux d'intérêt de la BCE se situent désormais dans une fourchette comprise entre 3,25 et 4%, au plus haut depuis octobre 2008.
Cette politique commence à porter ses fruits: dans le secteur bancaire, les conditions d'octroi de prêts se durcissent comme jamais depuis la crise de la dette souveraine de 2011 et la demande de crédits s'en ressent, selon les dernières données de la BCE.
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La faible croissance du Produit intérieur brut de la zone euro, de 0,1% au premier trimestre, atteste également la baisse de régime souhaitée par la BCE.
Mais «nous n'avons pas encore les répercussions complètes que nous souhaitons» pour arriver à l'objectif d'inflation à moyen terme, a souligné Mme Lagarde qui attend de constater davantage d'effets de ce renchérissement du crédit sur l'activité réelle.
Réduire le bilan
La banque centrale américaine, qui a démarré son resserrement monétaire plus tôt que son homologue européenne, a également modéré la cadence du resserrement monétaire, mais sans annoncer formellement de pause à venir. La Fed a relevé mercredi son principal taux directeur d'un quart de point de pourcentage, comme la BCE.
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En zone euro, les économistes tablent sur un taux de dépôt culminant entre 3,50% et 3,75% d'ici le creux de l'été. «Une fois atteint ce plateau, les taux devraient se stabiliser pendant une période relativement longue», avance Maxime Mura, gérant chez Swiss Life Asset Managers.