La Chambre de commerce détaille son plan de relance
Renforcer la compétitivité de l'économie, miser sur les investissements publics, soutenir l'emploi, favoriser l'innovation et développer une fiscalité attractive, l'institution a dévoilé ce mercredi ses idées pour assurer une reprise durable favorable aux entreprises.
Pour la Chambre de commerce, l'Etat doit maintenir les gros investissements publics. © PHOTO: Pierre Matgé
Si des mesures fortes et rapides ont été mises en place par le gouvernement pour éviter une crise économique plus profonde et de nombreuses pertes d'emploi à la clé, la Chambre de commerce estime que «ces mesures doivent être prolongées» car le risque de faillites en chaîne au cours des prochains mois est bien réel.
«La vigilance, la réactivité et la flexibilité doivent rester de mise à un moment où la crise et ses impacts négatifs sur l’économie et les entreprises vont se prolonger bien au-delà de l’année 2020», estime la Chambre de commerce. Si cette dernière s'engage à soutenir le gouvernement pour aider les entreprises à traverser cette période, elle a également mis sur la table cinq propositions pour accompagner la phase de relance.
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La première concerne l'attractivité et la compétitivité de l'économie. Pour rester attractif, le Luxembourg a besoin d'une stabilité juridique et politique. La Chambre de commerce estime important «de consolider ces avantages pour poursuivre la diversification économique (accélérer la digitalisation des services publics ; la simplification administrative est soulignée)». L'idée est de réduire au maximum les procédures des entreprises.
Pour la Chambre de commerce, la législation sur les faillites doit être modernisée. «La création d'un modèle permettant aux dirigeants d'évaluer régulièrement la santé de leur entreprise (autodiagnostic) doit être une priorité, afin de pouvoir agir avant que les difficultés financières ne surgissent». Pour l'établissement public, la House of Entrepreneurship se présente comme le partenaire idéal du gouvernement pour mettre en place un tel outil.
I comme investissements et innovation
En matière de diversification économique, la Chambre de commerce avance l'idée de bâtir au Luxembourg un «écosystème santé», une véritable Medical Valley, nouveau pôle d'expertise pour le pays, qui pourrait graviter autour d'une medical school proposant un enseignement médical complet.
Le Luxembourg dispose d'ailleurs d'atouts indéniables grâce à ses acteurs privés performants regroupés au sein du cluster BioHealth et avec le Luxembourg Institute of Health. Un exemple de spécialisation dans un domaine à fort potentiel qui peut être envisagée en parallèle des secteurs financier industriel, du commerce et des services traditionnels.
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Le deuxième levier à actionner est celui des investissements publics. Ces derniers doivent consolider la relance et offrir au pays des infrastructures et technologies modernes qui renforcent son attractivité auprès des investisseurs. «Les investissements à privilégier sont ceux répondant aux impératifs de la double transition numérique et environnementale» estime la Chambre qui propose que les capacités d'investissements soient maintenues en 2020 telles que prévues par le programme pluriannuel.
Le troisième pilier qui doit assurer la relance concerne la Recherche, le Développement et l'Innovation (RDI). Un secteur porteur de créations d'emploi, de renforcement de la compétitivité des entreprises, d'amélioration de la qualité de vie des citoyens ou de croissance plus durable. A l'instar des grands travaux, c'est aussi l'occasion de donner un coup de pouce aux transitions digitales, environnementales et durables.
Réduire le coût du travail
Le maintien de l'emploi reste une des principales priorités du Luxembourg. Des mesures d'urgence ont été prises concernant le soutien à l'emploi durant le confinement (chômage partiel). «Il s'agit là de mesures temporaires. Sachant que la reprise sera progressive, le maître mot doit rester la flexibilité, jusqu'au retour normal de l'activité et certainement au-delà du 31 décembre 2020», avance la Chambre.
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Cette dernière ambitionne de soutenir l'emploi en diminuant par exemple le coût du travail dans certains cas précis (réduction des cotisations sociales, exemption de charges sociales sur les heures supplémentaires,...) en facilitant le développement du télétravail volontaire ou encore en encourageant les entreprises à intensifier leurs politiques de formation du personnel. Les indépendants ne sont pas oubliés. Particulièrement vulnérables face aux conséquences de la crise, la Chambre envisage de «les inclure dans les régimes d'aide».
Enfin la fiscalité est le dernier pilier sur lequel l'institution compte s'appuyer pour soutenir la relance. La Chambre de commerce rappelle qu'il est «nécessaire de veiller à l'évolution des taux d'imposition des sociétés». A terme, et dans un souci évident d'attractivité fiscale, le Luxembourg doit figurer dans le premier tiers du classement des pays affichant le taux nominal d'imposition des sociétés le plus favorable.