L'ambiance dans les entreprises est moins bonne que durant la pandémie
Des solutions pour relancer l'attractivité du modèle économique luxembourgeois sont recherchées.
Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de commerce: «Dans les classements sur la rentabilité, les entreprises luxembourgeoises hors du secteur financier sont mal placées». © PHOTO: Gerry Huberty
Le modèle économique luxembourgeois, habitué au succès, est actuellement mis à rude épreuve par l'inflation, les prix élevés de l'immobilier et la stagnation de la compétitivité.
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Afin de trouver des pistes pour sortir de la «polycrise», la Chambre de commerce a invité lundi soir les candidats des partis politiques en lice pour les élections législatives à une table ronde. Devant un public d'environ 280 personnes, les candidats ont ensuite esquissé leurs propositions, par exemple sur le coût du travail et le mécanisme d'indexation.
«Le courage consiste d'abord à regarder ses propres faiblesses», a souligné Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de commerce. «Dans les classements sur la rentabilité des entreprises non financières, le Luxembourg figure parmi les derniers et se situe loin derrière la moyenne européenne», fait remarquer Thelen.
Mauvaise ambiance dans les entreprises
Comme le montrent les enquêtes menées par la Chambre de commerce, les entrepreneurs font état d'une forte perte de confiance, particulièrement marquée chez les dirigeants de petites et moyennes entreprises, informe la Chambre de commerce. La nouvelle édition du baromètre économique, dont les premiers résultats ont été présentés en exclusivité lors de la table ronde et seront publiés prochainement, montre même que la confiance en l'avenir de l'économie luxembourgeoise est au plus bas. Elle se situe en dessous du niveau atteint au moment de la pandémie.
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Les tranches d'indexation successives appliquées depuis la crise du covid ont freiné les projets de développement des entreprises, selon la Chambre de commerce. «Les conséquences sur l'emploi sont importantes: 40% des chefs d'entreprise déclarent avoir renoncé à des créations d'emplois», indique la Chambre de commerce, «et 45% déclarent les avoir retardées». Enfin, les indexations auraient conduit 52% des entreprises à reporter certains projets d'investissement, «et 44% à les annuler purement et simplement». Parmi les 611 entreprises qui ont participé au baromètre, 60% ont déclaré avoir répercuté partiellement les indexations sur leurs prix et 27% ont déclaré les avoir répercutées entièrement.
44% des entreprises interrogées ont purement et simplement annulé des projets d'investissement.
Si plusieurs candidats ont fait valoir que l'indexation faisait partie de la solution pour lutter contre l'inflation et la baisse du pouvoir d'achat, préserver la paix sociale et continuer à attirer les talents, le caractère inégalitaire du système a également été souligné de manière générale, tant pour les salariés que pour les entreprises de secteurs économiques particulièrement exposés, comme l'hôtellerie-restauration, qui doivent faire face à la fois à des augmentations de salaires, de loyers, de matières premières et d'énergie.
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Les solutions discutées: une indexation des salaires limitée aux plus bas salaires ou un forfait pour les plus aisés, le plafonnement des prix de l'énergie, une simplification de l'administration et une flexibilisation de l'emploi et du temps de travail.
Si certains candidats ne voient aucun inconvénient dans le facteur fiscal pour les entreprises, pour d'autres, la compétitivité fiscale est un élément clé du développement. Des réductions d'impôts encourageant les investisseurs, moins de contraintes environnementales sans remettre en cause l'intégration des préoccupations environnementales et un soutien accru aux entreprises dans leurs efforts de décarbonisation ont été largement discutés.
«La résilience de l'économie et les défis territoriaux ont constitué le troisième grand axe de discussion, en mettant notamment l'accent sur la diversification de l'économie, une réindustrialisation du Luxembourg dans la perspective d'une politique européenne renforcée et les défis de l'aménagement du territoire», indique la Chambre de commerce.
Une croissance trop rapide
Selon Carlo Thelen, la forte croissance du Luxembourg ces dernières années n'a pas été suffisamment anticipée et accompagnée. Si la qualité de vie a longtemps été l'un des moteurs de l'attractivité du Luxembourg, le pays serait désormais un territoire où il est difficile de se déplacer ou de trouver un logement abordable. Les propositions pour y remédier vont des zones d'activités transfrontalières gérées en commun, des incitations pour réduire la spéculation foncière, une construction accrue en hauteur.
Les entreprises et les autorités doivent collaborer étroitement pour relever les défis.
Président de la Chambre de commerce
Fernand Ernster, président de la Chambre de commerce, déclare: «Donnons-nous les moyens d'exceller dans la diversification du tissu économique, d'agir sur la disponibilité des zones d'activités susceptibles de favoriser la croissance, de maîtriser les coûts énergétiques et de maintenir une Place financière compétitive. Les entreprises et les autorités doivent travailler en étroite collaboration dans ce domaine».
La Chambre de Commerce a élaboré deux brochures sur les problématiques de la compétitivité et du logement, disponibles en ligne sur son site internet, qui présentent non seulement un état des lieux, mais aussi des solutions possibles: Attractivité et compétitivité du modèle économique et Développement territorial pour répondre aux besoins de logement et de mobilité.
Cet article a initialement été publié sur le site du Luxemburger Wort.
Adaptation: Simon Martin