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Le covid-19 affecte aussi la venue de Google à Bissen

La saga de l’installation d’un data center va connaître de nouveaux développements. En raison de la pandémie de coronavirus, la commune hôte du géant américain devrait différer sa décision finale à l’automne. Rappel des faits.

(DH avec Luxembourg Times) - Ce n'est pas un serpent de mer, mais le projet d'implantation du centre de données de Google à Bissen y ressemble étrangement. Dernier rebondissement en date, alors que le projet devait voir le jour, ou être complètement abandonné, au cours de ce printemps, la commune du canton de Mersch joue la montre.

En effet, en raison de la pandémie de covid-19, selon nos confrères de Luxembourg Times, les autorités communales devraient reporter le vote définitif de la construction du data center, au mieux à la fin de l’été, ou, plus vraisemblablement à cet automne. «Nous ne tiendrons probablement pas cette session avant septembre», a commenté David Viaggi, le bourgmestre bissenois. «Ce ne serait pas concevable autrement, car il nous est difficile de discuter de ce sujet en ce moment à travers la distanciation sociale» ou «de voter en l'absence de public».

Cet énième épisode entrave un peu plus l'implantation du mastodonte de l'internet que le gouvernement, notamment par la voix d'Etienne Schneider (LSAP), l'ancien ministre de l'Economie, appelait de ses vœux. De la genèse à ce jour, voici le rappel des principaux chapitres du projet Google dans la périphérie de Bissen.

Offre de services et remous politiques

En perte de vitesse par rapport aux spécialistes du stockage de données (cloud computing), notamment Amazon Web Services, le géant américain entend rattraper son retard et lance son offensive. Il décide alors la création de douze nouveaux data centers dans le monde. Le Luxembourg, qui a fait des hautes technologies son credo, se positionne, en 2017, et avance des caractéristiques idéales, entre son orientation business et son infrastructure qui le relie à toutes les grandes capitales. Le gouvernement propose alors Bissen. Google acquiert alors 33 hectares destinés à son implantation future.

Le site choisi par Google.

Le site choisi par Google. © PHOTO: Pierre Matgé

Et si certains, comme le Mouvement écologique, critiquent le projet, le vote du conseil communal pour un reclassement sélectif du plan d'aménagement général (PAG) au lieu-dit Busbierg est unanime, en janvier 2019. La situation autour du projet se tend pourtant. Privé de soutien parmi les dix conseillers communaux en place, le bourgmestre Jos Schummer (CSV) démissionne. David Viaggi (Är Leit) le remplace.

Le 19 juin 2019, le conseil communal de Bissen vote un nouveau «oui» mais moins unanime qu'en début d'année, visant à la modification ponctuelle du plan d'aménagement général qui va permettre à Google d'implanter son data center.

Le site de Google à Bissen pourrait ressembler à ce plan.

Le site de Google à Bissen pourrait ressembler à ce plan. © PHOTO: Infographie: WW+

Opération séduction et scepticisme

Près de 400 personnes ont répondu à l'invitation de Google, le 21 novembre en soirée à Bissen. Pour la première fois, les responsables du géant américain de l'internet avaient convié les citoyens à une séance d'information.

Fabien Vieau, directeur régional de Google pour les centres de données et la stratégie de localisation, et Frédéric Descamps, directeur du centre de données de Google, ont répété l'exercice devant la presse, dans la matinée. Mais le public se montre sceptique notamment quant à la réduction de l'impact négatif sur l'environnement et la pollution sonore, présentée comme minime par Google.

Le data center devrait voir le jour dans la parcelle brune en haut de ce plan.

Le data center devrait voir le jour dans la parcelle brune en haut de ce plan. © PHOTO: Frank Weyrich

«Beaucoup de questions, peu de réponses»

Avant-dernier épisode en date, le délai pour s'opposer à l'installation du centre de données expire le 6 janvier et 170 avis négatifs sont recensés à l'issue de la consultation du plan d'aménagement par le public. Ils émanent notamment des deux initiatives citoyennes, «Un der Atert» et «Pro Bissen», nées à l'annonce de l'implantation possible du centre de données.

Parmi les griefs, les autorités recensent pêle-mêle, un Plan d'aménagement partiel (PAP) qui ne respecterait pas le Plan d'aménagement général (PAG) de la commune, le manque d'éléments concrets comme la consommation de kilowatts/ heure, les décibels émis ou les litres d'eau consommés pour le refroidissement des installations. «Beaucoup de questions, peu de réponses», indiquent les détracteurs.

Avant son départ du gouvernement, en février, Etienne Schneider prend acte de difficultés à mener le projet à bien, mais confirme, qu'en cas de refus de l'implantation de Google, Bissen disposera bien d'une zone d'activités. La commune, également choisie comme site d'un campus de recherche et de développement automobile, va aussi accueillir l'un des premiers supercalculateurs européens. La Commission européenne en a pris la décision au mois de juillet dernier.

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