Le Luxembourg ne gagne pas d'argent sur le dos des Grecs
Mardi, dans un courrier à un député européen, le patron de la BCE a indiqué que l'aide à la Grèce avait rapporté 7,8 milliards d'euros. Dont une partie au Luxembourg. Qu'est devenu cet argent?
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par Thierry Labro
L'image des vautours européens qui tournent autour du corps presque mort de la Grèce a la dent dure.
Mardi, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a répondu à Nikolaos Chountis, ex-ministre adjoint grec des Affaires étrangères et député européen grec affilié à Syriza, que «le revenu d'intérêts net réalisé sur les titres grecs achetés par les banques centrales nationales de l'Eurosystème dans le cadre du SMP s'élevait à 7,8 milliards d'euros sur la période 2012-16. Ce revenu est composé du coupon gagné et de la décote amortie sur les titres SMP [Securities market programm ou «Opérations monétaires sur titres»] des obligations d'État grecques, qui sont comptabilisés dans le compte de pertes et profits de chaque banque centrale de l'Eurosystème».
Qu'est devenu cet argent, que la Banque centrale grecque dit ne pas avoir reçu dans sa totalité, tout en refusant de donner des chiffres précis?
L'Eurogroupe avait initialement promis de le reverser à la Grèce, avant que l'accord ne vole en éclat en juin 2015 lors du bras de fer européen avec le Premier ministre grec, Alexis Tsipras.
Un montant de 1,8 milliard d'euros pour 2014 est bloqué dans le compte de séquestre créé en 2012 au sein du mécanisme de secours MES pour rembourser directement des échéances de la dette du pays.
4,3 milliards déjà transférés
C'est une question politique «relevant des Etats membres de la zone euro», et pas de la BCE ni des banques centrales nationales, souligne aussi M. Draghi dans son courrier.
Le 6 septembre, le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, avait affirmé que 4,3 milliards d'euros ont été transférés à la Grèce, de 2012 à 2016, au titre des programmes SMP et ANFA, ce dernier étant le programme d'achat de titre propre à la Banque nationale du pays.
Selon la Banque centrale européenne, la part du Luxembourg dans ces 7,8 milliards se monte à la part de son capital dans l'institution européenne, soit 0,28%. Le montant que le Luxembourg devrait reverser aux finances grecques s'élèverait donc à 22,62 millions d'euros si l'on s'en tient à la règle de calcul donnée par la BCE.
Par ailleurs, sur le plan bilatéral, le Luxembourg a accordé des prêts de 140,1 millions d'euros pour 2010 et 2011 dans le cadre du programme d'aide. Au dernier décompte de 2017, ils avaient produit 10,7 millions d'euros d'intérêt. Et le Luxembourg a procédé à deux paiements de compensation, en 2012 et 2014 d'un montant total de 28,3 millions d'euros.
La balance est donc favorable aux finances grecques de 17,6 millions d'euros.
Vendredi après-midi, le cabinet du ministre des Finances, Pierre Gramegna, rappelait la position du gouvernement à l'aide de deux mots «solidarité» et «stabilité». Autrement dit, que conformément à ses engagements, et notamment aux engagements qui figurent dans le document final de la session de juin dernier de l'Eurogroupe, la totalité de cet argent serait mis à disposition de la Grèce. Soit 40,22 millions d'euros.