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Selon le Statec

Le secteur de la construction sous pression

Dans sa dernière note de conjoncture, le Statec prévoit finalement une nouvelle indexation des salaires au premier trimestre 2023, tout en craignant une dégradation des perspectives d'emploi.

La progression des prix à la production dans la construction avoisine les 15% au Luxembourg pour le second trimestre 2022.

La progression des prix à la production dans la construction avoisine les 15% au Luxembourg pour le second trimestre 2022. © PHOTO: Chris Karaba

Journaliste

On a connu le Statec beaucoup plus optimiste que cela. Dans sa dernière note de conjoncture, l'institut national de statistiques a longuement mis en exergue le cas du secteur de la construction qui continue de subir les affres de la hausse des prix de l'énergie et de l'inflation galopante. En effet, si le secteur demeure globalement dans une situation favorable en 2022, plusieurs indicateurs inquiétants témoignent d'une perte de dynamisme. «Des difficultés au niveau de l'offre persistent cette année, auxquelles viennent s'ajouter des signaux négatifs sur la demande adressée à cette branche», résume globalement le Statec.

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En effet, si la confiance des entrepreneurs de la construction avait atteint un sommet au premier trimestre 2022, l'état du carnet de commandes et les perspectives d'évolution de l'emploi se sont nettement dégradés au second trimestre. «Avec en particulier un net repli au niveau des carnets de commande en juin», peut-on lire dans la note. Des problèmes d'offres, liés à des difficultés d'approvisionnement et à une augmentation des prix, mais aussi de demandes, toujours en raison de l'inflation.

Un frein pour les consommateurs

Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que la progression des prix à la production dans la construction avoisine les 15% au Luxembourg pour le second trimestre 2022. «Cette hausse des prix des prestations de construction peut évidemment constituer un frein pour la demande des consommateurs et des entreprises», fait remarquer le Statec.

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De quoi faire craindre un arrêt de la production durant l'hiver? A plusieurs reprises, la Fedil a expliqué que ce scénario était envisageable. Par ailleurs, certains industriels en Europe, notamment dans les domaines du verre et de l'acier, ont déjà fait part de leur décision de suspendre leur production durant l'hiver prochain pour des raisons de rentabilité. «Cela pourrait éventuellement renforcer les difficultés d'approvisionnement pour certains matériaux utilisés dans le secteur de la construction», pense d'ailleurs savoir le Statec.

L'institut informe également de la troisième année consécutive de repli concernant les ventes de voitures particulières. «Sur les 8 premiers mois de 2022, les nouvelles immatriculations affichent une baisse de 11% sur un an au Luxembourg, très proche du résultat de la zone euro (-12% sur la même période)». Cela dit, sur base des données désaisonnalisées, les immatriculations de voitures tendent depuis peu à remonter.

Les perspectives d'emploi se dégradent

Un taux de chômage historiquement bas au Luxembourg, c'est sûrement l'une des plus grandes satisfactions du gouvernement. Cela dit, le Statec se montre quelque peu pessimiste concernant les prochains mois. «Les perspectives tendent à se détériorer depuis le début de l'année», annonce-t-on. «Au Luxembourg, les intentions de recrutement dans l'industrie restaient toujours relativement élevées jusqu'en août 2022. Au niveau des services non financiers (1/3 de l'emploi), ce sont surtout les services de publicité et d'études de marché, de poste et courrier, d'édition et de programmation et conseil informatique qui notent les perspectives les plus sombres. Pour le mois d'août, les premières données disponibles témoignent d'un ralentissement de l'emploi.»

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La note de conjoncture est également revenue sur la récente tripartite qui a permis de déboucher sur un accord à un milliard d'euros qui doit permettre de soutenir l'économie luxembourgeoise face à l'inflation. En parlant de cette dernière, les nouvelles prévisions tablent sur un taux de 6,2% en 2022, contre 6,6% lors des prévisions du début du mois de septembre. Et de 2,8% en 2023 contre 6.6%. Des prévisions moins sombres donc et qui se justifient par les mesures d'aides annoncées par le gouvernement. Initialement prévu pour le quatrième trimestre de cette année, le Statec prévoit cette fois-ci le prochain index pour le premier trimestre 2023.

Les recettes des droits d'accise en berne

L'institut salue d'ailleurs la décision gouvernementale de plafonner les hausses du gaz à 15% jusqu'à la fin de 2023. «Le prix de l'électricité est gelé au niveau du mois de septembre 2022, car les tarifs de base, ainsi que les frais de réseau, pour l'électricité auraient également augmenté sans cette intervention.»

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Enfin, le Statec rappelle que le rabais de 7,5 centimes par litre de carburant a pris fin il y a bientôt un mois, l'occasion de faire le point sur les conséquences de cette mesure pour l'Etat. En effet, on apprend que sur cette période, de la mi-avril à fin août, les droits d'accise sur les produits pétroliers collectés par l'Etat ont fortement diminué (-19% sur un an). La baisse est comparable à celle du chiffre d'affaires en volume des stations-service (-17% sur un an en juillet).

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