Les douze travaux de Dan Kersch
Les grandes lignes des mesures sur l'emploi à venir avaient été évoquées lors de la tripartite, la semaine passée. Le ministre du Travail en a expliqué le détail, jeudi. Et d'en profiter pour faire quelques mises au point sur le climat social.
Les mesures annoncées par le ministre du Travail sont la suite logique de la tripartite du 3 juillet dernier. © PHOTO: Chris Karaba
A crise unique en son genre, travaux herculéens à l'horizon. Et, au sortir de la dernière tripartite, le ministre du Travail savait qu'il avait du pain sur la planche. Moins d'une semaine après ce rendez-vous entre gouvernement, syndicats et patronat, Dan Kersch (LSAP) a rendu sa copie. Douze mesures qui vont devoir maintenant être rapidement mises en oeuvre afin de réfréner au mieux un chômage qui ne demande qu'à croître. Pour mémoire, au dernier pointage de l'ADEM, le Luxembourg comptait 20.209 demandeurs d'emploi...
Alors comme le gouvernement a sorti le chéquier quand il s'est agi de soutenir les entreprises, cette fois il faut faire preuve d'adaptabilité à la situation. Étendre les dispositifs existants, en développer de nouveaux, se préoccuper des jeunes comme des adultes. Alors va pour le catalogue des initiatives prises, et qui par la loi ou règlements grand-ducaux se concrétiseront. Comme par exemple cette aide de 2.000 euros attribuable pour toute création d'entreprise.
Le gouvernement répond aussi à ceux qui se préoccupaient du sort de l'apprentissage, pris dans le marasme ambiant. Ainsi, l'entreprise qui acceptera de former un apprenti recevra une prime unique. Au ministère de l'Education d'en définir le montant. «On peut envisager de 1.500 à 3 000 euros», indique Dan Kersch à titre indicatif. A charge pour Claude Meisch (DP) de trancher sur le budget adéquat.
Choix a également été fait d'avancer l'âge d'accessibilité à certaines mesures sociales déjà en application. Comme l'aide à l'embauche d'un chômeur "âgé" dont le seuil passe de 45 à 30 ans. L'employeur qui signera un contrat verra les charges sociales être prises en charge entièrement une année (ou deux ans si la recrue a plus de 45 ans, ou cinq ans pour les quinquas et plus). Le contrat de réinsertion-emploi abaisse lui aussi son niveau d'entrée, là encore de 45 à 30 ans. Dans ce cas, le patron se verra remboursé de la moitié du salaire minimum à verser.
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L'Etat ou les collectivités prendront, eux aussi, leur part dans l'effort souhaité. Ainsi, en plus des 1.700 recrutements déjà envisagés, il est maintenant prévu d'ouvrir 300 nouvelles places sous statut d' "occupation temporaire indemnisée". Des OTI qui permettront à leurs bénéficiaires de pouvoir bénéficier de formations ou remises à niveau. Dans le même temps, les ministres des Travaux publics, de la Fonction publique et de l'Economie formeront un groupe de travail pour parler des grands projets d'infrastructure à pousser et les implantations d'entreprises à favoriser.
Mais pas question pour le ministre du Travail de garder pour lui le ressentiment à l'égard des syndicats. En effet, le socialiste n'a guère apprécié les commentaires de l'OGBL, LCGB et CGFP au terme de la récente tripartie. Les organisations reprochant à la discussion de n'avoir abordé que la question du chômage. Selon lui, si certains dossiers n'ont pas été évoqués, c'était bien volontaire et afin d'éviter toute friction éventuelle entre les partenaires sociaux réunis autour de la table. «Nous ne voulions pas placer la barre si haute que nous n'aurions pas pu la franchir.»
Pas d'augmentation d'impôt
Et Dan Kersch de contre-attaquer : «Qu'est-ce que le chômage partiel si ce n'est qu'un dispositif destiné à assurer du pouvoir d'achat?». Coupant aussi court à certaines rumeurs : «Le gouvernement s'est clairement engagé à ne pas mener de politique d'austérité. Pas un seul ministre n'a parlé d'augmentation d'impôts». La réforme fiscale, attendue cette année encore, devra cependant s'adapter à toute la série de dépenses imprévues dans les finances publiques.
Sachant que, parmi les nouvelles données dont le ministre des Finances Pierre Gramegna (DP) devra tenir compte, il y a la lourde contribution du Fonds pour l'emploi au financement du congé pour raisons familiales. «On a déjà puisé dedans pour 1,9 milliard d'euros alors qu'en temps normal les dépenses s'établissent entre 700 à 800 millions d'euros...» Herculéen, on vous dit!