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Les finances publiques, autres victimes du virus

Sur les trois premiers mois de l'année, les recettes engrangées par l'Etat sont en recul (-8,4%) alors que les dépenses ont fait un bond de 28,5%, selon les données publiées lundi par le ministère des Finances. En cause, les mesures d'aide mises en place par le gouvernement pour répondre à la crise sanitaire.

Pierre Gramegna, ministre des Finances, juge que «la crise sanitaire continuera certainement à produire ses effets sur les finances publiques dans les mois qui suivront»

Pierre Gramegna, ministre des Finances, juge que «la crise sanitaire continuera certainement à produire ses effets sur les finances publiques dans les mois qui suivront» © PHOTO: SIP

Sans surprise, les chiffres présentés lundi matin par Pierre Gramegna (DP) aux membres de la commission des Finances et du Budget ne sont pas bons. Sur les trois premiers mois de l'année, en comparaison à la situation à la même période en 2019, recettes et dépenses apparaissent dans le rouge. Un recul de 8,4% en ce qui concerne les recettes et une hausse de 28,5% pour les dépenses en comparaison au premier trimestre 2019, selon les données avancées par le ministre des Finances qui évoque «les conséquences de la crise liée à la pandémie covid-19».

Rapporté à l'ensemble de l'année, ce mauvais premier trimestre 2020 correspond à «une baisse des recettes de 12% et une augmentation de 8%», note le communiqué du ministère des Finances, publié lundi. Une équation qui entraîne «une détérioration significative du solde budgétaire», précise le communiqué. Sans surprise, le confinement et la fermeture partielle des frontières des pays limitrophes ont eu un impact direct sur les recettes de l'administration des douanes et accises. Les ventes d'essence ont ainsi reculé de 19% entre janvier et avril 2020, comparé à 2019, contre 22% pour les ventes de diesel.

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Au mois d'avril, les recettes engrangées par les trois administrations fiscales - administration des contributions directes, administration de l’Enregistrement, des Domaines et de la TVA et administration des douanes et accises - s'élèvent à 5,2 milliards d'euros. Soit une différence de 284 millions d'euros, comparé à la même période 2019. Ou «une moins-value de 10% par rapport à un tiers du montant annuel prévu au budget 2020», note le ministère des Finances qui prévient d'ores et déjà que «cette tendance négative risque fortement de s'accélérer encore au cours des prochains mois».

Au 30 avril, l'enveloppe totale prévue pour soutenir l'économie s'élève à 2,2 milliards d'euros, auxquels viendront s'ajouter les mesures annoncées du plan de relance d'un coût compris entre 700 et 800 millions d'euros. Sans surprise, le principal poste de dépenses en cette période de crise reste le financement du chômage partiel qui représente «une dépense effective» de 566 millions d'euros. Soit l'équivalent de la totalité du projet du tram. Au final, le ministère des Finances indique que le solde de l'administration centrale s'est «substantiellement détérioré» pour atteindre, fin avril 2020, un déficit de 1,6 milliard d'euros.

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A noter que dans son analyse, le ministère des Finances indique que le premier trimestre 2019 avait été marqué par la faiblesse des dépenses en raison du recours à « la procédure des "douzièmes provisoires"», à savoir l'utilisation de niveaux de crédit non pas sur les données du budget 2019, mais sur celui de 2018. Et ce, en raison du retard législatif lié à la tenue des élections législatives en octobre 2018. En prenant en compte cet élément, l'impact de la crise sanitaire aurait été moins fort, puisque le ministère des Finances évoque, pour le premier trimestre, un léger recul pour les recettes (-0,8%) par rapport à 2019 et une hausse des dépenses de 19,4%.

Interrogé lundi par les membres de la commission des Finances et du Budget, le ministre estime que le pays connaîtra une récession en 2020, avec un recul du PIB compris entre 5 et 6%, conformément aux estimations de la Commission européenne et du Statec. Pour faire face, le gouvernement prévoit de contracter un emprunt de 1,8 milliard d'euros comme le prévoit la loi budgétaire de 2020, mais «aucun autre emprunt n’est prévu dans l’immédiat», assure le locataire du ministère de la rue de la Congrégation, cité par le site de la Chambre en précisant que la réserve actuelle de l'Etat s'élève à quelque 800 millions d'euros.

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