Les livraisons automobiles frôlent le point mort
Même si le marché du neuf redémarre quelque peu, les concessionnaires auto voient un nouvel obstacle leur bloquer la route : le manque de composants électroniques allonge considérablement les délais de livraison.
La pénurie de composants qui devait n'être que temporaire s'éternise. Au détriment des clients mais aussi des professionnels de l'automobile. © PHOTO: Gerry Huberty
Le ciel au-dessus des acteurs de l'automobile luxembourgeois est encore loin d'être bleu. Même si depuis le début de l'année, le nombre d'immatriculations a quelque peu progressé (+2,8%) par rapport à l'année catastrophique 2020, le marché est encore loin d'avoir retrouvé sa vitesse de croisière. Tout juste 35.000 nouvelles immatriculations enregistrées en sept mois, on reste loin des records.
Mais voilà qu'après les lockdowns ou les réticences sanitaires des clients à retourner en concessions, les vendeurs peinent maintenant à honorer les commandes. Les usines sont à la peine, et en bout de chaîne les acheteurs doivent faire montre de patience. Beaucoup de patience même pour certaines marques.
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Aucune firme n'est à l'abri tant le problème en cause se joue à l'échelle mondiale : plus assez de microprocesseurs disponibles pour équiper des véhicules de plus en plus gourmands en composants high-tech. Et la House of automobile (HOA) luxembourgeoise en vient même à presque ''s'excuser'' auprès de la clientèle. La structure regroupant les trois fédérations et associations des professionnels de l'automobile du Grand-Duché vient ainsi de publier un communiqué pour expliquer ce coup de frein indésirable.
Porte-parole de la HOA, Gerry Wagner ne cache pas que ce qui était «embarrassant depuis quelques mois devient maintenant préoccupant». En effet, la pénurie de fournitures pour assurer l'indispensable électronique embarquée dans les véhicules qui devait être brève semble partie pour durer. «On espère maintenant que tout début janvier 2022 seulement, les choses reviennent à la normale. Auparavant, nous aurions misé sur mi-2021...»
Deux semaines pour l'Autofestival
Les dates en sont déjà connues : le prochain Autofestival se tiendra du 24 janvier au 5 février 2022. Une 58ème édition qui bénéficiera d'un dimanche d'ouverture, le 30 janvier. De quoi étaler la tournée des concessionnaires sur 13 jours.
Et si la HOA s'excuse auprès des clients pour cette attente indéterminée dans les livraisons, la profession ne cache pas que maintenant la préoccupation doit être prise en compte par les décideurs politiques. Un peu à l'image de ce qui a été mis en place pour certaines sociétés du secteur de la construction qui, faute de matières premières, ne peuvent assurer les contrats pourtant signés.
«Officiellement, la Fédération des artisans a évoqué le sujet avec le ministre Lex Delles (DP). Mais aucune décision n'a été prise pour l'heure. Mais la mise en place d'un chômage partiel spécifique à nos métiers reste une voie à envisager.»
Destination chômage partiel?
En effet, certains garages qui livraient plusieurs centaines de véhicules chaque mois voient depuis quelques mois cette activité fortement ralentie. Au point de ne plus savoir quoi faire des personnels chargés de la préparation des véhicules avant leur cession aux acheteurs, particuliers comme entreprises. «Ce qui est vrai pour l'automobile l'est aussi pour bien des branches d'activité et la Fédération des artisans a fait part de ses craintes sur la gestion sociale de la pénurie qui pèse sur de nombreuses professions», indique aussi Gerry Wagner.
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Pour la House of automobile, il est temps aussi de se pencher sur la question de l'attribution des primes pour les acheteurs de véhicules électriques/hybrides. Ceux-là risqueraient «une double peine». Primo en ne réceptionnant pas leur auto à la date convenue, et secundo en se voyant refuser le versement de l'aide promise par l'Etat pour les inciter à prendre le virage électrique. «Il faut que le gouvernement envisage une flexibilité qui ne tienne pas compte de la livraison, mais juste de la signature du bon de commande», plaide la profession.
Après avoir vu cette prime descendre de 2.500 euros (avant fin mars) à 1.500 euros désormais, il ne faudrait pas que ce coup de pouce ne disparaisse au final pour des raisons extra-luxembourgeoises. Sur ce point également, aucune négociation officielle n'a été entamée avec les ministres Claude Turmes (Energie) ou Carole Dieschbourg (Environnement), mais le coup de klaxon de cet automne doit les alerter.