«Nous ne sommes pas en crise»
Le projet de transformation fait craindre aux syndicats d'importantes réductions d'effectifs. ArcelorMittal tente de rassurer.
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Après les revendications des syndicats, lundi, réclamant la poursuite de l'accord tripartite au-delà du 1er juillet 2019, la direction d'ArcelorMittal Luxembourg a fait part, lundi, de son point de vue.
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«La tripartite demandée par les syndicats ne se justifie pas à la date d'aujourd'hui, parce que nous ne sommes pas dans un projet de restructuration ou d'arrêt d'activités. Notre projet vise plutôt l'optimisation de l'organisation de l'entreprise. En d'autres termes, nous ne sommes pas dans une situation de crise qui nécessiterait un nouvel accord tripartite», explique le porte-parole d'ArcelorMittal à Luxembourg, Pascal Moisy.
Pression sur les prix
Le groupe sidérurgique a présenté fin février aux représentants du personnel un «projet de transformation» de l'entreprise dont le coeur est la compétitivité du groupe et l'efficacité de son organisation. Le problème de surcapacité qui affecte le secteur de l'acier ne fléchit pas, explique le porte-parole qui pointe «les importations en Europe de produits sidérurgiques qui n'ont pas les mêmes structures de coûts que nous, notamment pour tout ce qui concerne la lutte contre le changement climatique».
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Cette forte pression qu'ArcelorMittal subit de ses concurrents hors Europe a un impact non négligeable sur les prix de vente. «Ceux-ci n'augmentent pas, ils restent très bas», poursuit Pascal Moisy. «Par contre, les coûts augmentent. L'énergie et la ferraille coûtent plus cher, le prix des alliages ont été multiplié par quatre. Nous avons donc un effet de ciseau négatif". Et les perspectives de l'année ne s'annoncent pas particulièrement favorables: «Nous pensons que le marché européen de l'acier ne va pas augmenter, il va même régresser un tout petit peu», dit-il.
Face à ces difficultés, le groupe a donc décidé de lancer un projet de transformation sur les sites de Differdange et Belval. «Ce projet vise un certain nombre de domaines, le but étant d'être plus efficace sur le volet commercial, la maintenance en développant la digitalisation et l'automatisation, ainsi que sur les aspects logistiques du groupe». Et puis enfin, il s'agit «d'investir en termes d'outils par exemple». Un projet d'investissement à Differdange doit notamment permettre une meilleure productivité des grosses poutrelles.
«Nous allons donc mettre l'accent sur les volets qui nous permettent de retrouver notre flexibilité et notre capacité à être plus compétitifs», explique Pascal Moisy, tout en précisant que le projet porte sur une période de trois à cinq ans. «Si on ne fait rien, on sera un jour ou l'autre confronté à de grosses difficultés. Il faut garder la main sur notre avenir.»
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Interrogations sur le nombre de départs à venir
Tous les syndicats luxembourgeois craignent que le plan de transformation rime avec réductions d'effectifs. Mais ArcelorMittal tient à rassurer: «Sur la période en question, nous pensons que l'attrition naturelle est suffisante», affirme Pascal Moisy. La direction d'ArcelorMittal ne désire donc pas poursuivre l'accord tripartite au-delà du 1er juillet 2019, car elle estime être en mesure d'assumer cette réorganisation dans le strict respect du cadre légal.
«Il est difficile d'évaluer exactement combien de personnes vont partir, mais le point central de ce projet de transformation n'est pas l'effectif, mais tout ce qu'il y a autour, à savoir la maintenance, la vente, les investissements, la digitalisation, etc...».
Fin prochaine de l'accord tripartite
Le projet de transformation fait pourtant craindre aux syndicats d'importantes réductions d'effectifs. Lundi, le LCGB a laissé entendre que «cette réorganisation se soldera encore une fois par des réductions d'effectifs». Il demande pour cela de poursuivre l'accord tripartite au-delà du 1er juillet 2019.
Le dernier accord arrive en effet à échéance au 30 juin prochain. Il prévoit des formules de préretraite (ajustement) notamment pour compenser les baisses d'activités très fortes ainsi qu'une cellule de reclassement. «Au jour d'aujourd'hui, nous n'avons plus vraiment besoin de ces mesures spécifiques. Il n'y a pas d'effondrement de l'activité. Nous continuons de produire, par contre, ce sont les prix de vente qui ne sont pas bons», conclut Pascal Moisy.