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Partenariat inédit dans la gestion des données

Une fois encore, le Luxembourg pourrait se retrouver aux avant-postes dans la gestion des données grâce à la position de la CSSF. Ce que Telindus, Cisco et Google Cloud se sont attachés à montrer, jeudi soir dernier, à la Lhoft. Leur «mariage» préfigure l'évolution du secteur.

Le cloud, une solution entre entreprises et régulateurs -Thomas Scherer -  (Telindus) - Bob Krentler (Google)

Le cloud, une solution entre entreprises et régulateurs -Thomas Scherer - (Telindus) - Bob Krentler (Google) © PHOTO: Pierre Matgé

Thierry Labro

A l’heure d’Internet, des smartphones, du commerce électronique, de la banque en ligne, des objets et voitures connectés, le nombre et la complexité des données explosent. Plus question de les conserver dans une cave au sous-sol d'une banque ou d’une administration publique, les professionnels se tournent de plus en plus vers le «cloud», terme parfois barbare pour désigner un fournisseur de stockage dont on ne sait pas toujours où il conserve ces informations sensibles et digitales.

Seulement, une ère nouvelle est déjà entamée qui ajoute du service au stockage. La question n’est plus seulement de protéger les données et de les rendre disponibles 24 heures sur 24 mais aussi de pouvoir en tirer des avantages commerciaux ou stratégiques. Commerciaux quand la totalité des opérations des clients d’une banque permet par exemple de savoir quel produit bancaire leur proposer ou comment mieux gérer d’éventuels dérapages de leurs comptes. Stratégiques quand les données de circulation permettent de lutter contre les bouchons, d’essayer d’éviter des accidents de la route ou de faciliter la vie de ses concitoyens.

Une directive clé pour le Luxembourg

Le cloud n’est plus un endroit de stockage mais aussi d’intelligence artificielle ou de «machine learning», de cybersécurité. Comme les fournisseurs de service ont d’abord développé une offre ciblée vers une catégorie de clients ou de besoins, les entreprises requièrent de plus en plus à plusieurs fournisseurs avec toute la complexité que cela peut apporter. 83 % des banques utilisent un fournisseur de cloud, a dit le leader des analyses de marché de Gartner, Marcus Hammer, «mais moins d'un tiers des banques tirent bénéfices des capacités de calcul des fournisseurs de cloud». Dans ce secteur, selon lui, les recettes passeront de 180 milliards de dollars cette année à 302 milliards en 2021.

L'avantage de recourir à un fournisseur de cloud est de ne plus avoir un centre de données à entretenir à un moment où cela devient de plus en plus complexe et où la réglementation implique de perpétuelles adaptations.

Il y a un an, pour faire face à cette évolution assez nette, Telindus, Cisco et Google Cloud ont décidé de lancer un partenariat qui répond à cette question. Depuis Luxembourg, parce que comme régulièrement le Luxembourg a pris une longueur européenne d’avance avec la directive 17/654 de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) qui encadre les bonnes pratiques autour des usages du cloud. Ce qui est particulièrement précieux pour la place financière, a rappelé Jacques Ruckert, directeur solutions et innovation chez Telindus.

A Telindus le soin de fournir les solutions informatiques de confiance et de sécurité, à Google Cloud, celui de s'occuper du «cloud public» (accessible au public), à Telindus, celui de s'occuper du «cloud privé» (à destination des entreprises ou des administrations).

Mardi soir, sur la scène de la Luxembourg House of Fintech (Lhoft), les trois parties ont présenté à la fois leurs particularités et leurs spécificités. «A great company», a assuré le directeur général de Telindus, Gérard Hoffmann, à l'adresse des représentants du géant américain. Sur la carte du monde des réseaux et des infrastructures de Google, que le Texan Bog Krentler, directeur des alliances technologiques, affiche sur l'écran géant, impossible de voir Luxembourg. Mais il faut toujours attendre des mois après le lancement d'un centre de données dans un pays pour que le géant l'admette.

Ni cet ancien ingénieur d'Amazon Web Services, de Cisco et d'IBM, ni sa collègue en charge des partenariats, Christine Young, (ex-Microsoft et Goldman Sachs) ne s'étendent sur le datacenter de Bissen.

«Selon les chiffres de PwC», explique-t-il, «seules 0,5 % des données disponibles sont utilisées et c'est cela que nous pouvons adresser», avant de le démontrer avec trois cas pratiques, une banque qui devait analyser une masse importante de données en instantané, ou encore une assurance capable d'optimiser le prix de ses polices automobiles par un calcul de prévisions d'accidents.

Le mariage de ces trois acteurs pourrait enfanter de beaux résultats. Depuis le Luxembourg.

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