Pas d'éclaircie en vue pour l'industrie luxembourgeoise
Enregistrant un net repli de sa production lors du premier trimestre 2023, l'industrie luxembourgeoise souffre toujours de la hausse des coûts de production.
L 'industrie luxembourgeoise n'emploie plus que 10% de la population active du pays, actuellement. © PHOTO: Marc Wilwert
Les industriels luxembourgeois sont loin d'avoir le sourire, et tout aussi loin de le retrouver, à en croire le Statec, qui publie ce mardi 22 mai son état des lieux mensuel de la conjoncture luxembourgeoise. Au cœur de ce document, l'inquiétude que suscite l'industrie, dont la production est en berne pour le premier trimestre 2023.
Lire aussi :La crise de la construction risque de s'aggraver davantage dans les prochains mois
Cette dernière affiche une baisse de 4,7% sur un an, soit un résultat nettement inférieur à celui enregistré en zone euro sur la même période (+0,2%), qui profite notamment de la bonne santé de l'industrie allemande (+0,8%) et espagnole (+1,4%). Si ces deux pays bénéficient d'un rebond de leur industrie automobile respective, les autres États présentent pour leur part des résultats négatifs.
Au Grand-Duché, ce repli de la production provient essentiellement de quatre secteurs. Parmi ces derniers se trouve la production et distribution de l'énergie (-9%), une tendance que le Statec attribue à la baisse de consommation des ménages luxembourgeois. Sur le podium figurent la fabrication de matériaux de construction (-35%), l'industrie du papier, carton et imprimerie (-22%) et l'industrie textile (-15%).
Un moral en berne
Au chapitre des bonnes nouvelles, la production métallurgique, et plus précisément la sidérurgie et la première transformation de l'acier et de métaux non ferreux, qui avait connu un net repli en 2022, enregistre une reprise qualifiée d'«assez franche» par le Statec en ce début 2023. Il reste impossible d'en dire autant pour les produits du verre et du plastique, pour qui la tendance baissière se poursuit.
Lire aussi :L'ambiance dans les entreprises est moins bonne que durant la pandémie
Et la tendance n'est pas près de s'inverser, d'après l'Institut de statistiques et d'études économiques qui fait savoir que les tendances restent défavorables pour le secteur industriel «à l'entrée du printemps 2023». Si le moral des professionnels avait connu du mieux début 2023, «les résultats d'avril témoignent d'une rechute», cette dernière étant particulièrement caractérisée «au niveau des opinions relatives aux carnets de commandes et aux perspectives d'évolution de la production».
En clair, les industriels ne s'attendent pas à renouer avec une croissance de leur production de si tôt. Alors que les difficultés d'approvisionnement étaient précédemment responsables de perturbations dans le secteur, c’est ensuite la hausse des coûts de production qui a mis à mal l'industrie. En mars 2023, ces derniers affichaient une hausse de 10% sur un an, ce qui représente un freinage net par rapport au second semestre 2022, lors duquel l'augmentation des prix à la production s'établissant à 30% sur un an.
Au niveau mondial, l'industrie a connu un rétablissement de sa production, aidé notamment par l'abandon de la politique zéro-covid en Chine. Ainsi, après avoir connu un pic en début d'année, l'inflation des biens industriels non énergétiques s'est repliée à 5,4% en avril 2023, soit son plus faible niveau depuis six mois. «Si les problèmes d'offre sont moindres, la demande demeure cependant faible», note cependant le Statec. Plus de 50% des professionnels interrogés indiquent connaître des difficultés au début du second trimestre 2023. C'est moins qu'au premier (60%), mais bien plus qu'au début 2022 (20%).
Côté emploi, le secteur a continué sa progression régulière sur les premiers mois de l'année, mais cette évolution positive pourrait être amenée à se dégrader, selon les perspectives d'embauche des industriels. À noter qu'à l'échelle du pays, l'emploi, qui montrait une légère tendance au ralentissement au premier trimestre 2023, marque un freinage plus prononcé avec seulement 0,4% de progression. Par ailleurs, la part d'entreprises du secteur industriel indiquant faire face à des difficultés de recrutement est en baisse, s'établissant à 20% environ.