Un nombre record de postes vacants au Luxembourg
Un marché de l'emploi à la fois dynamique et en tension: c'est ce qui ressort du bilan 2022 de l'Adem, confirmé par les premiers indicateurs de l'année 2023.
Georges Engel, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire et Isabelle Schlesser, directrice de l'Agence pour le développement de l'emploi (Adem), ont dressé le bilan d'activités 2022 de l'Adem. © PHOTO: Adem
Si l'on se réfère au taux, toujours scruté de près, de chômage au Luxembourg, l'année 2022 est forcément positive pour l'Agence de développement pour l'emploi (Adem). Au 31 décembre dernier, 4,8% d'actifs résidents étaient sans emploi. C'est moins que les 5,2% de fin 2021, et aussi en deçà des taux de chômage d'avant covid. Si les derniers indicateurs révèlent une hausse du nombre de demandeurs, le pays se situe toujours sous la barre des 5%, à 4,9% au 30 avril dernier.
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Si l'on élargit encore la focale, un chiffre témoigne de la folle dynamique du marché de l'emploi au Luxembourg, qui a connu une croissance ininterrompue depuis 2005: +63% d'emplois créés, quand la moyenne européenne se situe à 11,4%. Toujours au niveau européen, et pour en revenir au taux de chômage, le Grand-Duché est au 7e rang. «On peut toujours s'améliorer mais ce n'est pas si mauvais. Et puis, l'objectif n'est pas forcément de gagner des places dans ce classement, mais surtout de faire baisser le chômage», explique Georges Engel (LSAP), ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Économie sociale et solidaire.
Accompagner les réfugiés ukrainiens
L'année 2022 a été marquée par la guerre en Ukraine et l'arrivée de réfugiés au Grand-Duché. L'Adem a pris sa part dans cet accueil puisque, du 15 mars au 31 décembre, elle a traité 1.481 dossiers de ces personnes bénéficiant de la protection temporaire. Plus de deux tiers étaient des femmes, et près des trois quarts détenaient un diplôme d'études supérieures.
Georges Engel, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire et Isabelle Schlesser, directrice de l'Agence pour le développement de l'emploi (Adem), ont évoqué l'accompagnement des réfugiés ukrainiens. © PHOTO: Adem
311 personnes ont trouvé un emploi dans les trois mois de l'ouverture de leur dossier. Au 31 décembre 2022 sur ces 1.481 dossiers, 646 étaient encore ouverts à l'Adem: 64% sont des demandeurs d'emploi disponibles, 24% sont en mesure pour l'emploi et 12% occupent un job en intérim.
Ces chiffres sont donc bons, mais à nuancer. Tout d'abord, il existe des disparités, parfois fortes, selon les catégories de demandeurs d'emploi. En fin d'année dernière et encore début 2023, les nouvelles inscriptions à l'Adem concernaient principalement des personnes de plus de 45 ans. Par ailleurs, les personnes ayant un statut de salarié handicapé ou reclassé retournent moins facilement que d'autres vers l'emploi. Enfin, on peut noter que les chômeurs de longue durée (plus de douze mois) sont toujours très nombreux, même si leur proportion baisse: ils représentent aujourd'hui 40% des demandeurs d'emploi disponibles.
45.000 postes vacants déclarés en 2022 et la nécessité de former
Autre nuance, qui démontre mieux la tension qui règne sur le marché de l'emploi luxembourgeois: en 2022, 46.926 postes vacants ont été comptabilisés par l'Adem. C'est un record, +20% par rapport à 2019. Si, depuis début 2023, la tendance est à la baisse, il y a toujours une inadéquation entre l'offre et la demande, et donc une pénurie de main-d'œuvre. Des secteurs comme l'informatique ou la construction sont particulièrement touchés par ce phénomène, qui dépasse le cadre national.
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Les demandes de métiers par les personnes inscrites à l'Adem correspondent seulement à 53% des postes vacants. Il y a donc une inadéquation entre les attentes et compétences des demandeurs, et la réalité du marché. Pour y pallier et «renforcer l'employabilité des demandeurs», dixit la directrice Isabelle Schlesser, l'Adem concentre ses efforts sur les formations. 3.434 personnes en ont bénéficié en 2022, parfois avec des partenaires de certains secteurs en souffrance de main-d'œuvre: gestionnaire de salaires, maçons, métiers de l'IT...
Digitaliser mais rester proche des demandeurs
Parmi les autres axes de travail de l'Adem, dans le cadre de sa stratégie Adem2025, il y a aussi la digitalisation des services aux usagers - employeurs comme demandeurs - qui suit son cours. Ainsi, d'ici l'été 2024, toutes les prestations d'indemnisation de chômage complet seront dématérialisées. «De la demande d'inscription au paiement de l'indemnisation, tout sera digitalisé», résume Isabelle Schlesser.
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Néanmoins, la directrice de l'Adem insiste sur la dimension humaine de l'agence. Digitalisation et accompagnement ne sont pas à opposer. «L'objectif, c'est que les gens retrouvent un emploi. Certaines personnes, plus autonomes que d'autres, ont simplement besoin d'un accès à nos services pour percevoir leurs indemnités de chômage pendant quelques mois et consulter des offres d'emploi en toute transparence. D'autres, que ce soit des demandeurs ou des employeurs, ont besoin d'un support différent, personnalisé, de voir un conseiller plus souvent.» L'Adem offre tout cela, et veut continuer, de la sorte, à être au plus près du marché de l'emploi et de ses acteurs.