Une convention bonne à dépoussiérer
11.200 salariés travaillant dans le secteur de la propreté sont dans l'attente du renouvellement de leur convention collective. Mais les discussions s'éternisent entre partenaires sociaux.
Un peu plus de la moitié des postes de femmes d'entretien sont occupées par des résidentes d'origine portugaise et 24% de Françaises.
Le dernier accord remonte à 2017. Et parmi les personnels des quelque 185 entreprises de nettoyage du Luxembourg, l'attente était grande de voir la convention collective sectorielle modifiée. Il faudra encore attendre au moins jusqu'au 11 mars prochain, date annoncée de la prochaine rencontre entre syndicats et représentants de la Fédération des entreprises du nettoyage. Pourtant les premiers échanges sur le sujet remontent à mars 2019.
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Deux ans de réunions qui n'ont abouti que sur «un dialogue de sourds», estime de son côté Estelle Winter, secrétaire centrale OGBL. Pas faute pour les représentants des femmes de ménage (bien peu d'hommes dans ce secteur d'activités) d'avoir fait part de leurs attentes : un paquet d'une vingtaine d'avancées qui ont toutes été repoussées. Après ces premiers retours négatifs, les demandes étaient plus modestes côté salariées, mais rien n'y fait.
Dans les souhaits évoqués, il n'était plus question que de prolonger la convention en cours pour les années 2020-21. Tout juste un toilettage de la prime d'assiduité était réclamé. «Les agents ont passé une année à être exposés en première ligne dans les bureaux, cela méritait autre chose que 525 euros de bonus annuel (et encore si la salariée avait été absente moins d'un mois).» Pour les femmes de ménage ayant dû prendre un congé pour raison familiale ou placées à l'isolement car cas contact trop longtemps, la prime se trouvait même réduite de moitié, voire annulée. Les syndicats souhaitaient aussi l'instauration de deux jours de congés supplémentaires.
Des exigences de propreté poussées
Niet finalement. A la place, la contre-proposition de la Fédération présidée par Tun di Bari a avancé l'octroi d'une prime unique de fin d'année à hauteur de 2% du revenu mensuel. Cette fois, ce sont les employées qui ont repoussé l'offre.
Pourtant, malgré les semaines de lockdown du printemps (et les fermetures de bureaux que cela a entraînées), le passage en télétravail de nombre d'employés, la crise n'a pas affecté cette branche d'activité aussi durement que d'autres secteurs. «La demande a même progressé car plus de sociétés ont fait part de nouvelles attentes en matière de désinfection de leurs locaux», note la représentante OGBL.
Il a aussi fallu fournir les bras pour prendre en charge les exigences de propreté plus poussées encore dans certains domaines, comme dans les établissements de santé, le milieu scolaire, etc. «A tel point d'ailleurs qu'à un certain moment, les entreprises de nettoyage avait du mal à avoir suffisamment de personnels tant la demande était forte...»
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Reste que si rien ne bouge, la négociation de la convention collective va aboutir à une non-conciliation. Interrogés, les représentants de la FEN n'ont pas souhaité s'exprimer. Un «Négociations en cours» justifiant ce silence. De l'autre côté, celui des femmes de services, des techniciennes de surface, l'étonnement est de mise. «Là, on nous refuse ce qui tiendrait de la simple reconduction pour deux ans de l'accord 2017-2020. Qu'est-ce que ce sera quand on attaquera les vrais problèmes», craint Estelle Winter.
Car pour ces employées, souvent à temps partiel, les points à discuter ne manquent pas. Comme la limitation du kilométrage possible entre deux missions dans un même temps de travail ou encore l'augmentation de salaire. «Car même pour quelqu'un à temps plein, la rémunération actuelle ne permet pas de joindre les deux bouts au Luxembourg.»