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Mobilité

Bientôt des règles moins strictes pour la bande de covoiturage sur la E411

Le ministre wallon de la Mobilité Philippe Henry (Ecolo) souhaite assouplir les conditions d'utilisation de la bande de covoiturage entre Arlon et la frontière luxembourgeoise, largement sous-utilisée depuis sa mise en service en 2019.

Seuls quelques rares véhicules empruntent cette bande de covoiturage chaque jour.

Seuls quelques rares véhicules empruntent cette bande de covoiturage chaque jour. © PHOTO: Pierre Matgé

Journaliste

Plus de 17 millions d'euros et sept mois de travaux pour aménager une infrastructure qui n'est utilisée que par de rares automobilistes en raison de conditions d'accès trop strictes et d'une longueur trop courte pour être utile... Depuis son inauguration en 2019, la bande de covoiturage sur la E411 entre Arlon et la frontière luxembourgeoise a été qualifiée à plusieurs reprises d'«échec cuisant» et d'un «grave gaspillage de l'argent public».

Lire aussi :Du nouveau pour la bande de covoiturage sur l'A6

Le prolongement de celle-ci sur l'A6 du côté luxembourgeois devait initialement voir le jour cette année. Il a finalement été reporté d'une dizaine d'années. Mais pas abandonné. Le ministre de la Mobilité François Bausch a en effet indiqué récemment dans une réponse à une question parlementaire sur le sujet que le chantier était bel et bien toujours d'actualité et qu'il faisait partie du plan national de mobilité 2035. Si des «études préliminaires sont en cours», comme l'a confirmé le ministre wallon de la Mobilité, en revanche, «ni le calendrier, ni le financement ne sont estimés».

«Pas de mise en voie de gauche envisagée à ce stade»

Rappelons que si du côté wallon, la bande de covoiturage a été aménagée à droite des voies de circulation et selon un processus statique, de l'autre côté de la frontière, il est envisagé de la créer à gauche et de lui donner une affectation dynamique, qui tiendra compte du trafic. Une situation ubuesque, qui fait s'arracher les cheveux de bon nombre de personnes gravitant autour du projet.

Est-il prévu que la Wallonie change son fusil d'épaule et s'aligne finalement sur le projet de son voisin luxembourgeois? Le ministre wallon de la Mobilité, interrogé sur la question il y a quelques jours par les députés wallons Jean-Philippe Florent (Ecolo) et Anne-Catherine Goffinet (Les Engagés), a expliqué que pour la E411, «la mise en voie de gauche et l'affectation dynamique des voies n'est pas à l'ordre du jour à ce stade».

La mise en voie de gauche et l'affectation dynamique des voies n'est pas à l'ordre du jour à ce stade.
Philippe Henry, ministre wallon de la Mobilité

Deux occupants au lieu de trois

Pour 2023, «l'objectif reste de valoriser au mieux l'infrastructure qui a été consentie sur les deniers publics», a ajouté le ministre Philippe Henry (Ecolo). Cette valorisation passera par un assouplissement des conditions d'utilisation, «qui devrait être effectif cette année», sans avancer encore de date précise.

Concrètement, il ne faudra plus nécessairement être au minimum à trois personnes dans un véhicule pour pouvoir emprunter la bande de covoiturage. Deux occupants seront suffisants. Les motos pourront également circuler sur la bande spécialement aménagée. Le ministre a également promis davantage de contrôles, jugés insuffisants à l'heure actuelle par le député Ecolo Jean-Philippe Florent.

Le ministre wallon de la Mobilité plaide d'attendre la mise en place de ces nouvelles règles «avant de réévaluer le processus». Et pourquoi pas, peut-être, d'opter pour une configuration similaire à celle privilégiée par les Luxembourgeois, c'est-à-dire une bande de covoiturage à gauche et à l'affectation dynamique.

Créer des infrastructures en amont

Toujours du côté wallon, des contacts ont été pris fin de l'année entre l'administration wallonne, la police de la route et l'agence wallonne pour la sécurité routière, afin d'évaluer la sécurité et la fréquentation de l'infrastructure. «Les analyses sont toujours en cours», a fait savoir le ministre Henry, en expliquant qu'il n'y avait pas de contrôles systématiques, «étant donné la sous-utilisation actuelle de la bande de covoiturage». Selon des calculs effectués en 2019, avant la pandémie, seuls 20 à 30 véhicules empruntaient cette voie de circulation chaque jour...

La députée arlonaise Anne-Catherine Goffinet n'a pas manqué de faire remarquer que pour être pleinement efficace, la bande de covoiturage doit aussi s'accompagner d'une réflexion plus globale autour de la création de parkings de covoiturage en amont. «Je compte sur vous pour avancer sur ce dossier, Monsieur le Ministre...», a-t-elle conclu.

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