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Réforme des retraites

«Cette journée de mobilisation de jeudi n'est pas un baroud d'honneur»

Les actions pour protester contre la réforme des retraites se poursuivent en Moselle ce jeudi 23 mars. Avant la manifestation prévue à 14h à Metz, on fait le point avec Dimitri Norsa, de la CGT Moselle.

Comme le 7 mars dernier, il devrait encore y avoir du monde dans les rues de Metz ce jeudi après-midi pour la manifestation contre la réforme des retraites.

Comme le 7 mars dernier, il devrait encore y avoir du monde dans les rues de Metz ce jeudi après-midi pour la manifestation contre la réforme des retraites. © PHOTO: Laura Bannier

L'interview télévisée du président de la République, Emmanuel Macron, ne devraient rien changer à la journée de mobilisation en France, ce jeudi 23 mars. En Moselle, le cortège de manifestants s'élancera à 14h depuis le parvis de la gare. Dimitri Norsa, secrétaire général de la CGT en Moselle, en sera évidemment.

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Pensez-vous que la participation à la manifestation prévue ce jeudi après-midi à Metz puisse être encore plus élevée que celle du 7 mars ?

Je l'espère en tout cas ! Après, on sait que cette journée de mobilisation a été annoncée il y a peu de temps et que c'est déjà la neuvième. Mais on espère que les derniers événements nous aideront à rassembler encore plus de monde.

Opération escargot entre Thionville et Metz

Outre la manifestation dans les rues de Metz dans l'après-midi, la CGT Moselle annonce différentes actions dès le lever du jour. • A Thionville, un blocage et un filtrage aura lieu de 6h à 10h sur le pont des Alliés. Puis les manifestants prendront la direction de Metz, en opération escargot. • Une opération similaire est organisé sur la RN4 entre Sarrebourg et Phalsbourg dans la matinée. • Des opérations de filtrage et tractage sont prévues dès 4h30 à Trémery (rond-point Garolor) et à partir de 8h à Borny, près de l'usine Stellantis. • Et comme une vraie manifestation est indissociable d'un barbecue, la CGT Cheminots de Metz en proposera un sur le parvis de la gare à partir de midi.

On imagine que le recours au 49.3 la semaine dernière et le rejet des motions de censure contre le gouvernement ce lundi renforcent votre détermination et votre colère...

Le rejet de la motion de censure, très honnêtement, on s'y attendait un petit peu, même si ça a été plus serré que ce que l'on imaginait et que le gouvernement imaginait. Mais on ne fondait pas de gros espoirs sur ces motions. Par contre, l'utilisation du 49.3 a vraiment heurté et mis en colère. Depuis jeudi dernier, on a beaucoup de coups de fil, de sollicitations pour mener des actions. Et on voit bien qu'il y a un changement dans les types d'actions, avec davantage de blocages.

Dimitri Norsa, secrétaire général de la CGT Moselle.

Dimitri Norsa, secrétaire général de la CGT Moselle. © PHOTO: Facebook CGT Moselle

Le rejet de la motion de censure, très honnêtement, on s'y attendait un petit peu, même si ça a été plus serré que ce que l'on imaginait et que le gouvernement imaginait. Mais on ne fondait pas de gros espoirs sur ces motions. Par contre, l'utilisation du 49.3 a vraiment heurté et mis en colère. Depuis jeudi dernier, on a beaucoup de coups de fil, de sollicitations pour mener des actions. Et on voit bien qu'il y a un changement dans les types d'actions, avec davantage de blocages.

Le mouvement va-t-il encore se durcir?

Oui, le mouvement s'est durci, est monté d'un ton mais on reste, pour l'instant, encore dans des situations qui sont contrôlées. Tout se passe bien, en tout cas en Moselle. Mais si le gouvernement s'entête et continue de souffler sur les braises...

Du côté des organisations syndicales, on essaye de gagner la grève dans les entreprises, à travers le blocage de l'économie avant tout.
Dimitri Norsa, CGT Moselle

Craignez-vous une radicalisation du mouvement, des débordements?

C'est toujours une crainte. Quand les gens ont le sentiment de pas être entendus et même d'être méprisés - car c'est clairement ce sentiment qui domine actuellement dans la population - certains peuvent en arriver à exprimer leur colère, leur frustration de façon excessive. Mais nous, du côté des organisations syndicales, on essaye de gagner la grève dans les entreprises, à travers le blocage de l'économie avant tout.

Justement, depuis le début de la mobilisation, il y a plus de deux mois maintenant, les syndicats sont unis. Est-ce déjà une victoire?

Oui, c'est vraiment la grande satisfaction de ce mouvement et c'est très important d'afficher cette unité, de la maintenir au fil du temps. Mais elle est d'abord la conséquence du rejet complet de la réforme des retraites par la population.

Les trains toujours au ralenti

La circulation des trains sur la ligne Nancy-Metz-Luxembourg sera toujours très perturbée ce jeudi 23 mars. Les horaires ont été publiés sur le site du TER Grand Est. • Pour la pointe du matin, vers Luxembourg, il y aura des trains au départ de Metz à 5h59, 6h29, 7h00, 7h13, 7h30, 7h43 et 8h00. Aucun de ces TER ne marquera d'arrêt entre Metz et Hagondange. En revanche, toutes les gares entre Hagondange et Luxembourg seront desservies, exceptées Howald pour les trains de 7h13 et 7h43 au départ de Metz, et Hettange-Grande pour le train de 8h00 au départ de Metz. • Pour la pointe du soir, vers Metz, il y aura des trains au départ de Luxembourg à 16h46, 16h58, 17h16, 17h39, 17h46 et 18h09. Seuls les trains de 17h39 et 18h09 marqueront un arrêt à Howald. Il y aura un dernier TER Luxembourg-Thionville à 18h11. • Sur la ligne Longwy-Luxembourg, la gare de Longwy ne sera plus desservie après 16h. Les trains auront pour origine ou terminus Rodange.

Mais maintenant que cette réforme a été adoptée par le Parlement, ne craignez-vous pas un délitement de cette opposition, de cette mobilisation?

Pour le moment, je ne le ressens pas. Notre message est que cette réforme peut encore être retirée. Et cette journée mobilisation de jeudi, pour nous, n'est pas un baroud d'honneur, c'est la continuité. On compte bien enchaîner après jeudi.

La seule solution est-elle le retrait de la réforme, ou souhaitez-vous aussi du changement au sein de l'exécutif?

Au niveau syndical, on se bat pour le retrait de la réforme. Les conséquences politiques que ça peut avoir, on laisse ça aux partis. Nous, on reste sur notre terrain.

Les travailleurs frontaliers sont aussi concernés par cette réforme.
Dimitri Norsa, CGT Moselle

En Moselle, cette mobilisation, et notamment la grève reconductible des cheminots, a de lourdes conséquences sur le quotidien des travailleurs frontaliers. Que leur dites-vous ?

Dans les faits, les travailleurs frontaliers font rarement une carrière complète au Luxembourg. Quand ils arrivent à la retraite, ils ont souvent une carrière partagée entre la France et le Luxembourg. Et donc, ils sont aussi concernés par cette réforme. C'est d'ailleurs pour cela que l'OGBL est présente à chacune de nos journées d'action et défend justement les travailleurs frontaliers.

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Justement, quand vous voyez comment se déroule le dialogue social au Luxembourg, même si la culture et le contexte sont bien différents de la France, qu'est-ce que cela vous inspire par rapport à ce que vous vivez?

Ce n'est jamais agréable d'être méprisé à ce point, comme on l'est en ce moment, et je pense même que c'est dangereux pour la République. Les syndicats représentent quand même une partie de la population, des travailleuses, des travailleurs. Le gouvernement sait très bien, au-delà des images d'Épinal, que nous ne sommes pas une bande de mangeurs de saucisses ou d'excités, que soit la CGT ou les autres organisations syndicales. Mais nous sommes méprisés, d'une manière quasi inédite, et on ne l'apprécie évidemment pas. Je pense que ça laissera des cicatrices importantes dans le paysage social en France. Mais, très honnêtement, on n'attendait rien de ce gouvernement et encore moins de cette présidence. Donc, on n'est pas vraiment déçus...

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