La Belgique s’organise face à l’afflux de réfugiés
Si la solidarité est au rendez-vous, les difficultés se multiplient alors que jusqu'à 200.000 personnes pourraient être accueillies dans les prochains mois.
A Bruxelles, autorités et associations sont à la recherche de quelque 18.000 places d’hébergement chez des particuliers, dans des bureaux vides et des infrastructures collectives. © PHOTO: Shutterstock
Comme partout ailleurs en Europe occidentale, la Belgique tente de gérer au mieux l’afflux des réfugiés ukrainiens qui fuient la guerre. Ils seraient aujourd’hui environ 25.000, mais diverses projections font état de l’arrivée potentielle de 100.000, voire de 200.000 personnes dans les prochains mois.
Manque de personnel administratif, files interminables pour l’enregistrement des demandes, réfugiés contraints de dormir dans la rue… Les couacs du début semblent appartenir au passé.
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L’attention se porte désormais sur les centres publics d’aide sociale (CPAS) des communes qui doivent fournir l’assistance aux Ukrainiens. La protection temporaire dont les réfugiés bénéficient peut s’étendre jusqu’à trois ans, mais personne ne sait si cette échéance sera suffisante. Ce qui place bien sûr les communes dans un abîme d’incertitude.
Les autorités à la recherche de 18.000 places d’hébergement chez l'habitant
A Bruxelles, autorités et associations sont à la recherche de quelque 18.000 places d’hébergement chez des particuliers, dans des bureaux vides et des infrastructures collectives. Il est question également de créer des villages de containers, une solution coûteuse déjà utilisée à 150 km de la capitale pour reloger certains sinistrés des inondations de la mi-juillet dernier.
Comme à chaque vague d’immigration, Bruxelles fait actuellement face à un pic de demandes. Selon le centre national de crise, la capitale devrait accueillir 10% de l’afflux théorique de réfugiés, soit jusqu’à 20.000 personnes, alors que la Wallonie et la Flandre prendraient en charge respectivement 30% et 60% des demandes. Mais selon le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort, 35% des Ukrainiens restent à Bruxelles en raison de l’absence de décentralisation du dispositif d’enregistrement.
5.000 réfugiés sont à la recherche d’un emploi
Autre question: l’emploi. Les autorités estiment aujourd’hui à 5.000 le nombre de réfugiés qui sont à recherche d’un travail. Certains secteurs d’activité font face à une pénurie criante de main-d’œuvre, comme l’horeca, ce qui pourrait faciliter dans certains cas l’embauche. Mais il faut tenir compte de la barrière de la langue.
L’argent est un autre paramètre délicat. D’ici la fin juin, les communes et les régions (Flandre, Wallonie et Bruxelles) se répartiront pour moitié l’effort financier. La région aidera par ailleurs les communes à financer la création des 10.000 places, prises en charge à hauteur de 1.000 euros l’unité.
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Le gouvernement bruxellois a provisionné 100 millions d’euros. Comme la Wallonie, la région bruxelloise demande que la phase fédérale de crise pour l’accueil des Ukrainiens soit déclarée.
Le fédéral n’est pas en reste. L’accord budgétaire trouvé vendredi par le gouvernement De Croo fait état d’un déficit en augmentation de 4 milliards d’euros. 800 millions sont prévus pour gérer les conséquences de la crise ukrainienne. 450 millions doivent aller à la Défense.
Un défi de taille
Le défi qui s’annonce est immense. Car il ne se limite pas à la solidarité qui a suivi l’émoi engendré par la guerre. Les réfugiés ukrainiens sont peut-être là pour des années, avec le cortège de difficultés créées par une intégration au long cours.
A droite de l’échiquier politique, les premiers grincements de dents se sont déjà fait entendre. Bart De Wever, le président de la N-VA nationaliste flamande (opposition au fédéral), a estimé c’est une « mauvaise décision » d’accorder automatiquement aux réfugiés de guerre un statut protégé, leur conférant certains droits sociaux. Selon lui, le gouvernement De Croo renvoie trop facilement la responsabilité de l’accueil aux citoyens, aux régions et aux autorités locales.