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Un exercice grandeur nature

La centrale nucléaire de Cattenom se prépare au pire

D'ici quelques jours, un exercice grandeur nature sera réalisé dans la région de Cattenom. Une simulation d'une catastrophe nucléaire qui doit permettre une meilleure coordination dans le cas où la réalité dépasserait la fiction.

Pas de panique à avoir, donc, selon les différents intervenants qui assurent que cette grande mobilisation ne sera pas visible pour la population.

Pas de panique à avoir, donc, selon les différents intervenants qui assurent que cette grande mobilisation ne sera pas visible pour la population. © PHOTO: S.MN.

Journaliste

Soyons clairs dès le départ, en cas d'explosion de la centrale nucléaire de Cattenom, le Grand-Duché serait tout simplement rayé de la carte. Située à une vingtaine de kilomètres de la frontière luxembourgeoise, la centrale nucléaire a connu bon nombre de soubresauts au cours de ces dernières semaines. Peu importe pour EDF, gestionnaire de la centrale, et la préfecture de la Moselle puisque ces derniers ont prévu un exercice national de sûreté nucléaire. Celui-ci aura lieu les 11 et 12 mai prochains.

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Une simulation grandeur nature d'un incident nucléaire majeur qui doit permettre de prévenir et d'assurer une organisation optimale dans le cas où cette possible catastrophe deviendrait réalité. «On apprend toujours de ces différents exercices», a lancé Bernard Zenner, le maire de Cattenom. «Il faut que l'on puisse se tenir prêt, et ce, en toute circonstance. La population se doit également d'être informée de la meilleure manière possible.»

Toutefois, la population de Cattenom et des communes avoisinantes ne sera pas impliquée dans l'exercice. Laurent Touvert, préfet de la Moselle, a toutefois rassuré en indiquant que les habitants seront suffisamment mis au courant de la tenue de cette simulation. «Concernant le risque nucléaire, il existe deux plans bien définis: le premier concerne le plan d'urgence interne. Comme son nom l'indique, il ne concerne que des problèmes internes à la centrale et la responsabilité de cette urgence incombe à EDF. Ensuite, il existe le plan particulier d'intervention qui est mis en œuvre par l'Etat et dont la préfecture assure la responsabilité», a souligné le préfet.

Plusieurs aspects à vérifier

Concrètement, cet exercice de grande ampleur se concentrera sur plusieurs aspects. «Nous allons tout d'abord tester la maîtrise de l'incident par EDF ainsi que les liaisons qui seront réalisées avec les pouvoirs publics. Il faut pouvoir s'assurer une chaîne d'informations efficace. Deuxièmement, nous allons tester la cellule de crise afin de voir s'il existe une bonne coordination entre les différents services. Les communes auront un rôle prépondérant à jouer dans le cadre de la protection de la population, de la mise à l'abri de celle-ci, à Metz notamment, des interdictions de circulation ou encore de la prise de comprimés d'iode», a détaillé Laurent Touvet, tout en précisant que ce sera lui qui annoncera le moment le plus opportun pour prendre une capsule d'iode.

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«Nous testerons également la pression médiatique ce qui nous permettra de fournir et de diffuser les informations les plus utiles. De plus, cet exercice devra également vérifier la qualité des échanges entre nos voisins allemands et luxembourgeois. Nous avons fait une demande auprès des deux pays afin de définir des ''officiers de liaison'' dans les deux pays afin qu'ils puissent participer à l'exercice», a poursuivi le préfet. Inutile de rappeler que le Luxembourg plaide depuis des dizaines d'années pour la fermeture de la centrale lorraine qui produit 8% de la production nationale d'électricité. «Les divergences de point de vue avec nos voisins luxembourgeois n'ont rien à voir avec cette simulation. Nous souhaitons simplement, par ce biais, informer et protéger la population.»

Seulement quelques communes vont participer

13 communes françaises situées non loin de Cattenom ont d'ores et déjà annoncé qu'elles prendraient part à l'exercice. Un chiffre relativement faible au regard de la multitude de communes françaises, luxembourgeoises, allemandes ou même belges qui seraient concernées en cas de catastrophe nucléaire.

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Pas de panique à avoir donc selon les différents intervenants qui assurent que cette grande mobilisation ne sera pas visible pour la population. «Les habitants de Cattenom apercevront tout au plus quelques pompiers qui se prêteront à l'exercice», a assuré le préfet. Selon ce dernier, il s'agit d'une procédure relativement banale, qui est réalisée chaque année dans d'autres centrales du pays. Le dernier exercice de ce type à Cattenom remonte, cependant, à cinq ans.

Des signes de corrosion identifiés

Cette intervention majeure intervient toutefois alors que des signes de corrosion ont été retrouvés il y a quelques jours sur les circuits auxiliaires du réacteur numéro 3. Jérôme Le Saint, directeur du CNPE de Cattenom, a toutefois joué la prudence. «Les réacteurs sont sûrs», a martelé l'intéressé. «Des contrôles supplémentaires ont été engagés et nous avons identifié ces signes via des ultrasons. Nous sommes aujourd'hui dans une phase d'expertise. Le réacteur concerné est actuellement à l'arrêt et à l'heure actuelle, il n'existe toujours pas de confirmation de corrosion sous contrainte. Il n'y a pas de fuite et peu d'impact en termes de sûreté. Nous poursuivons les investigations même si, le réacteur pourrait fonctionner en l'état.»

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