Le loup a tué à nouveau à deux pas du Luxembourg
Si les faits datent de la mi-novembre, l'attaque vient officiellement d'être attribuée au loup, dont le retour se confirme peu à peu dans la région.
Le loup qui a attaqué cette génisse près du Luxembourg est un animal dont les caractéristiques génétiques sont nouvelles en Wallonie. © PHOTO: Shutterstock
La dernière fois que le loup avait fait parler de lui dans la région avoisinant le Grand-Duché, c'était en septembre dernier. En Gaume, dans le sud de la province belge de Luxembourg, un loup avait attaqué plusieurs brebis en l'espace d'une dizaine de jours, quatre d'entre elles avaient été tuées et quatre autres blessées. Ces attaques avaient été attribuées à un seul et même membre de la lignée germano-polonaise.
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Ensuite, plus rien. Plus aucune attaque n'avait été recensée dans la région, tout du moins jusqu'à ce mois de novembre. À Malmedy tout d'abord, dans la région liégeoise, où deux nouvelles attaques ont eu lieu, l'auteur, plus que probablement un loup, a tué un veau de 200 kilos. Et puis, le 16 novembre dernier à Sélange (Messancy), village frontalier du Grand-Duché, une nouvelle attaque a cette fois eu lieu sur une génisse dans une pâture. Celle-ci a été tuée sur place.
Un individu jamais recensé auparavant
Après analyses du Réseau Loup wallon, il s'avère que ce fait survenu est bien l'œuvre du canidé, comme le confirment nos confrères de l'Avenir qui ont relayé l'attaque. Il s'agirait par ailleurs d'un jeune loup détaché de son ancienne meute en Allemagne et cherchant de nouveaux territoires.
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«Les résultats de notre laboratoire génétique révèlent que le loup qui a attaqué cette génisse près de Messancy est un animal dont les caractéristiques génétiques sont nouvelles en Wallonie», a indiqué Alain Licoppe, du Réseau Loup wallon, interrogé par l'Avenir. «Il s’agit d’un loup de lignée germano-polonaise, mais avec un haplotype issu de la lignée maternelle, W 2.» Alors que jusqu'à présent, les loups identifiés en Wallonie portaient l'haplotype W 1.
Cette attaque est surprenante à plus d'un titre donc, puisque d'une part, le spécimen n'avait jusqu'ici jamais été recensé et puis, d'autre part, il semble assez inhabituel qu'un loup s'attaque à un animal de plusieurs centaines de kilos, privilégiant les proies de plus petite envergure.
A-t-il traversé le Luxembourg?
Reste désormais à savoir si l'animal compte s'établir durablement dans les forêts ardennaises et gaumaises. Pour le Réseau Loup wallon, rien n'est moins sûr, le loup étant capable de parcourir plusieurs dizaines de kilomètres chaque jour. L'attaque ayant eu lieu il y a une quinzaine de jours, il n'est donc pas à exclure que l'auteur de l'attaque de Sélange ait traversé le territoire luxembourgeois, à moins qu'il ne s'y trouve toujours à l'heure actuelle.
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Pour rappel, l'administration de la nature luxembourgeoise expliquait il y a peu que «les premiers indices de présence confirmés au Luxembourg ont déjà été recensés». Ainsi, le loup a été repéré en 2017 dans la région de Holzem-Garnich, en 2020 dans la région de Niederanven, et en 2022 dans la région de Wincrange. «En outre, il y a eu une indication confirmée en 2018 dans les environs de Fouhren». Toutefois, dans ces quatre cas, il s'agissait probablement d'individus de passage.
Par ailleurs, ces dernières années, «le Luxembourg s'est déjà préparé à l'éventualité du retour du loup afin de définir d'emblée la manière de gérer cette espèce animale.» Un plan d'action et de gestion a été élaboré et présenté au public, «en collaboration avec tous les acteurs de l'agriculture, de la science, de la protection de la nature, des propriétaires de forêts privées et de la chasse».
Rappelons que le loup est une espèce strictement protégée en Europe. Et contrairement aux idées reçues, l'animal est très craintif et évite le contact direct avec l'homme.