Le Luxembourg salue l'arrêt du réacteur n°3 de Cattenom
Alors que cinq des 56 réacteurs nucléaires que compte le parc nucléaire français sont déjà concernés par un problème de corrosion, celui de Cattenom 3 va bientôt s'ajouter à la liste. L'unité de production est concernée par des suspicions de problèmes similaires.
A partir du 26 mars 2022, le réacteur n°3 sera à l'arrêt pour subir une batterie de contrôles en raison de suspicion de corrosion. © PHOTO: Guy Jallay
Elle semble enchaîner les problèmes. Sortie tout doit d'une visite décennale ayant duré sept mois en 2021, l'unité de production n°3 de la centrale nucléaire de Cattenom a déjà connu trois arrêts en quelques mois. Situé à quelques kilomètres de la frontière luxembourgeoise, ce réacteur va à nouveau connaître un arrêt spécifique d'une durée de cinq semaines, à partir du 26 mars prochain.
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Annoncée par EDF ce mardi, cette décision intervient à la suite de problèmes de corrosion sur des systèmes de sécurité rencontrés sur d'autres réacteurs. Ainsi, les unités de production de Bugey 4, Chinon 3 et Cattenom 3 vont toutes trois connaître des arrêts spécifiques au cours des trois prochains mois afin d'effectuer une batterie de contrôles.
Des contrôles, le réacteur n°3 de la centrale mosellane en a subi pas moins de sept mois durant, l'an passé. L'unité âgée de 30 ans a été mise hors service de mars à septembre, afin d'effectuer pas moins de 18.000 activités dans le cadre de sa visite décennale. Au total, 3.000 intervenants ont participé au chantier pour un coût total de 200 millions d'euros, visant à prouver à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), que l'installation était capable de produire de l'énergie pour dix ans de plus.
«L'arrêt confirme nos inquiétudes»
C'est à cette même ASN que les ministres luxembourgeois de l'Environnement et de l'Energie Carole Dieschbourg et Claude Turmes (Déi Greng) ont adressé un courrier, il y a quelques semaines. La missive avait pour objet d'obtenir des précisions sur ces problèmes de corrosion qui touchent déjà cinq des 56 réacteurs du parc nucléaire français. Le site mosellan, qui emploie 1.500 salariés, fait régulièrement l'objet de demande d'arrêts de la part du gouvernement Bettel, étant qualifié de «menace directe et permanente pour les populations du Luxembourg».
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Si rien ne laisse présager la présence de corrosion, les contrôles réalisés lors de la visite décennale de l'année dernière vont donc être poussés à la centrale de Cattenom, dans le but de détecter ces possibles problèmes. «L’arrêt du réacteur à Cattenom confirme nos inquiétudes que les problèmes de corrosion dans les réacteurs des centrales de Chooz, de Civaux et de Penly se sont également manifestés à Cattenom, à deux pas de notre frontière, centrale du même type et de la même génération», ont réagi les ministres de l'Environnement et de l'Energie.
Le site mosellan alimente à lui seul l'équivalent de 3 millions de foyers en électricité, soit 70% des besoins de la population de la région Grand Est. «Etant donné que la centrale de Cattenom pose un risque d’ordre systémique pour le Luxembourg, nous ne manquerons pas de suivre du plus près l’évolution de ces contrôles», font savoir les deux ministères luxembourgeois, qui notent que ce contrôle intervient quelques semaines après leur courrier à l'ASN.
Sur son site, EDF envisage le redémarrage de l'unité de production n°3 le 30 avril. S'il ne rencontre aucun problème pouvant forcer une nouvelle interruption de production d'ici là, le réacteur n°3 connaîtra son prochain arrêt en septembre prochain. L'unité de production fera l'objet d'un rechargement du combustible pendant six semaines.