Le «non» wallon à l'enfouissement de déchets radioactifs
Céline Tellier, la ministre régionale de l'Environnement, refuse que les communes deviennent des «poubelles nucléaires». Cet avis négatif rendu samedi intervient alors que le Luxembourg a fait état la semaine dernière de risques de pollution concernant ses réserves en eau potable.
La ministre wallonne de l'Environnement propose un enfouissement dit «de subsurface», un entreposage à une faible profondeur et de manière temporaire qui permettrait de pouvoir accéder ultérieurement aux déchets. © PHOTO: Shutterstock
Alors que le ministère luxembourgeois de l'Environnement avait soumis la semaine dernière un rapport à charge au gouvernement belge, Céline Tellier (Ecolo), ministre wallonne de l'Environnement a rendu samedi un avis négatif au projet d'enfouissement de déchets radioactifs et de matières fissiles le long de la frontière grand-ducale. Cette solution avait été proposée par l'Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies (Ondraf) le mois dernier. Et, bien entendu, elle avait fait vivement réagir Carole Dieschbourg (Déi Gréng), provoquant même un début d'incident diplomatique entre la Belgique et le Luxembourg.
«L'avis de la Région wallonne pointe des carences importantes dans le dossier remis par l'Ondraf et rejette dès lors la solution d'enfouissement géologique proposée», affirme ainsi le cabinet de la ministre Tellier. Des propos rapportés ce lundi par La Meuse, qui évoque comme alternative proposée par la Région une solution réversible et contrôlable, à savoir un enfouissement dit «de subsurface». Cet entreposage à une faible profondeur et de manière temporaire permettrait de pouvoir accéder ultérieurement aux déchets.
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Céline Tellier ajoute que «le choix des sites d'enfouissement n'est pas actuellement à l'ordre du jour» et qu'«un dialogue sur ces éléments est prématuré». Cependant, dans son avis, la Région wallonne explique que plusieurs sites, a priori retenus, devraient être exclus du champ d'analyse, parmi lesquels les sous-sols marneux et argileux de Gaume ainsi que les formations schisteuses d'Ardenne, soit les zones qui s'étendent jusqu'à la frontière luxembourgeoise.
Cet avis négatif, que le parti Ecolo qualifie de «signal fort envoyé à Marie-Christine Marghem», la ministre fédérale (MR) en charge du dossier, devrait rassurer le ministère luxembourgeois de l'Environnement. Celui-ci craint en effet particulièrement des risques de pollution des réserves d'eau potable du Grand-Duché. «Les risques sont énormes mais complètement ignorés. Nous voulons que les risques potentiels soient répertoriés et évalués au-delà des frontières», avait ainsi indiqué Carole Dieschbourg la semaine dernière au Luxemburger Wort.
Pour rappel, l'Ondraf avait lancé en pleine crise du coronavirus une procédure de consultation publique à propos du principe de l'enfouissement, proposant le stockage géologique ou souterrain sur le territoire belge comme «destination finale» de déchets hautement radioactifs. Arrivée à échéance samedi, cette enquête a recueilli plus de 16.000 avis, dont la moitié proviennent de l'étranger d'Allemagne, de France et bien entendu du Grand-Duché. L'ensemble des commentaires et remarques seront analysés en vue de la proposition finale qui sera faite au gouvernement fédéral belge, lequel aura le dernier mot.