Le report de la sortie du nucléaire fâche au Luxembourg
La Belgique a décidé de reporter de dix ans sa sortie du nucléaire, en raison de l'invasion en Ukraine qui fait flamber les prix de l'énergie. Une décision que déplorent certains ministres luxembourgeois.
Selon les deux ministres luxembourgeois, «cette décision met en péril la sécurité de nos concitoyens luxembourgeois». © PHOTO: Anouk Antony
La sortie du nucléaire en Belgique, ce ne sera pas encore pour tout de suite. Nos voisins belges devaient fermer toutes leurs centrales nucléaires en 2025. Un engagement gravé dans une loi de 2003 et qui avait été renouvelé par l'accord gouvernemental qui lie les sept partis de la coalition Vivaldi.
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Mais voilà, le conflit en Ukraine, et ses répercussions sur les prix de l'énergie, auront eu raison de cet engagement. Le conseil des ministres restreint («Kern») a décidé la semaine dernière de maintenir en activité deux des sept réacteurs que compte le pays, et cela jusqu’en 2035. La production d'électricité issue du nucléaire sera ainsi diminuée de 6 à 2 gigawatts. L'activité des réacteurs Doel 4 (Anvers) et Tihange 3 (Huy) sera donc prolongée durant dix ans. «De cette manière, l'énergie peut être garantie à moyen et à long terme», a indiqué le Premier ministre libéral Alexander De Croo.
«Consternés et stupéfaits»
Une décision qui n'est pas du tout au goût des ministres luxembourgeois Claude Turmes et Carole Dieschbourg (déi Gréng). Les deux membres des Verts se disent «consternés et stupéfaits» face à cette décision.
Selon eux, le report de la sortie du nucléaire «met en péril la sécurité de nos concitoyens luxembourgeois». Les deux ministres écrivent sur le réseau social avoir adressé un «courrier urgent au gouvernement belge».
Ce n'est pas la première fois que les deux ministres luxembourgeois réagissent à une décision prise par leurs voisins concernant le nucléaire. Début février, ils avaient salué l'arrêt du réacteur Cattenom 3, afin de procéder à des contrôles. L'unité de production serait en effet concernée par des problèmes de corrosion. Elle va donc subir une batterie de contrôles durant cinq semaines, à partir de samedi prochain, dans le but de détecter d'éventuels problèmes.
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Quelques semaines plus tôt, les deux ministres écologistes avaient envoyé un courrier à l'Autorité de sûreté nucléaire en France pour obtenir des précisions sur ces problèmes de corrosion. «Etant donné que la centrale de Cattenom pose un risque d’ordre systémique pour le Luxembourg, nous ne manquerons pas de suivre du plus près l’évolution de ces contrôles», avaient-ils indiqué à la suite de l'annonce de l'arrêt du réacteur.