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Les frontaliers passés au crible

Profil, secteur d'activité, motivations... Qui sont véritablement ces travailleurs ? Au-delà des idées reçues, l’Association de soutien aux travailleurs immigrés (ASTI) a souhaité décrypter plus en détail ces étrangers qui traversent la frontière pour venir travailler au Grand-Duché.

Les Français représentent près de la moitié des travailleurs frontaliers.

Les Français représentent près de la moitié des travailleurs frontaliers. © PHOTO: Guy Jallay

Anne-Sophie de Nanteuil

Profil, secteur d'activité, motivations... Les stéréotypes sur les quelque 200.000 Français, Belges et Allemands qui traversent chaque jour la frontière pour venir travailler au Grand-Duché ne manquent pas. À l’occasion de son 40e anniversaire, l'Asti a donc souhaité démêler le vrai du faux lors d'une conférence-débat en ligne organisée ce mercredi.

Si différents sondages confirment que le salaire reste un motif majeur pour ces travailleurs, l'argent est néanmoins loin de constituer la seule raison. Selon Rachid Belkacem et Isabelle Pigeron-Piroth, respectivement chercheurs aux universités de Lorraine et du Luxembourg, d'autres paramètres rentrent en effet en compte, tels que des offres d’emploi intéressantes et davantage en adéquation avec la formation suivie, des perspectives de carrière plus attractives ou encore un environnement international plus séduisant.

Près de 70% d'hommes

De manière générale, les frontaliers seraient ainsi plus nombreux que les résidents à posséder un diplôme égal ou supérieur à bac+3. Selon les chercheurs, ces derniers travaillent essentiellement dans l’industrie manufacturière, dans le commerce ainsi que dans la construction et les activités financières. Le secteur de l’intérim - qui embauche 14% de ces travailleurs - se révèle surtout important pour les frontaliers français.

Les hommes seraient par ailleurs plus nombreux que les femmes à franchir la frontière. Celles-ci ne représentent ainsi qu'environ 30% des frontaliers. Un phénomène peu étonnant, à en croire Isabelle Pigeron-Piroth. «Les hommes sont plus enclins à la mobilité, car souvent les femmes restent en charge des tâches ménagères et familiales», souligne la chercheuse.

Lire aussi :Où résident exactement les frontaliers du Luxembourg ?

Parmi ces 200.000 travailleurs, la moitié vient de France, précisent les chercheurs. L’autre moitié est répartie à parts égales entre la Belgique et l’Allemagne. Et sans surprise, la capitale et Esch-sur-Alzette, deuxième ville du pays, demeurent les principaux pôles d'attraction.

Mais entre grèves et bouchons, les frontaliers sont de plus en plus nombreux à abandonner leur emploi au Luxembourg. Un phénomène croissant alors qu'ils constituent «une véritable force économique», assure Rachid Belkacem. L'actualité récente a en effet rappelé l'importance de ces travailleurs frontaliers qui viennent chaque jour «faire tourner l'économie et assurer une partie de son développement».

Lire aussi :Les frontaliers rapportent plus qu'ils ne coûtent à l'Etat

Pour autant, prévient le chercheur, les futurs travailleurs frontaliers vont être confrontés à des mutations profondes dans les années à venir. Et notamment, souligne-t-il, en raison «du déclin démographique dans les régions frontalières, de la digitalisation et du développement durable».

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