Les fumeurs français doivent changer leurs habitudes
A compter de ce samedi 1er août, il sera interdit aux citoyens de l'Hexagone de rentrer dans leur pays avec plus d'une cartouche de cigarettes. Et gare à l'amende sinon...
Les buralistes frontaliers français estiment perdre 30% de clientèle du fait de la proximité du Luxembourg.
Le 26 juillet dernier, dans une camionnette qui circulait côté français à la frontière du Grand-Duché, les douaniers ont découvert 20.000 paquets de cigarettes. Oui, 2.000 cartouches... 40 cartons... près de 400 kg de tabac! Inutile de préciser que «l'importateur» a été sévèrement puni. Il écope non seulement de la confiscation de l'ensemble de la marchandise, de quatre mois de prison avec sursis, 140 heures de travaux d’intérêt général et une amende douanière de 67 000 €. Mais cela aurait pu être pire.
En effet, à compter de ce 1er août, la tolérance de Paris en matière d'importation de cigarettes se fait plus sévère. A partir de samedi, ce ne sera plus quatre cartouches que les Français sont autorisés à rapporter de l'étranger (Luxembourg inclus) mais une seule. Pour le tabac à rouler, oubliez le kilo autorisé, désormais le seuil est fixé à 250 grammes...
Un changement voulu par le gouvernement d'Emmanuel Macron et voté début juillet par les députés français.
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La période de confinement du printemps 2020 avait déjà poussé les fumeurs frontaliers, en particulier ceux des zones bordant le Luxembourg, à prendre de nouvelles habitudes de consommation. Ainsi, la Seita -principal distributeur de tabac en France- avait-elle enregistré des ventes en progression de près de 11% chez les buralistes de l'Hexagone durant le premier mois de lockdown.
Un essor qui s'est fait au détriment, temporairement au moins, des ventes de tabac au Luxembourg qui, depuis deux ans allaient crescendo. Jusqu'à atteindre plus de 3,032 milliards de cigarettes vendus en 2019. Record historique à ce jour, alors que de 2000 à 2017 ces mêmes ventes avaient chuté de 50%. Hausse des prix et prise de conscience sanitaire ayant pesé sur la consommation alors.
Avec 105.000 frontaliers français effectuant la navette chaque jour (dont de nombreux fumeurs), l'impact de la mesure sera vite perceptible ou non. Pas certain en effet que le ravitaillement en tabac diminue fortement, compte tenu des écarts de prix qui rendront toujours les cigarettes luxembourgeoises (ou belges) plus économiques à se procurer.
Les deux Etats observeront d'ailleurs d'un œil attentif l'évolution du marché. En effet, la vente de cigarettes est aussi fortement appréciée des finances publiques. En Belgique, ce seul créneau a rapporté en 2019 près de 8,83 milliards d'euros en droits d'accise. Au Luxembourg, il est question de 627 millions d'euros d'accises attendus (contre 585 millions en 2018). La France aimerait bien récupérer une part du pactole... Sachant que pour les seuls départements frontaliers, les buralistes estiment, eux, que le «tourisme à la pompe» représente une perte sèche pour leur activité de près de 30%.
Pour avoir une idée
Le ministère de l'Economie suit de près l'évolution les ventes de tabac au Grand-Duché. Ainsi, dans son rapport annuel 2019, il indique que le prix de vente moyen pour 1.000 cigarettes s'élevaient à 232,94 euros, contre 112,15€ pour un kilo de tabac fine coupe.