Les masques Avrox refont tousser en Belgique
Les protections fournies par la société luxembourgeoise à l'Etat belge contiendraient des particules nocives à la santé. Un chapitre de plus pour ce contrat décidément rocambolesque.
Laurent Hericord et Brice Erniquin, les très discrets dirigeants d'Avrox, n'ont pas réagi face aux nouveaux doutes soulevés sur la qualité des masques fournis. © PHOTO: Guy Jallay
La Défense belge doit encore avoir près de 3,5 millions de masques Avrox dans ses stocks. Mais pas sûr qu'elle s'en serve de sitôt. En effet, une première étude de l'Institut de santé publique belge, Sciensano, vient de révéler que le tissu de ces protections contenait des nanoparticules d'argent et de dioxyde de titane. Deux éléments potentiellement nocifs pour celles et ceux qui viendraient à les respirer.
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Si l'étude était, à ce stade, confidentielle, elle a fuité dans la presse belge. A commencer par la RTBF. Et l'on peut y découvrir notamment que les nanoparticules repérées auraient «des effets négatifs sur les voies respiratoires» des usagers. Plutôt gênant pour un masque en pleine épidémie covid. Le risque d'inflammation respiratoire serait même particulièrement marqué chez les particuliers souffrant déjà d'une pathologie respiratoire, avant même toute infection liée au coronavirus...
A qui ça sert?
Si les masques fournis par Avrox à l'Etat belge contiennent des nanoparticules d'argent et de dioxyde de titane, cela peut s'expliquer. Le premier élément étant un biocide reconnu (antibactérien), le second servant au blanchissement des tissus. Reste à savoir si, avec le temps, ces éléments chimiques ne finissent pas par être respirés par les porteurs desdits masques...
Pour l'heure, dans un communiqué, Sciensano a souhaité calmer toute inquiétude. Les résultats en question n'étant le fruit que d'une première phase d'études. Il n'empêche que voilà un nouvel épisode qui vient remettre en lumière un contrat bien mal engagé dès le début de la crise sanitaire au printemps dernier. Si cette fois les doutes portent sur la nature toxique des matériaux employés dans la fabrication des 15 millions de masques commandés par l'Etat belge, d'autres problèmes ont déjà secoué ce dossier.
2,50 euros l'unité
Ainsi, des doutes sont rapidement apparus sur la nature même de la firme «établie» au Luxembourg. Société fantôme jusque-là et qui soudainement pouvait prétendre à postuler sur un marché d'une telle ampleur. Le doute avait ensuite porté sur la fiabilité d'Avrox à délivrer la commande en temps et en heure. A l'époque, à l'été dernier, la pénurie de masques était patente à l'échelle mondiale, et le fournisseur avait été contraint de livrer avec retard les masques produits en Asie.
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Enfin, des interrogations n'avaient pas manqué de poindre sur le contrat passé entre les autorités belges et cette société inconnue dans le domaine de la fourniture d'accessoires de santé. A 2,50€ l'unité, Avrox n'était pas le candidat le moins-disant; les conditions techniques du marché avaient été revues pour s'adapter à la nature des produits délivrés par cette firme bien mystérieuse dont l'activité officielle restait jusque-là «le transport de personnes»...
Laurent Hericord et Brice Eriquin, les deux dirigeants de la société, avaient accepté de s'expliquer sur certains points, en juin dernier, au cours d'un entretien unique après des mois de demande d'explications.