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Province de Luxembourg

Les prix de l'immobilier s'envolent en Belgique, le Luxembourg responsable?

Une augmentation particulièrement marquée dans la province de Luxembourg, frontalière au Grand-Duché. Plusieurs notaires l'affirment: cela est notamment dû à un exode de plus en plus conséquent des Luxembourgeois ne pouvant se loger dans leur propre pays.

Une maison sur le territoire de la commune de Bastogne, à la frontière luxembourgeoise, coûte 260.000€, soit une augmentation de 19,5%.

Une maison sur le territoire de la commune de Bastogne, à la frontière luxembourgeoise, coûte 260.000€, soit une augmentation de 19,5%. © PHOTO: D.R.

Journaliste

Souvenez-vous, en novembre dernier, plusieurs Luxembourgeois confiaient dans nos colonnes avoir fait le choix de quitter leur Grand-Duché natal pour aller habiter dans les régions frontalières françaises. Ceci, dans l'ultime but d'avoir enfin accès à la propriété. Pour beaucoup de personnes, pouvoir prétendre à l'achat d'une maison ou d'un simple appartement relève du fantasme, y compris pour de nombreux Luxembourgeois eux-mêmes. Une crise immobilière qui ne va pas en s'arrangeant et qui pousse ainsi de nombreuses personnes à l'exode.

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Mais tout ceci n'est pas sans conséquence sur le marché immobilier frontalier. «S'il ne faut pas jeter la pierre sur les Luxembourgeois qui décident d'investir aux frontières, il faut bien reconnaître qu'il s'agit de l'un des facteurs de l'augmentation des prix de l'immobilier dans la région», lance Georges Lochet, notaire à Fauvillers, une commune proche de la frontière grand-ducale. «Parmi les autres facteurs, il y a également la présence des travailleurs frontaliers dans la région d'Arlon ou encore le télétravail qui risque de faire pousser les prix vers le haut, en plus de la hausse de la démographie.»

Un phénomène de plus en plus présent

Concernant l'exode des Grand-Ducaux, le notaire belge indique que ce phénomène devrait continuer à se faire ressentir. «Il faut toutefois noter que beaucoup de Luxembourgeois achètent des biens dans la province pour les déclarer en tant que seconde résidence, de manière à conserver les avantages du Grand-Duché. Cela dit, le Luxembourg va continuer de booster l'immobilier dans la province. Il faut bien reconnaître que, habitués à des prix parfois délirants dans leur propre pays, ils sont capables de dépenser bien plus pour une maison quatre façades que les habitants de la province», glisse Georges Lochet. «Et forcément, cela finit par faire gonfler les prix.»

Car c'est bien de cela qu'il était question ce mardi, où, dans le cadre de la semaine immobilière des notaires de Bruxelles et de Wallonie, plusieurs notaires ont fait le point sur l'évolution du prix médian des maisons et appartements dans la province de Luxembourg, frontalière au Grand-Duché. Et force est de constater que ce marché est loin de connaître les crises.

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En Belgique, seules les provinces de Flandre Orientale (+0,2%) et de Luxembourg (+4%) ont connu une hausse des transactions immobilières en 2022. Selon la fédération des notaires, les acheteurs sont en majorité des personnes âgées de 31 à 50 ans. «Dans la province de Luxembourg, la moyenne d'âge d'achat est de 40 ans, ce qui est légèrement supérieure à la moyenne nationale, qui est de 39 ans.», explique François Dogné, notaire à Houffalize.

Les maisons représentant la plus grosse part du marché immobilier de la province (86,6% contre 13,4% d'appartements), les notaires se sont donc concentrés sur ce type d'habitation en priorité. Globalement, pour pouvoir se payer une maison dans le Luxembourg belge, il faut s'acquitter en moyenne d'une somme de 240.000€, ce qui en fait la province la plus chère, juste derrière le Brabant wallon. Ce chiffre ne fait qu'augmenter ces dernières années. «En l'espace d'un an, de 2021 à 2022, on a constaté une hausse de prix de 14,8%. Sur les cinq dernières années, cette hausse atteint 41,2%», estiment les notaires.

Une hausse des prix à mettre en perspective avec l'inflation

C'est tout simplement colossal, mais pour les intervenants, il faut garder en tête le contexte de l'inflation et donc, des indexations en découlant. «Certes, les prix ont augmenté, mais ces derniers ont logiquement suivi proportionnellement l'inflation et ont donc augmenté de façon linéaire.»

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Toujours est-il que de grandes disparités de prix existent entre les différents arrondissements composant la province, mais aussi parmi les différentes communes composant ces arrondissements. Logiquement, c'est dans l'arrondissement d'Arlon qu'il faut davantage délier les cordons de la bourse afin de trouver un logement. Proche du Luxembourg, le chef-lieu concentre à lui seul 8% de la population totale des frontaliers. Et forcément, cela fait rapidement grimper la facture. Pour y acheter une maison, il faut ainsi compter 340.000€, une hausse de 4,6% par rapport à l'année précédente.

Mais Arlon, à en croire les données de la fédération des notaires, ce n'est d'ailleurs pas la commune la plus chère. «Ce qui s'explique par le fait que les transactions immobilières à Arlon concernent davantage de vieilles habitations, moins chères, que des nouvelles constructions», explique Aurore Fourniret, notaire à Virton.

En effet, pour une maison à Messancy, il faut pouvoir disposer de 374.850€ (+10,7%) et à Aubange, 260.000€ (+8,3%). Mais la palme revient sans aucun doute à la commune d'Attert où une maison y coûte la bagatelle de 386.500€ (+12%). Le fief du pro-Luxembourg Josy Arens ne cesse de voir son prix immobilier exploser au fil des années.

Une pression immobilière qui remonte dans le nord

La pression immobilière se fait désormais ressentir ailleurs que dans le sud de la province. En témoigne la situation dans l'arrondissement de Bastogne. Une maison sur le territoire de la commune bastognarde coûtera ainsi 260.000€ (+19,5%) tandis qu'à Vaux-sur-Sûre, le montant passera à 295.000€ (+51,3%). «On remarque d'une manière générale que les communes desservant l'E411 (qui rallie la frontière luxembourgeoise, NDLR) et l'E25 (qui permet d'aller à Liège, NDLR) sont celles où les prix sont les plus élevés», relèvent les notaires.

C'est également le cas dans l'arrondissement de Virton avec une maison au prix médian de 320.000€ à Habay (+14,3%) ou encore 270.000€ à Etalle (+6,5%).

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Cette progression des prix se fait ressentir jusqu'à Vielsalm (229.000€, +31,6%) et Gouvy (238.000€, +25,3%), des communes plus rurales, mais également frontalières du Grand-Duché. Contrairement aux arrondissements de Marche et de Neufchâteau. Ce qui n'empêche que ces derniers accusent aussi une très forte hausse du prix de l'immobilier. Notamment à Hotton (250.000€, +39,7%), à Tenneville (250.000€, +26,9%), à Libin (262.500€, +19,1%) ou encore à Daverdisse (277.500€, +13,3%).

«L'activité immobilière de la province de Luxembourg est bonne et le marché est très diversifié», assurent les notaires d'une seule et même voix. Pour ces derniers, une chose est certaine: l'immobilier restera un investissement sûr dans le Luxembourg belge.

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