«Ras-le-bol de voyager dans des conditions déplorables»
Les multiples perturbations de cette semaine sur la ligne ferroviaire Metz-Luxembourg mettent un peu plus à cran les voyageurs. L'une d'entre eux a lancé une pétition en ligne pour exprimer son ras-le-bol.
Les rames TER de la ligne Nancy-Metz-Luxembourg sont quotidiennement bondées. © PHOTO: virgule.lu
Ce jeudi matin, Antonietta Salaris est partie de chez elle à 6h45 pour rejoindre son lieu de travail, à Luxembourg, vers 8h. Elle y est arrivée à 10h.
Antonietta comptait prendre son train habituel, à 7h11 en gare de Hagondange. Mais, une fois de plus et comme trop souvent, rien ne n'est déroulé comme prévu. Le déraillement d'un train de chantier dans la nuit près de Zoufftgen perturbe énormément la circulation des TER ce jeudi.
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«J'ai réussi à monter dans une rame bondée vers 7h40 à Hagondange. Ce train avait pour terminus Thionville. Là-bas, quand le premier train venant de Metz est arrivé, à 8h26, c'était impossible de monter à bord. Les gens étaient entassés à un tel point que les portes ne se fermaient pas. J'ai finalement réussi à prendre celui de 8h46, coincée comme pas possible. C'était de la folie!», raconte-t-elle.
Une semaine d'enfer dans le TER
Cette matinée de galère sur la ligne Nancy-Metz-Luxembourg n'est malheureusement pas un cas isolé. La situation est récurrente, pour diverses raisons. Et ce qui se passe cette semaine résume bien l'état catastrophique du service dans le sillon lorrain:
• Mardi 7 février, la mobilisation contre la réforme des retraites a conduit à une grève des cheminots: cinq trains le matin entre Metz et Luxembourg, cinq autres le soir dans le sens inverse, rien en journée.
• Mercredi 8 février, un accident de personne s'est produit vers 8h près de la gare de Bettembourg: le trafic a été à l'arrêt jusque dans l'après-midi. Quand la circulation a repris, un problème matériel s'est produit côté français. Les perturbations ont duré jusqu'en soirée.
• Ce jeudi 9 février, des suppressions de trains et des retards sont prévus toute la journée en raison de la sortie de voie du train de chantier à Zoufftgen. La SNCF annonce un retour à la normale pour vendredi. Sauf que...
• Vendredi 10 février, un mouvement social local est annoncé, avec une grève des aiguilleurs sur la ligne. Les conséquences sur le trafic ne sont pas encore connues.
Il y a un manque évident de rames. Les gens sont entassés dans les trains, on voyage comme du bétail.
Les voyageurs subissent, souvent en silence, mais ils en ont assez. A l'image d'Antonietta Salaris. «Les problèmes sont récurrents. Ils existent depuis des années et s'aggravent. J'en ai ras-le-bol de voyager dans des conditions déplorables», lâche-t-elle.
Une pétition pour faire bouger les choses ?
Pour exprimer son ras-le-bol, Antonietta Salaris a donc lancé, mercredi, une pétition en ligne, intitulée «Stop aux conditions déplorables de transport sur la ligne TER Nancy-Metz-Luxembourg».
«Il faudrait une grosse mobilisation, pour que les dirigeants de la SNCF prennent vraiment conscience que cela devient intenable pour les gens qui veulent simplement aller travailler.»
Antonietta travaille à Luxembourg depuis 2001. Pendant de longues années, elle a pris sa voiture pour y aller. «Mais c'était de pire en pire sur l'A31, je mettais parfois jusqu'à 2h30 pour faire le trajet. Alors il y a deux ou trois ans, j'ai décidé de prendre le train.» Elle pensait que son quotidien allait s'améliorer. Le résultat est tout autre.
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Au-delà des accidents sur les voies, comme mercredi et ce jeudi, la Mosellane pointe un autre problème. «Il y a un manque évident de rames. Les gens sont entassés dans les trains, on voyage comme du bétail. Et ça s'est vraiment dégradé depuis la fin du télétravail illimité.»
«Certains craquent...»
Les conséquences de ces galères à répétition sur la ligne du sillon lorrain, la pétitionnaire les constate tous les jours dans les rames des TER qu'elle emprunte. «Cela touche le moral. Les gens sont stressés, fatigués. Ils font des semaines de 40h et, en plus, les trajets sont compliqués. Certains craquent.»
Par «craquer», Antonietta veut dire qu'ils quittent leur emploi au Luxembourg. Et tant pis pour le salaire aguichant... Elle avoue se poser la question. «Je ne suis pas loin de la retraite mais, franchement, j'en ai marre de cette situation. Je vois une vraie différence par rapport à mes premières années au Luxembourg. Il y a un nombre croissant de travailleurs frontaliers, mais les conditions se dégradent de plus en plus.»
Une accumulation de perturbations et désagréments
Les investissements sur lesquels communiquent régulièrement les dirigeants français comme luxembourgeois n'ont pas encore d'effet visible dans la pratique. Les rames supplémentaires promises, le meilleur cadencement annoncé à l'horizon 2028, cela paraît aujourd'hui illusoire.
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Dans les faits, ces derniers mois, les usagers de la ligne Nancy-Metz-Luxembourg ont dû composer avec le barrage de Bettembourg l'été dernier, un manque de rames récurrent, des travaux de nuit qui modifient les horaires en journée, un mouvement social local de mi-décembre à mi-janvier ou encore les grèves contre la réforme des retraites. S'ajoutent à cela les défaillances de matériels, les incidents sur la ligne. Cela fait beaucoup. Beaucoup trop pour certains, qui préfèrent quitter le train et le Luxembourg.