Un jeu de société transfrontalier sur la guerre
Développé dans le cadre d'un vaste projet européen, ce jeu mêlant stratégie et gestion de l'histoire permet d'en apprendre plus sur l'impact des guerres mondiales dans la Grande Région, tout en perpétuant le devoir de mémoire.
Jouable de 3 à 8 personnes, à partir de 14 ans, chaque partie peut durer de 30 à 120 minutes. © PHOTO: Crédit: Before The War
Certes, c'est l'Europe tout entière qui fut dévastée lors des deux guerres mondiales mais c'est bel et bien la Grande Région qui concentre aujourd'hui un nombre exceptionnel de sites liés aux deux guerres mondiales. Si bien que le tourisme de mémoire est plus que jamais entretenu par de nombreuses personnes, soucieuses de la préservation de la mémoire collective.
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C'est ainsi qu'a vu le jour «Land of Memory», un projet Interreg qui se veut «fédérateur» et devant permettre de rassembler tous les versants de la Grande Région autour d'un triple objectif. «Celui de témoigner de ces événements forts de l'histoire qui ont mené à la construction de l’Europe actuelle, de faire perdurer le message d'unité véhiculé à l'issue de cette horreur qu'ont été les deux guerres mondiales et de renforcer l'activité touristique générée par cette thématique», comme on peut le lire sur le site du projet.
Une quinzaine de partenaires dans la Grande Région
Initié en 2016, le projet a réuni pas moins de 15 partenaires de la Grande Région, dont plusieurs au Luxembourg, pour travailler à l'amélioration de la visibilité des lieux de mémoire via de très nombreuses initiatives (lire ci-dessous). La dernière en date, et celle qui porte donc un point final au projet, se clôturant officiellement en cette fin d'année, c'est la création d'un jeu de société transfrontalier sur la guerre.
«Before The War», c'est le nom du jeu de société qui mêle stratégie et gestion de l'histoire. À la manœuvre de ce projet, Aurélie Stouse, de l'intercommunale Idelux, dans la province belge de Luxembourg. «On voulait réaliser quelque chose de physique et d'intemporel», lance la cheffe de projet.
3.000 exemplaires du jeu sont actuellement en cours de distribution. © PHOTO: Crédit: Before The War
Le principe est simple: chaque joueur représente un État (Luxembourg, France, Belgique ou encore Allemagne). Le but est ensuite de créer des alliances et de faire des choix afin d'éviter à l'humanité de sombrer dans une guerre mondiale. «Les événements ne se succèderont pas de manière chronologique mais en posant des actions, les joueurs peuvent changer le cours de l'histoire ou en réparer une partie. La partie est très axée sur les événements survenus sur le territoire de la Grande Région pour que le jeu soit vraiment marqué par l'empreinte du territoire.»
Jouable de 3 à 8 personnes, à partir de 14 ans, chaque partie peut durer de 30 à 120 minutes. Pour l'instant, «Before the War» n'est disponible que pour les infrastructures telles que les musées, les écoles, les bibliothèques ou encore les associations. «Nous avons édité 3.000 exemplaires. 2.000 d'entre eux sont en français, 500 en anglais et 500 autres en allemand. La distribution a seulement commencé au mois de novembre dernier. Néanmoins, le jeu est d'ores et déjà disponible dans pas mal d'écoles secondaires et dans d'autres structures. Dès l'année prochaine, on commencera ensuite la distribution dans les différentes maisons de jeunes avant, enfin, une distribution à un plus grand public», conclut Aurélie Stouse.
Un sentier historique complètement réaménagé
Comme expliqué ci-dessus, le jeu de société «Before The War» s'inscrit dans le contexte bien plus large du projet, lui aussi transfrontalier, de «Land Of Memory». Au total, ce sont en effet près de 10 millions d'euros, dont un peu plus de la moitié financée par l'Europe, qui ont été investis pour divers projets en lien avec le tourisme de mémoire dans la Grande Région.
Parmi les chevilles ouvrières du projet, on retrouve notamment le Parc naturel de la Haute Sûre ou encore l'Office Régional du Tourisme de l'Éislek. C'est ainsi que dans le cadre de «Land Of Memory», plusieurs lieux de mémoire ont été rénovés, dont le Schumannseck à Éislek, près de Pommerloch. Ce sentier est iconique à plus d'un titre. Il marque la percée de l'encerclement allemand de la ville de Bastogne par les troupes américaines lors de la Bataille des Ardennes. De nombreux combats y ont eu lieu entre les troupes américaines et allemandes.
Le sentier aménagé est composé de deux circuits pour une balade d'environ 2h ou moins. Au fil de la visite, vous pourrez notamment découvrir des vestiges de guerre encore visibles, dont les fameux foxholes, trous où les soldats se terraient. «Le parcours est enrichi de personnages silhouettes à taille humaine, extraits de photographies datant de l'époque de la bataille. Elles ont été majoritairement prises au Schumannseck ou dans les alentours proches», précise le site.
Ce n'est pas tout, le Luxembourg, tout comme les autres pays partenaires, ont également accueilli une exposition itinérante baptisée «Our Common Heritage» qui permet une rétrospective, de la période ayant précédé la Première Guerre mondiale jusqu'à la création de l'Europe. Après avoir sillonné toute la Grande Région, l'exposition a posé ses valises à Ettelbruck, sur la place Marie-Adélaïde, depuis le mois de novembre et y restera jusqu'au 15 janvier 2023. Celle-ci est ouverte de 8h à 19h. «Malgré la fin du projet «Land Of Memory», l'exposition trouvera une seconde vie puisqu'elle prendra ensuite la direction de Boulaide, toujours au Luxembourg donc», se réjouit Aurélie Stouse, cheffe de projet.
Les autres partenaires, qu'ils soient belges, français ou allemands, ont également profité de cette opportunité de partenariat transfrontalier. Par exemple, pour l'occasion, la citadelle souterraine de Verdun a été complètement rénovée. Des travaux ont également eu lieu dans le mémorial de Rossignol (Tintigny), où un véritable massacre avait eu lieu au début de la Première Guerre mondiale.
Du côté de Bastogne, épicentre de la Bataille des Ardennes, une application mobile de réalité augmentée a été conçue pour être utilisée dans le bois Jacques, théâtre de nombreux affrontements. L'application permet au visiteur de plonger dans la vie des parachutistes américains sur le champ de bataille grâce à un parcours de six vidéos immersives tournées à 360° et géolocalisées.