Accéder à Bruxelles sera bientôt plus difficile
Le viaduc Herrmann-Debroux, qui constitue pour les automobilistes la porte sud de la capitale, va être détruit pour faire place à la mobilité douce.
Il est question de créer en lieu et place du viaduc un espace public de qualité pour les riverains, ainsi que de nouvelles alternatives à la mobilité. © PHOTO: Pierre Matgé
De notre correspondant MAX HELLEFF (Bruxelles) - Si vous venez du sud en voiture, vous entrez le plus souvent dans Bruxelles en «montant» sur le viaduc Herrmann-Debroux. Depuis un demi-siècle, cette longue passerelle prolonge l'E411 et permet à l'automobiliste d'enjamber la commune d'Auderghem pour atteindre en un minimum de temps les quartiers de l'ULB. Quand les bouchons ne s'en mêlent pas…
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Le viaduc Herrmann-Debroux va être détruit. Le 28 avril dernier, le gouvernement régional bruxellois a validé définitivement sa transformation en un «boulevard urbain». L'objectif, selon le ministre-président Rudi Vervoort, est «d'en finir avec les autoroutes dans le cœur de notre région et de reconnecter des quartiers qui, bien que voisins, sont très peu en relation (…) Finis les viaducs, autoroutes urbaines qui fracturent nos quartiers et qui renvoient à cet imaginaire du tout à la voiture».
La réalisation du nouveau projet devrait prendre une dizaine d'années. Il est question de créer en lieu et place du viaduc un espace public de qualité pour les riverains, de nouvelles alternatives à la mobilité ou encore, un dépôt destiné à l'électrification de la flotte de bus.
Plus de bouchons en vue
Nombreux sont les Bruxellois qui accueillent favorablement la nouvelle. S'ils ont mis les écologistes à la tête de la région aux côtés des socialistes, c'est en partie pour retrouver l'air pur et la tranquillité que leur a volés la voiture. Depuis quelques années, les véhicules diesel les plus anciens sont bannis de la capitale. La période du covid a été mise à profit pour donner davantage de place à la mobilité douce. Les travaux d'aménagement urbains qui ont pris place sur le site de l'ancien viaduc Reyers – aujourd'hui détruit – ont bien avancé, etc.
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Mais l'avis des Wallons comme de tous les usagers étrangers en provenance du sud risque d'être très différent. La fin du viaduc Herrmann-Debroux signifie en effet un allongement conséquent des bouchons pour les navetteurs ainsi que pour l'incessante procession des camions. Cette situation est dénoncée au Parlement wallon qui pose la question: «Bruxelles est-elle encore la capitale de tous les Belges?»
Une fois encore, la Wallonie reproche à Bruxelles d'avoir brûlé les étapes et de ne pas avoir établi de concertation préalable. Rappelons ici que la Belgique est un pays fédéral et que sa capitale jouit d'une certaine autonomie en matière de mobilité et d'aménagement du territoire. Ce que ne manque pas de rappeler Philippe Henry, le ministre… wallon de la Mobilité. Ecologiste lui aussi, il faut le préciser. Henry rassure en affirmant qu'une concertation entre les régions est bien prévue. Mais pour son collègue de l'Économie, le libéral Willy Borsus, Bruxelles agit comme si elle ignorait les craintes wallonnes.
Bruxelles est-elle encore la capitale de tous les Belges?
Cette nouvelle fâcherie montre une fois encore les limites du fédéralisme à la belge. La capitale déplore depuis de longues années les nuisances que lui font subir les quatre cent mille navetteurs qui pénètrent les jours de travail sur son territoire, mais la Wallonie comme la Flandre s'en soucient peu. Or les navetteurs non seulement encombrent et polluent la ville, mais de surcroît ils n'y paient pas leurs impôts.
La plupart d'entre eux ne demanderaient pas mieux que de travailler plus près de chez eux, mais trop d'entreprises, de bureaux et d'administrations ont encore leur siège à Bruxelles. Car n'en déplaise aux régionalistes flamands et wallons, elle reste la plaque tournante du pays et sa vitrine à l'international.