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Après le CHR Metz-Thionville

Avalanche d'arrêts maladie dans les services d'urgences

Les soignants des urgences de l'hôpital de Pontoise ont massivement déposé des arrêts maladie ce lundi 9 janvier, après des mouvements similaires constatés dans les établissements de Thionville, Saint-Avold, Sarreguemines et Forbach.

À l'hôpital Bel Air de Thionville, 93% des soignants des urgences étaient en arrêt maladie au début du mois de janvier, entraînant la fermeture du service.

À l'hôpital Bel Air de Thionville, 93% des soignants des urgences étaient en arrêt maladie au début du mois de janvier, entraînant la fermeture du service. © PHOTO: AFP

Source AFP

(BaL avec AFP) - Les soignants du service d'urgences du CHR Metz-Thionville ont-ils engendré un mouvement national? Le 31 décembre, l'établissement de santé mosellan activait le plan blanc, après le dépôt d'arrêts maladie par 55 des 59 infirmiers et aide-soignants des urgences de l'hôpital Bel-Air, à Thionville. L'absence de 93% des effectifs a entraîné une fermeture des urgences.

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Vendredi 6 janvier, c'est à l'ensemble des établissements de santé du département de la Moselle que la préfecture et l'Agence régionale de santé ont demandé de déclencher le plan blanc. Évoquant la triple épidémie de grippe, bronchiolite et covid-19, mais aussi «un manque de personnel médical et soignant conduisant à une fermeture importante du nombre de lits dans le département», les autorités ont appelé à la mobilisation de l’ensemble des professionnels de santé.

Plus d'urgences la nuit à Saint-Avold

À Sarreguemines, les urgences ont entamé une grève illimitée le 22 décembre, à laquelle sont venus se rajouter une quarantaine d'arrêts maladie. Du côté de Forbach, les arrêts maladie sont également nombreux. À Saint-Avold, les soignants sont pour leur part en grève «symbolique», à l'appel de la CFDT, depuis le 28 décembre, tandis qu'un mouvement de grève «illimité» doit débuter à l'hôpital à partir de mercredi. Au total, 36 des 38 infirmiers et soignants du service des urgences sont en arrêt maladie pour «épuisement» en date du mardi 10 janvier.

De quoi pousser l'établissement, rattaché au groupe SOS, à fermer ce service la nuit. «Les urgences sont fermées à partir de 19h, par manque de personnel», explique Fazia Boukhelifa, secrétaire médicale et déléguée CFDT. Elle a fait état de «l'épuisement» de ses collègues et de l'«encombrement» du service de cet établissement privé à but non lucratif.

«Les soignants ont le sentiment d'être maltraités, et se sentent maltraitants à l'égard des patients. Rajoutez à cela des temps d'attente incroyables et des locaux prévus pour 40 passages par jour quand on en enregistre jusqu'à 110, c'est ce qui a mené à ces arrêts maladie. On a l'impression qu'aucune leçon n'a été tirée depuis la crise du covid», a-t-elle complété.

90% d'arrêts maladie à l'hôpital de Pontoise

Les soignants des urgences de l'hôpital de Pontoise, situé dans le Val-d'Oise, un département de la région parisienne, n'ont pas attendu mardi pour laisser entendre leur voix. La plupart des soignants des urgences de l'établissement ont déposé des arrêts maladie pour alerter sur la dégradation de leurs conditions de travail, ce lundi 9 janvier.

«L'administrateur de garde» a été prévenu de cette action tôt ce matin, a assuré à l'AFP un soignant participant au mouvement. Ce personnel demande des effectifs supplémentaires de jour comme de nuit et l'activation immédiate du «plan blanc» pour libérer des lits, alors que sévit la triple épidémie hivernale.

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«Régulièrement il y a des patients qui sont aux urgences en attendant d'être hospitalisés, puisqu'il n'y a pas de place dans l'hôpital. Donc ils sont sur des brancards aux urgences, dans le couloir», a témoigné à l'AFP un soignant qui refuse de donner son identité par crainte de représailles de son employeur.

Parfois, «il y a plus de vingt heures d'attente aux urgences pour déjà voir un médecin et que les infirmiers installent les patients dans une salle de consultation», a ajouté ce professionnel expérimenté. «On est à bout, les collègues en ont marre», a-t-il insisté.

«Ils sont tous dans un état psychologique déplorable» car ils doivent «venir bosser avec le risque de perdre un patient parce qu'on n'a pas quatre bras et que la direction reste sourde», a déploré Eric Boucharel, secrétaire départemental UNSA Santé sociaux public et privé du Val-d'Oise. C'est la première fois que la crise des urgences prend une telle ampleur en région parisienne, selon ce syndicaliste.

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