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Politique en Belgique

Bart De Wever donne l'assaut

Réformer la structure de l'État belge ou s'appauvrir: tel est le marché que le nationaliste flamand distille en vue des élections de 2024.

Pour Bart De Wever, il est crucial que l'électeur revienne vers la N-VA en 2024.

Pour Bart De Wever, il est crucial que l'électeur revienne vers la N-VA en 2024. © PHOTO: AFP

Max Helleff

De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles).

C'est en 2024 que se tiendra la «mère des élections», ce triple scrutin qui verra les Belges désigner leurs représentants aux niveaux européen, national et régional. L'échéance semble encore lointaine, mais certains n'hésitent pas à déjà déclencher les hostilités.

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Bart De Wever vient ainsi de réunir 4.000 à 5.000 membres de la N-VA nationaliste flamande au Nekkerhal à Malines pour leur dire que, sans le confédéralisme, la Flandre s'appauvrira inexorablement.

Le président de la N-VA n'a pas changé de cible. Après quatre ans d'opposition, l'ennemi reste la coalition Vivaldi du Premier ministre Alexander De Croo, addition improbable de sept partis allant de la gauche à la droite, mais qui tient bon en dépit des tensions. «Pas de réformes et un faux budget avec le plus gros déficit de toute l'UE. La Belgique ne peut même plus se tenir aux côtés des pays du sud de l'Europe. Après De Croo, le déluge», cogne De Wever. «Au niveau budgétaire, nous sommes la lanterne rouge de l'Europe, alors que nous avons la plus forte fiscalité sur le travail au monde. Ce sont des sots qui travaillent, et ces sots, ce sont les Flamands.»

Des divisions linguistiques

Pour Bart De Wever, il est crucial que l'électeur revienne vers la N-VA en 2024. La formation politique qu'il a transformée autrefois en machine de guerre est, selon lui, le «parti qui représente le seul modèle viable pour assurer la prospérité flamande». Il met au passage en garde contre les «extrêmes» car, dit-il, «c'est le chemin le plus court vers une Vivaldi 2 et la fin de la prospérité flamande».

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L'Anversois vise ainsi le Vlaams Belang et les communistes du PTB-PVDA. Le premier arrive régulièrement en tête des sondages, au coude-à-coude avec la N-VA. Les seconds sont moins puissants en Flandre, mais solidement ancrés côté francophone. Ils forment un parti unique là où les autres se sont divisés sur base linguistique.

Le Vlaams Belang sera au cœur de la prochaine campagne électorale. Les partis traditionnels craignent son énième montée en puissance, affirmée par les sondages. Le cordon sanitaire qui barre l'accès du pouvoir à l'extrême droite serait davantage fragilisé. Par le passé, certains membres de la N-VA n'ont pas caché leur souhait d'une alliance avec le Vlaams Belang. Enfin, maintenir dans l'opposition un parti aussi puissant dresserait un peu plus une partie de l'électorat contre le système démocratique.

En 2024, les Flamands auront le choix entre le confédéralisme ou la paupérisation.
Bart De Wever, président de la N-VA

Ces risques hantent le monde politico-médiatique belge. Ajoutée à l'abstentionnisme qui va croissant, la montée des extrêmes rogne la crédibilité des partis gouvernementaux. La politique au quotidien ne les sert pas: astreints à composer des coalitions contre nature pour résister au nationalisme flamand, ils font en permanence face à la paralysie. Résultat: les réformes dont a besoin le pays sont distillées au compte-gouttes.

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Mais rien de tout cela en Flandre, jure Bart De Wever qui loue les prouesses du gouvernement régional emmené par son parti. «Si la politique reste inchangée, la Flandre reviendra à l'équilibre budgétaire. La Flandre pourra ainsi se tenir aux côtés des Pays-Bas, de l'Allemagne et des pays scandinaves.»

Le patron de la N-VA le répète: «En 2024, les Flamands auront le choix entre le confédéralisme ou la paupérisation». Troquer le fédéralisme auquel la Belgique a adhéré en 1970 contre un confédéralisme qui donnerait davantage d'autonomie à la Flandre (sans rompre avec l'État belge) constitue le mantra de la N-VA depuis de longues années. Le message paraît toutefois éculé au moment où seul importe le pouvoir d'achat. D'où l'idée de Bart De Wever d'en faire un bouclier contre l'appauvrissement de sa région. Flanders first...

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