Ces petits partis qui ne veulent pas mourir
« Les Engagés » et « Défi » jouent leur avenir dans un paysage politique qui se fait changeant.
Toute la question est de savoir si cette métamorphose suffira à redonner vigueur à ce parti qui joue désormais en seconde division de la vie politique. © PHOTO: D.R.
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Après deux années de débats internes, les Engagés ont adopté à Liège leur manifeste «pour une société régénérée». Ce congrès national a été aussi l’occasion de se donner de nouveaux statuts votés à 98% des voix.
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Derrière le nom «Les Engagés» s’affiche en réalité l’ex-centre démocrate humaniste (cdH), lui-même ex-parti social-chrétien (PSC) qui fut autrefois l’une des colonnes vertébrales de la politique belge, lorsque l’opposition et/ou la collaboration des partis chrétiens, libéraux et socialistes dictaient la vie de la cité.
Aujourd’hui, les Engagés se définissent comme un «mouvement politique et citoyen» et parlent de «refondation». Leur président Maxime Prévot promet de poursuivre ce processus participatif au cours des prochaines années.
Une vigueur retrouvée?
Mais toute la question est de savoir si cette métamorphose suffira à redonner vigueur à ce parti qui joue désormais en seconde division de la vie politique, puisqu’il n’est au pouvoir ni au fédéral, ni au régional, ni au communautaire. Rien ne dit que le choix plus ou moins consenti de cette cure d’opposition s’avérerait payant s’il devait y avoir demain des élections anticipées. Un récent sondage donne toutefois le parti en progrès (9,5% des intentions de vote, soit + 1,5%), contrariant ceux qui espèrent en douce créer un nouveau centre politique à ses dépens.
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Toutefois, rebaptiser un parti n’y fait pas taire les tensions. Des ex-présidents «humanistes» étaient ainsi absents du congrès liégeois. Des mandataires estiment pour leur part être insuffisamment écoutés. Plusieurs points attisent le mécontentement chez les Engagés, dont le peu de place ou de considération laissés à la spiritualité et aux convictions religieuses. C’est ainsi qu’il a fallu le vote d'un amendement pour que le parti nouvelle mouture s’engage à maintenir les cours de morale et de religion dans l’enseignement primaire, alors que dans l’ébauche originelle de ses statuts, il les abandonnait au profit des seuls cours d’éducation philosophique. S’il garde son soutien à ces derniers, sa ligne consistera désormais à les prôner à partir de l’école secondaire.
«La diversité est une chance»
Le président Maxime Prévot fait le point: «Les croyants ont toujours leur place dans notre mouvement et les non-croyants seront accueillis avec la même chaleur». Les Engagés «resteront d’éminents défenseurs de la spiritualité et de la liberté de conscience. (…) La diversité est une chance, une valeur, un engagement.»
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Dans un autre registre, les libéraux-sociaux de Défi luttent pour leur survie. L’ex-FDF peine à remplir ses objectifs. Sa ligne est passablement floue, si l’on en croit certains de ses militants. Ceux-là déplorent une «plasticité» qui pourrait très bien être celle de l’ancien parti humaniste – devenu donc «Les Engagés». Défi est de surcroît divisé sur l’abattage rituel des animaux sans étourdissement préalable, toujours autorisé à Bruxelles.
Un parti très «bruxellois»
Il est vrai que la mise entre parenthèses du «communautaire» - les querelles entre Flamands et francophones – ne fait pas l’affaire de Défi. Historiquement, son ancêtre le FDF s’est battu pour arracher Bruxelles aux prétentions annexionnistes de la Flandre. Aujourd’hui, la capitale a sa région autonome, le principal danger à l’horizon étant un retour potentiel au fédéral de la N-VA nationaliste flamande de Bart De Wever.
Ajoutons que ce parti fortement marqué «bruxellois» a complètement raté son implantation en Wallonie. Un récent sondage le donne à 3,7 % d’intentions de vote, sous le seuil d'éligibilité des 5%. Et les moyens financiers manquent.