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Conner Rousseau, l’ami flamand de Paul Magnette

Le jeune président des socialistes flamands a fini par sortir de sa réserve. La gauche belge attend beaucoup de sa capacité à redresser son parti.

Conner Rousseau aura la lourde tâche de renflouer le navire socialiste flamand menacé de naufrage.

Conner Rousseau aura la lourde tâche de renflouer le navire socialiste flamand menacé de naufrage. © PHOTO: Twitter

De notre correspondant, Max HELLEFF (Bruxelles) - Avec ses 27 ans, sa gueule d’acteur et sa tenue décontractée, Conner Rousseau ne laisse personne indifférent. En novembre dernier, ce jeune homme originaire de Sint-Niklaas (Flandre orientale) s’est imposé à la tête du parti socialiste flamand – le SP.A – succédant ainsi à John Crombez.

Plus qu’un défi, un assaut de témérité. Car même s’il a été soutenu par une majorité de militants, Conner Rousseau aura la lourde tâche de renflouer le navire socialiste flamand menacé de naufrage. Né de la scission linguistique du Parti socialiste belge, le SP.A qui a participé à une douzaine de gouvernements depuis 1978 joue désormais les fonds de classement. Il ne compte plus que neuf sièges (sur 150) à la Chambre des représentants.

La «flamandisation» du parti, par le nom mais aussi par une série de thématiques, n’a pas réussi à arracher le SP.A à la dégringolade. S’il fut présent dans autant d’exécutifs fédéraux au cours des dernières décennies, c’est le plus souvent grâce à son homologue francophone, le Parti socialiste aujourd’hui présidé par Paul Magnette. En Belgique, la force des idées ne se mesure pas au seul poids des partis politiques: elle dépend également des «familles» que ceux-ci forment (ou non) des deux côtés de la frontière linguistique. C’est ainsi que si la N-VA de Bart De Wever est le premier parti au niveau national (25 sièges), les socialistes du sud et du nord restent la première famille politique (29 sièges).

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Cette arithmétique n’est pas éternelle. Les socialistes flamands ne peuvent continuer à perdre du terrain, au risque de disparaître. A fortiori si l’on sait que le Vlaams Belang (extrême droite) doit sa victoire du 26 mai dernier à la conquête des jeunes et des milieux ouvriers flamands, lesquels ont souvent choisi de tourner le dos à la social-démocratie. En perte lui aussi dans les urnes, le Parti socialiste francophone a tout intérêt à ce que son frère flamand reprenne des forces s’il veut encore peser demain dans la constitution des coalitions qui règnent au fédéral.

«Il y a des partis dont l’agenda est de supprimer ce pays»

C’est ainsi qu’après s’être astreint au silence médiatique pendant deux mois, Conner Rousseau vient de faire «sa part du job» en y allant d’une déclaration d’amour à la Belgique, alors que les discussions entre partis sur la formation du prochain gouvernement n’en finissent plus de patauger.

«On peut continuer à garder la même attitude que ces huit derniers mois et rien ne changera. C’est même de la folie d’espérer que quelque chose finira par se débloquer», estime le président du SP.A dans Le Soir. «Le nombre d’apolitiques, ceux que ça n’intéresse pas, et d’antipolitiques, ceux qui sont totalement contre, est en train de grandir énormément en Flandre.» Il prévient: «Il faut que vous compreniez que des nouvelles élections, cela signifie la fin de la Belgique. Soyons clairs: je suis belge et je suis pour la Belgique. Mais, je vous rappelle qu’il y a des partis dont l’agenda est de supprimer ce pays. Ce blocage est un magnifique cadeau pour eux.»

Cette sortie n’a rien d’un hasard. Il y a deux semaines, le leader de la N-VA Bart De Wever a fait un appel du pied aux socialistes en esquissant un agenda social: les petites pensions pourraient être revalorisées si le taux d’emploi est revu à la hausse. Des promesses en l’air? Peut-être. Mais des mots suffisamment forts pour suggérer à Conner Rousseau qu’il est peut-être temps de remettre son parti sur la voie du fédéral.

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