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Crise belge en mode majeur pour la «Vivaldi»

Le roi a refusé la démission des préformateurs et leur demande de rétablir la confiance entre les partis. Il leur laisse deux jours. En attendant, les chances que la Belgique ait un nouveau gouvernement pour le 1er octobre se sont fortement amenuisées.

Georges-Louis Bouchez, le président du Mouvement réformateur est pointé du doigt par les autres partis

Georges-Louis Bouchez, le président du Mouvement réformateur est pointé du doigt par les autres partis © PHOTO: AFP

Max Helleff

De notre correspondant, Max Hellef (Bruxelles) – Ce qui était annoncé samedi comme une victoire s'est transformé depuis en échec. Selon le calendrier des négociations, le roi Philippe aurait dû nommer lundi le formateur du prochain gouvernement fédéral, ce nouvel exécutif que la Belgique attend depuis les législatives du 26 mai 2019. Celui-ci aurait en quelque sorte parachevé le travail entrepris par les négociateurs précédents. Deux semaines de palabres encore, et il pourrait annoncer la formation d'une coalition «Vivaldi» forte de sept partis, à savoir les libéraux, les socialistes et les écologistes du nord et du sud du pays, flanqués des chrétiens-démocrates flamands. Le formateur serait alors devenu en toute logique Premier ministre.

Mais lundi en fin de matinée, le parti socialiste flamand (SP.A) de Conner Rousseau a refusé de continuer à négocier avec le Mouvement réformateur (libéral francophone), accusé de «ne pas souhaiter de solution» à la crise. Ce séisme est survenu au lendemain d’un week-end des plus houleux.

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Un homme est pointé du doigt par les autres partis: Georges-Louis Bouchez, le président du Mouvement réformateur. Ses partenaires de négociation ont peu apprécié son interview parue dans l'hebdomadaire Humo. Interview dans laquelle Bouchez assure que la libérale et actuelle Première ministre Sophie Wilmès se succédera à elle-même, alors que les tractations autour du poste de chef de gouvernement vont précisément bon train. Interview où il fait passer son homologue socialiste Paul Magnette pour une girouette. Cette sortie dans la presse a pourri le climat.

Mais ce n'est pas tout: l'hyperkinétique Georges-Louis Bouchez remettrait systématiquement en cause les préaccords conclus entre les chefs de cabinet dans des matières aussi diverses que la fiscalité, la migration, l’énergie, l’institutionnel. «Il dit que ce sont des décisions politiques, donc que c'est à lui de trancher, pas aux sherpas. C’est une manière de dire non, de saboter les discussions», commente un observateur dans Le Soir. Faute de posséder suffisamment le néerlandais, Bouchez se prendrait de surcroît les pieds dans le tapis lorsque les discussions deviennent trop techniques.

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Dimanche soir, la Première ministre Wilmès a été appelée à la rescousse, le temps semble-t-il d'avoir une «discussion franche» avec son président de parti Georges-Louis Bouchez. Il y a eu des éclats de voix. Pendant ce temps, les autres négociateurs désespéraient de trouver un accord global.

Les négociations entre les sept partis de la «Vilvaldi» n'ont repris que lundi matin lors d’une réunion d’urgence, soit quelques heures avant le rendez-vous initialement prévu entre le roi et les préformateurs Rousseau et Lachaert. En fin d'après-midi, la rencontre a enfin eu lieu, manifestement pour acter un constat d'échec. Mais le roi a refusé la démission des deux hommes, estimant que le travail doit être poursuivi et la confiance rétablie entre les partis. Il leur laisse deux jours.

La Première ministre Sophie Wilmès a eu une «discussion franche» avec son président de parti Georges-Louis Bouchez.

La Première ministre Sophie Wilmès a eu une «discussion franche» avec son président de parti Georges-Louis Bouchez. © PHOTO: AFP

Les supputations vont bon train. L'exclusion éventuelle du Mouvement réformateur pourrait ramener la N-VA de Bart De Wever à la table de négociations afin de trouver une majorité à la Chambre. A moins que les humanistes francophones du CDH (ex-Parti social-chrétien) ne s'y collent, au grand dam de la Flandre.

Les chances que la Belgique ait un nouveau gouvernement pour le 1er octobre se sont fortement amenuisées, lundi. Si le scénario pessimiste est confirmé, la Première ministre Sophie Wilmès sera obligée de demander la confiance à la Chambre ou d'offrir sa démission. Dans les deux cas, de nouvelles élections seront inévitables.

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